mercredi 16 décembre 2020

Turning Round On The Turntable : Dennis Cometti, Deedee And The Abracadabras, Stiff Richards, the Stroppies, Frankie Traandruppet



Last batch of the year with three Aussie combos (Yeap ! Again ! Who can deny they currently get the pot ?), a French band and a Belgium one. Hope you enjoy your 2020 year, no doubt 2021 will be another shitty one ! Hopefully, a few important things still remain : family, friends, derision and self-mocking, beers and our so beloved music : punk and rock’n’roll will indeed keep on going to give us the perfect soundtrack till the end (ours or whichever one). Well, see you soon and Happy New Year anyway !

Vous avez aimé 2020 et sa crise sanitaire ? Et bien, aucune raison que 2021 ne soit aussi merdique! Alors, on se raccroche, comme on peut, à tous ces petits instants de bonheur que la vie veut bien nous apporter : la famille, les copains, l'humour et l'auto-dérision, la bière, et cet amour immodéré pour notre musique, le punk et le rock'n'roll, qui fournira la bande-son idéale jusqu’à la fin - la notre, ou peu importe laquelle. Dernières chroniques de l’année, donc, avec trois groupes australiens (oui, oui, l’Australie continue à rafler la mise...), un français et un belge. Bonne écoute, et bonne année quand même !


DENNIS COMETTI - S/T Lp - BARGAIN BIN REC. - 2020 x


The band is a punk trio (drums/bass/guitar) from Perth and the location matters a lot : they look like some Aussie West Coast slackers, love their suburb and its local pubs, speak a Western Australian slang, seem pretty confident and proud of their offset leave-us-alone attitude and are huge supporters of their domestic footy club - Australian Rules Football seems to be the sport thing around there, and even the name of the band refers to a regional player/sport-caster of this game. 
In a few more words, they gladly promote their local particularisms and give a huge fuck to the Aussie federal state (National Rugby League, federal Tax System, politicians who still deny the results of a previous referendum for WA-xit, and on a funnier caustic way, the standardization of the Aussie beer glasses’ capacity – beware bartenders, they are the Pint Police !). For sure, a worldwide, endless debate about global uniformisation, and the peoples’ rights to self-determination versus the indivisibility of the nations (Anglo-Saxon federalism, French Jacobism…). Which way to go ?, used to say a legendary Aussie band... Not beyond the point where any kind of nationalism start, as far as I'm concerned.

The music ? As soon as the very first chords, played on a Chuck Berry wild style by a mesmerizing blue Phantom guitar, are launched on the killer punk song WA-xit - add to this a street-punk sounding bass, a warm nervous voice and some adequate choirs -, a dumb smile immediately prints the face and the head can’t help wagging up and down. Is that a Pavlovian reflex ? The same instinctive behavior applies further on with Spoked, (I 8 the) CBD and Bali Belly. Dennis Cometti got the thing for sure !
The five other songs (Sunnie Tan, Deadshit, Pint Police, No Stress and SK8) have perhaps a more conventional punk sound, but they still stand as awesome tunes which could be put alongside with the Spits (that SK8’s cover !), the Rip-Offs’ family or the Chats’ one. By the way, the famous Sunshine Coast’s band released this 9-songs Lp on its label Bargain Bin Records x. The lyrics are included and the vinyl beautifully wears their footy club’s blue & white colors !
Jump on that !

Dennis Cometti, c’est un combo de la périphérie de Perth. Le lieu a son importance. Les trois membres du groupe ont le profil typique de ces p 'tits durs prolo-nihilistes de la côte ouest de l’Australie, sûrs d’eux, qui n’aiment pas recevoir d’ordres, surtout de la part de bobos moralisateurs, et plutôt fiers de leur mode de vie décalé, de leur banlieue, de son argot et de ses bars. Pour apporter la touche finale au tableau, ce sont aussi de grands supporters de l’équipe locale de footy - le football australien semble être LE sport dans ce coin - et d’ailleurs, le nom du groupe fait référence à un ancien commentateur sportif de ce jeu à Perth : Dennis Cometti.
Cette défense de leurs particularismes locaux s’accompagne d’une critique véhémente du fédéralisme australien - la Ligue Nationale de Rugby, le système fiscal fédéral, la négation des résultats d’un référendum d’auto-détermination par le gouvernement central (d’où leur cri du coeur avec leur fameux WA-xit), ou encore, sur une note plus humoristique, la standardisation du système métrique australien - message aux barmans de leur banlieue, ils se revendiquent de la Pint Police, et ils sont particulièrement vigilants au bon dosage de leurs bières ! 
On retrouve donc, avec Dennis Cometti, un parti pris dans ce débat universel, sans fin et vieux comme le monde : où mettre le curseur entre le principe d'indivisibilité des nations (fédéralisme anglo-saxon, jocobinisme français...), et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ? La réponse restera à jamais insoluble. Mais une chose est sûre, en ce qui nous concerne : pas au delà d'où commence le nationalisme, quel qu'il soit...

