P. & the Weirdos Times isn't a new kick-ass garage-punk band ! It's just a little personnal story dealing with some pretty symptomatic events of the weird time that we are all going through.
My friendship with P. started twelve years ago. Our daughters were both babysat by the same nanny, and the strong relationship developed between the two girls had pushed us to get closer. Our common interest for the genre cinema and the American, realistico-depressive comics (Burns, Clowes, Ware...) used to feed our main discussions. Then, politics mingled.
P. was a faithful reader of the altermondialist French newspaper Le Monde Diplomatique. He used to mindset social relations through the prism of the working-class struggle, and believed that the people, with a proper political organization, could change the world. I had ever felt unconfortable with all the rallying High Masses movements, the Great Social Projects aiming at the Edification of the People, and the consequent splashy speeches with had ever led to some un-enchanting paradises. For me, the individuals were what mattered the most, and the best way to keep one's freedom was through self-awareness, interdependence and sometimes solidarity. Our verbal exchanges remained friendly, but vivid.
The switch in our relationship occured during the French presidential election in 2017. The leftist political program of La France Insoumise was for P. the unique solution and there was nothing else worth discussing.
The defeat of the French Lider Maximo seemed to have fed his disappointement. He cut off any political dialogue with me, fell down into some radical actions and took part to all the dissenting movements of the quinquennium (Yellow Jackets' riots, pro-Raoult's positioning, anti-vaccination protests...). For him, France had become a tyranny.
Our debates became rare by then.
The last time we tried to discuss, his words seemed to me rather schizophrenic and jumbled. In just a few minutes, P. claimed to be an anti-parliamentarist, mentioned the systemic paedophilia of the political class, yelled after the sanitary dictatorship and the generalized state control, approved Trump's coup after his stolen election - the former American president had become his new herald - blamed Soros' influence and showed a morbid fascination for Putin in his fight against the American imperialism. During a burst of lucidity, P. confessed that he was now deeply into conspiracy.
The final breakage happened a few months later during a little party our daughters had planned at home.
The vaccination campaign was on the top of the news. When he discovered that our own daughter had just had her first injection the day before, he quickly took back his, and blamed us for being responsible for the spreading of Spike proteins. We were a threat for his daughter. We can easily feature the malaise and the psycho-drama that occurred that night : the girls tearing up and perfectly knowing that their story was over, the furious, paranoid speech of P., our flabbergasted reaction... and the deep sadness to watch him sink that way.
Weirdos times... Thus, we had finally reached the point where we had to face a continuous series of crises, the new one chasing away the previous one, and we had no choice but to watch helplessly a succession of tragic flows which were each time dampening our remaining hopes, eroding our collective happiness and fragmenting ever more our societies.
How then to steer one's own little bark - moreover when it was weighted with a familial duty - when we were all taken down in the tempest ? I thought it was essential to avoid sinking on those sinister cliffs on the far-right, an authentic Scylla of hate and bitterness. To prevent one’s own ship from perishing on those large reefs on the far-left, where so many friends had prefered to ground, after having followed the sirens call for some dead-end mad promises. And to stay as far as possible away from the Charybde, an extremely centered vortex that couldn’t help vacuuming crowds of frightened or desperate people.
The Odysseian metaphor might seem a bit shady, but the whole idea was there. Which options were remaining then ? Perhaps to follow one’s own path, to try to drag on the events, to let us take along by the tide of absurdity and find a few comforts in the last backwashes of some sub-cultures - la décadence, c'est la bonne ambiance* ?- but without forgetting that some days, we were all going to be trapped by the Great Washer of History.
Pretty scary indeed... So, let's move now to some more positive topics. Coming next : the 2022 edition of the Rock à la Buse and a few pints of beer (On veut de la bière !*). Keep on rockin' !
* La Crise- Les Civils
Moody Notes : P. & la Drôle d'Époque !
P. & la Drôle d'Époque aurait bien pu être le dernier groupe de garage-punk en vogue. Et bien, non ! C'est juste une histoire un peu personnelle, qui reflète de manière assez symptomatique la période mouvementée que nous traversons.
Nous nous étions rencontrés une dizaine d'années plus tôt, à l'époque où nos filles fréquentaient la même assistante maternelle, et les solides liens d'amitié qu'elles avaient tissés entre elles nous avaient poussés à nous rapprocher.