Mais si l'on parlait plutôt de musique, non ? 
Dès que les premiers accords, lancés par le guitariste/chanteur sur une magnifique Phantom Blue Vox, dans le plus pur des styles Chuck Berry-ien, retentissent sur le génial WA-xit, un réflexe pavlovien bien connu refait surface immédiatement : la tête ne peut s'empêcher de balancer frénétiquement de bas en haut et un sourire niais et béat s'affiche. Le même genre d'instinct primaire apparaît un peu plus loin sur les titres Spoked(I 8 the) CBD et Bali Belly. Si l'on ajoute à cela une rythmique lorgnant vers le street-punk, la voix chaude du chanteur et les choeurs bien placés, le constat est bien là : le trio Dennis Cometti maîtrise son affaire !
Les cinq autres morceaux (Sunnie TanDeadshitPint PoliceNo Stress et SK8), malgré un son punk peut-être plus convenu, n'en demeurent pas moins plus que recommandables, et font penser à des groupes comme les Spits, dont ils reprennent d'ailleurs le fameux SK8, les groupes de l'écurie Rip-Off Records ou les Chats. Pas étonnant, alors, de retrouver les neuf titres de ce Lp sur Bargain Bin Records, le label des gars de Sunshine Coast. 
Les paroles, politisées mais non dénuées d'humour, on l'a vu, sont incluses, et on admirera la chouette pochette aux couleurs de leur club local de football australien. Allez, on se fait plaisir et on saute là-dessus !


DEEDEE AND THE ABRACADABRAS - S/T Maxi-Ep - LE CEPE REC./KIDS ARE LO-FI REC./BLUE END REC. - 2020 x


Wanna add the Froggy grandson’s card to the 1.2.3.4-punk family ? Good pick with the Parisian crew DeeDee And The Abracadabras ! The references to their renowned ancestors are pretty clear, but they also manage to take us back with delight into the garage-punk sound of the glorious noughties (Jay Reatard, the Carbonas, the Kidnappers, the Manikins…) : super-efficient melodies with touches of KbD punk, 100 beats per minute fast tempo, sharp guitar riffs, nervous bass, Alan Kan-like vocals coming straight from the guts, powerful choirs, good wankers’ looks and pretty decadent attitudes, dark lyrics, a gloomy album’s cover, and last but not least, a disturbing theatrical side (jerky robotic boogie of the side-dancer in crow’s clothing, recurring cries of the bad-omen bird...)
Three emerging labels released this 9-songs Lp a few months ago: Le Cèpe Records x (check their recent releases Cloud Factory and Foggy Tapes - parts of the thrilling new generation of Toulousan punkers -, Double Cheese, We Hate You Please Die, Los Scallywaggs…), Blue End Records x (Caribou Batard) and Kids Are Lo-Fi Records x (Johnnie Carwash !). Who said that French punk rock was moribund ?

Dans la famille du punk 1.2.3.4., je voudrais le fils ! Bonne pioche ! 
Avec la clique parisienne des DeeDee And the Abracadabras, les références à nos bons vieux Ramones sont multiples (nom du groupe, clins d'oeil à certaines morceaux, genre musical, etc...). Mais ils établissent également un lien fort avec le son du garage-punk des années 2000 (Jay Reatard, les Carbonas, les Kidnappers, les  Manikins…) : mélodies efficaces, avec quelques touches de punk KbD, tempo rapide, riffs de guitare tranchants, lignes de basse nerveuses, voix à la Alan Kan qui sort des tripes, choeurs puissants... On notera aussi leur look de branleurs décadents, la noirceur des paroles et de la pochette de l'album, et cerise sur le gâteau, la théâtralisation de leurs shows (un danseur, déguisé en corbeau, et imitant les cris stridents de l'oiseau de malheur, semble les accompagner dans une transe très hypnotique).
Trois labels français émergents ont produit les neuf titres de ce Lp : Le Cèpe Records (dont on écoutera avec intérêt les dernières sorties : Cloud Factory et Foggy Tapes -deux groupes de la nouvelle génération de rockeurs toulousains - mais aussi Double CheeseWe Hate You Please DieLos Scallywaggs…), Blue End Records (Caribou Batard) et Kids Are Lo-Fi Records (Johnnie Carwash!). Qui a dit que le punk rock français était moribond ? 


STIFF RICHARDS - State Of Mind Lp - LEGLESS REC. - 2020 x


Guess what ? Melbourne is back again around here ! Stiff Richards, the 5-pieces’ band from that rock’n’roll town has a damned good recipe to shake the daily sticky gloom : a ladle of greasy Australian punk in the rhythmic section, another dipper of Scandinavian death punk in the guitars, a large spoon of Washinghton DC HxC in the aggressive approach and screaming vocals, and some more welcome flavored toppings of Aussie post-punk on the fav’ ones (Point Of You, State Of mind, Going Numb). Stiff Richards is somewhere a tasty medley of the Onyas, Turbonegro, the Hellacopters, Minor Threat and Eddy Current Suppression Ring… The gigs must be violently crazy and the pits sweaty ! 
This 9-songs third album was self-released on Legless Records x, the Melbourne uprising label with guaranteed tastes, federating a wild bunch of fast-tempo punk bands (Tony Dork, Gee Tee, Cutters, COFFIN, Satanic Togas…) and some pretty annoyed guys, all ready to give a perfect leave-us-alone lesson to the whole shitty Tought Polices of the world ! 

Devinez quoi ? On va encore parler de la scène punk australienne ! Pourquoi se gêner, vue qu'on ne s'en lasse pas ?
Cette fois, il s'agit des Stiff Richards, un groupe de Melbourne qui nous fournit la recette idéale pour affronter le morosité ambiante : une grosse louche de punk graisseux australien pour la section rythmique, une autre de death-punk scandinave dans les guitares, une bonne cuillerée de hardcore made in Washington DC dans l'approche agressive et le chant hurlé, le tout nappé d'une onctueuse couche de post-punk australien sur leurs meilleurs morceaux (Point Of YouState Of mindGoing Numb). Ouais ! Stiff Richards, ça a à la fois le goût des Onyas, de Turbonegro, des Hellacopters, de Minor Threat et d'Eddy Current Suppression Ring.
Ce troisième album 9-titres a été auto-produit par Legless Record. Le label de Melbourne, devenu en très peu de temps un incontournable du punk australien, enchaîne depuis deux ans les sorties vinyliques de groupes tubesques (Tony DorkGee TeeCuttersCOFFINSatanic Togas, les compilations GTRRC…), tout en organisant un paquet de concerts remuants, et fédère une jolie clique de gars bien énervés, que l'on s'avisera de ne pas trop titiller, et tous prêts à donner la plus belle des leçons à toutes les polices de la pensée (Tought Polices!) de la planète.


THE STROPPIES - Look Alive Maxi-Ep + Hangin’ Round Sp - TOUGH LOVE RECORDS - 2020 x


Melbourne once again with the Stroppies’ Maxi-Ep, but this time with a rather more confidential atmosphere : Velvetian galloping pop, touches of psychedelia, quick immersions in the British post-punk sound, slow pop love stories… Controlled tempo and laid down bass, clear sound on the folk guitar, adequate lead guitar solo, 70’s synthesizer or haunting piano parts, female and male melodious vocals’ changeovers, intense choirs… Pretty metaphoric and poetic lyrics (included), a global melancholy at every stages, but also some openings to hope and light, and a few additional depiction of emotion-free situations, arty front-cover... Look Alive, released on the London Label Tough Love Records x this summer, is a very accomplished and multi-faced mini-album !
Ornamental Tone, laying on the third Anti Fade Records’ compilation (The New Center Of The Universe), tickled our ears in 2018, and, as one of the Stroppies’ singers was part of Program, which killer Show Me Lp (Anti Fade Records again) was reviewed around here earlier this year, it was pretty difficult not like this one. Try also to get their heady cover of Lou Reed’s Hangin’ Round, standing on the «collector» side-single, a jumpy proto-punk little masterpiece full of a Shifters-like nonchalance. 
The Stroppies ? A new astonishing band to add to the Melbourne’s endless nebula !