Notre intérêt commun pour le cinéma de genre et le renouveau de la bande dessinée réalistico-dépressive américaine (Burns, Clowes, Ware...) alimentait régulièrement nos conversations. Puis la politique s'en mêla.
P. était issu de la mouvance alter-mondialiste du Monde Diplomatique. J'avais toujours eu une méfiance prononcée pour les projets sociétaux d'édification des masses, les grandes messes rassembleuses, et les discours racoleurs prometteurs de lendemains dés-enchantés. Je me situais davantage sur une forme d'individualisme, libertaire tendance Canard Enchaîné, averti et vaguement solidaire. Nos échanges, bien que courtois, devinrent de plus en plus vifs.
Ce fut au moment des élections présidentielles de 2017 que P. commença réellement à se fermer à tout dialogue politique. Le programme de La France Insoumise était pour lui l'unique option, et il n'y avait plus à en discuter. Point barre. Je pense que sa déception après la défaite du Lider Maximo français alimenta par la suite son radicalisme et son implication dans tous les mouvements contestataires du quinquennat (émeutes des gilets jaunes, positionnement pro-Raoult, manifestations anti-masques et anti-vax...). La France était devenue pour lui une horrible dictature.
Nos rencontres se firent de plus en plus rares, et la dernière fois où nous tentâmes quelques discussions, ses propos me parurent pour le moins schizophréniques et décousus. Ils mélangeaient pêle-mêle anti-parlementarisme revendiqué, pédophilie systémique de la classe politique, contrôle étatique généralisé, dictature sanitaire, influence de Soros, élection truquée de Trump - son nouveau héraut - et fascination pour Poutine dans sa lutte contre l'impérialisme américain... Dans un accès de lucidité, P. m'avoua qu'il versait désormais complètement dans le complotisme.
La rupture fut définitivement prononcée quelques mois plus tard, à l'occasion d'une soirée organisée à notre domicile entre nos filles respectives.
Nous étions en pleine campagne de vaccination, notre fille avait reçu sa première injection la veille. Il l'apprit par sa femme, avec qui nous venions de discuter, et il débarqua en trombe peu de temps après pour récupérer sa fille, nous traitant à mots à peine voilés d'être des irresponsables et des assassins émetteurs de protéines Spike. On imaginera aisément le malaise et le psycho-drame qui se produisit ce soir-là : les filles en pleurs, sa fureur, son discours paranoïaque, notre sidération... Et surtout, notre tristesse de le voir ainsi sombrer.
Drôle d'époque... On en était désormais là, une crise chassait l'autre, et nous n'avions d'autres choix que d'assister impuissants à une successions de vagues tragiques qui ne manquaient pas à chaque fois de doucher nos derniers espoirs, d'éroder toujours plus notre bonheur collectif et de fragmenter davantage encore nos sociétés.
Comment alors manoeuvrer sa petite barque - qui plus est lestée d'une responsabilité familiale - lorsqu'on se retrouve plongé au cœur de la tourmente ? Il me semblait primordial d'éviter le naufrage sur ces menaçantes falaises, là-bas à droite, véritables Scylla de la haine et de l'aigreur. Ne pas s'abîmer non plus sur ces larges écueils, à gauche, vers lesquels tant d'amis avaient préféré s'échouer, cédant aux sirènes d'un fol espoir sans issue, tout en se tenant à bonne distance de Charybde, ce vortex qui n'en finissait plus d'aspirer en son extrême centre toute une foule de gens désillusionnés et apeurés.
La métaphore Odysséenne pouvait paraître un brin douteuse, mais l'idée était bien là. Quelle autre option nous restait-il alors, si ce n'était que de tracer notre propre voie, de glisser au maximum sur les événements, pour mieux se laisser emporter par le courant de l'absurdité, et de trouver encore quelques réconforts en profitant des derniers ressacs qu’offraient les contre-cultures - la décadence, c'est la bonne ambiance* ?- tout en sachant pertinemment qu'allait arriver un moment où, de toute façon, nous serions tous plongés dans la grande lessiveuse de l'Histoire.
Crise d'angoisse... Une bonne cure de rock et de bières (On veut de la bière ! *) pour calmer tout ça... On se penchera bientôt sur l'édition 2022 du festival du Rock à la Buse.
* La Crise - Les Civils
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