On reste à Melbourne, mais cette fois, on s'immerge dans une atmosphère beaucoup plus confidentielle : le nouveau Maxi-Ep des StroppiesLook Alive !,nous offre en effet tout un panel de sonorités pop galopantes et Velvet-iennes, agrémentées de quelques touches de psychédélisme, de post-punk anglo-saxon et de pop bricolée maison. Le tempo est parfaitement contrôlé, la basse très posée et le son de la guitare folk clair, les solos de guitare et de piano sont envoûtants, le synthé nous plonge dans le son de années 70's, et on s'imprègne avec plaisir des chant mélodieux, et mixtes, du chanteur et de la chanteuse. 
On portera aussi une attention toute particulière aux paroles, poétiques et joliment métaphoriques, bourrées de mélancolie, d'histoires d'amour et de réflexions sur le temps qui passe, mais qui s'ouvrent aussi parfois sur quelques notes d'espoir, ou à l'opposé, sur des descriptions on ne peut plus placides et froides. Ce mini-album, sorti cet été par les londoniens de Tough Love Records, est un disque accompli et aux multiples facettes. 
Le titre Ornamental Tone, qu'on avait pu écouter sur le troisième volet des compilations d'Anti Fade Records (The New Center Of The Universe), nous avait déjà titillé les oreilles en 2018. Le chanteur des Stroppies fait également partie du groupe Program, dont on a chroniqué le génial Lp Show Me un peu plus tôt cette année. On ne pouvait qu'aimer celui-ci. En passant, on écoutera leur reprise du morceau de Lou Reed Hangin’ Round, gravé sur le single «collector» offert avec l'album. Ce titre entêtant est une petite merveille de proto-punk sautillant, bourrée de nonchalance à la Shifters.
Les Stroppies ? Encore un groupe épatant à ajouter à la nébuleuse du rock de melbournois.


FRANKIE TRAANDRUPPET - Life Inside A Rocket Ep - RONNY REX RECORDS - 2019 x


Fed up with the always-clean sounding current psyche wave ? Frankie Traandruppet is the solution ! This guy is a highly productive genius ! He comes from Diest, Belgium, launched this solo side-project of Ero Guro (by the way, the first Lp of this powered-up synth-punk band should be in the air this month), a plan that finally grew up into a real band and they released four Eps in a very few months on the Belgium garage/punk labels Ronnie Rex Records x and Belly Button RecordsLife Inside A Rocket was his 4-songs debut one.
The Darkness (Comes To Town) is a pure jewel of dark psyche and lo-fi acid rock, with a damned good dirty sound, that seems to come straight from a late-60’s basement. Such awesome wild parts on the drums, guitar and bass ! And that keyboards’ final surge ! The song looks like a Chocolate Watchband’s ballad from a lost demo tape, with a Ray Davies (the Kinks) who'd be getting high, on vocals. A pure jewel !
Same kind of atmosphere with Everyday’s The Same, while the two other songs, Life Inside A Rocket and Hooray For the Frown, are much closer to some jumpy blues-punk tunes, in a Harlan T Bobo or Nathan Roche’s way.
A low-fi sound, a low budget recording and a cheap cover’s sleeve, for a brilliant Ep. Wow !

Fatigués de toujours entendre le même son propret chez tous les groupes actuels qui s'essaient au rock psyche ? Et bien, vous ne le saviez sans doute pas, mais Frankie Traandruppet est la solution ! 
Ce type est un génie, et qui plus est, très productif ! Il nous vient de Dienst, en Belgique, et a récemment lancé ce projet solo, parallèlement à son autre groupe Ero Guro (du synth-punk sur-vitaminé, dont la sortie du premier album est d'ailleurs attendue ce mois-ci). Le plan solo s'est petit à petit transformé en un vrai groupe, qui a sorti en l'espace de quelques mois quatre Eps sur les labels garage/punk belges Ronnie Rex Records et Belly Button Records. Ce Ep 4-titres, Life Inside A Rocket, étant le premier.
The Darkness (Comes To Town) est une petite pépite de dark-psyche et d'acid-rock lo-fi, avec un son tellement cradingue qu'on pourrait croire qu'il a été enregistré dans une cave à la fin des années 60. Et quelle envolée finale au synthé ! Pour se faire une idée, le morceau pourrait ressembler à une ballade tirée d'une démo perdue du Chocolate Watchband, avec au chant, un Ray Davis (des Kinks!) totalement défoncé. On adore ! 
Même genre d'ambiance avec Everyday’s The Same, tandis que les deux autres titres, Life Inside A Rocket et Hooray For the Frow, tirent plutôt vers un blues/punk à la Harlan T Bobo ou Nathan Roche.
Un son lo-fi, un enregistrement maison et une pochette très DIY, pour un Ep brillant ! Que demander de plus ? Bravo !





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