Allez Les Filles! was a series initially published in Bongou - cultural webzine from La Réunion - during the Austral winter 2023.
Allez Les Filles! est une série initialement publiée dans les colonnes du webzine culturel réunionnais Bongou au cours de l'hiver austral 2023.
Allez Les Filles! Part II.1 : Putan Club : x (Bongou - 08/07/2023).
Putan Club was both a duo on stage and a couple in life. Gianna Greco, was born Sicilian and met her Franco-Italian boyfriend, François-Régis Cambuza, in Rome. But it was clear that those questions of nationalities and origins weren’t that important for them, and that they were happily glossing over all that. They were rather more the kind of people to claim to be citizens of the world, supporters of the Great International, or contemporary nomads. Their situationist rocker attitude, the various projects they'd been involved in over the years and their itinerancy around the world seemed to be a proof of this.
My friend Cristian Occhio had warned me that their show was pure dynamite. A few days earlier, he had indeed attended their first performance in La Reunion at la Cerise (by the way, it was one of the last gigs ever organized in the now legendary place of Saint Paul - the bar tender, Isabelle, having decided to hang up after more than 10 years of fair duty). And he was right. Putan Club’s concert was dynamite ! At the StudioTic in Saint Denis, the strength of their performance, the violence of their political message and the violence of their music managed to blow me away.
Putan Club, c'était à la fois un duo sur scène et un couple à la ville. Elle, Gianna Greco, était originaire de Sicile. Lui, François-Régis Cambuzat, franco-italien, avait longtemps vécu à Rome. Mais on sentait bien que toutes ces histoires de nationalités et d'origines n'avaient finalement que peu d'importance. Qu'ils glissaient allègrement sur tout cela. Eux, ils étaient plutôt du genre à se revendiquer ressortissants du monde, citoyens de la Grande Internationale, et nomades des temps modernes. Leur attitude de rockeurs situationnistes, les divers projets qu'ils avaient portés au fil des années et leur itinérance à travers le monde semblaient vouloir en témoigner.
''C'est de la dynamite !'', m'avait prévenu l'ami Mr Occhio. Il avait assisté, quelques jours plus tôt, à la première représentation réunionnaise du duo à la Cerise, lors d'une des dernières soirées organisées par le désormais mythique bar de Saint Paul - la patronne, Isabelle, ayant décidé de raccrocher après plus de 10 années d'activité. Il avait raison. Leur concert, c'était bien de la dynamite. Au StudioTic de Saint Denis, la force de leur représentation et la violence de leur propos et de leur musique m'avait singulièrement bluffé.
The full strengh of their show
Their staging was indeed imposing and performed on a ‘lightning raid’ mode. The appearance of the two magnificent crows, standing up face-to-face in the audience and nailing the whole crowd, was astonishing. The bassist, in her sexy gothic dress, looked like an untouchable, haughty vampire. She immediately caught my eyes which had ventured, more or less unconsciously, around the recesses of her plunging neckline, and without any compromises, ordered me to stand beside her for the whole duration of the set. I wasn’t that proud, so I complied without flinching, just like the offending child punished and placed next to the desk of his sexy schoolteacher. My animal gazing had nothing to be compared with another one, much more elevated and admiring : the one of the guitarist, who never took his gaze off his girlfriend’s eyes.
La mise en scène était du genre implacable. En mode opération coup-de-poing... L'apparition des deux corbeaux magnifiques, s'installant face-à-face dans le public et 'nassant' tout l'auditoire était surprenante. L'allure altière de la bassiste, intouchable vampire dans une robe gothique des plus sexy en imposait. Elle avait d'ailleurs immédiatement capté mon regard, qui s'était, plus ou moins inconsciemment, aventuré vers les recoins de son décolleté, et intraitable, dégourdie et l'air malicieux, elle m'avait intimé l'ordre de me placer à ses côtés pour la durée du concert. Pas très fier, j'avais obtempéré sans broncher, tel le gamin fautif puni et placé à côté du bureau de sa maîtresse d'école. À comparer à un autre niveau de regard - largement plus relevé et admiratif, celui-là - celui du guitariste, qui ne décrocha à aucun moment ses yeux de ceux de sa comparse.
Political violence
Their political violence, at least in their lyrics... Putan Club had openly declared itself to be a revolutionary feminist band, and the radical lyrics of the song Filles de Mai were setting down the atmosphere (‘‘Along the lakeside, the girls shot down the rednecks and the dicky guys, and stabbed the slobs, the rapist husbands and the voyeurs…’’). Gossh ! On that very last point, I had narrowly escaped emasculation...
Another anecdote proved the tension around the straight, feminist attitude of the duo. A fellow member in the audience - also a white alpha-male in his late forties - paid the price of his resentful mood. He bitterly belched out how fed up he was with wokism, and how uptight he was about the radicalism of today's feminism. The bassist didn't let this go through and violently reminded him of all the contemporary struggles of the Iranian and Tunisian women, while the singer-guitarist calmly delivered the coup-de-grâce with the evocation of the recent anti-abortion stance of the American democracy. Nothing could be taken for granted in this sad world, so Putan Club would never let its guard down... After this double Knock-Out, our grumbler fled away without a word.
Violence politique, dans les propos du moins... Putan Club se déclarait ouvertement féministe révolutionnaire, et les paroles radicales du morceaux Filles de Mai donnaient le ton (''Au bords du lac, Les filles descendirent à la mitraillette les gros bœufs, Au couteau les gros lourds, les épousables, les queutards, les justes voyeurs, etc...''). Oui, j'avais échappé de peu à l'émasculation...
Et puis, il y eut cette anecdote. Un congénère du public - homme blanc, quadragénaire avancé, mâle alpha, etc... - en fit, lui, en revanche les frais. Il avait amèrement éructé son ras-le-bol du 'wokisme' et montré sa crispation envers le radicalisme du féminisme actuel. La bassiste ne s'était pas laissée démonter, et lui avait rappelé en retour, d'un ton assuré, les luttes contemporaines des iraniennes et des tunisiennes, tandis que le chanteur-guitariste avait posément asséné le coup de grâce en évoquant les récentes positions anti-avortements de la démocratie américaine. Rien ne restait définitivement acquis dans ce triste monde, alors eux, jamais ils ne baisseraient la garde... Double 'Knock-Outé', notre râleur s'était enfui sans demander son reste.
Musical Violence
Putan Club also meant violence of its musical act and extreme musical outbursts. The sound of the band was a synthesis of many violent sonic influences. Indus, ethno-tribal, hard-tek, noise, metal, post-punk, etc... were all immoderately mixed together. At this point, it was necessary to draw the (red) thread of their musical history to fully understand the band.
François-Régis Cambuzat got his start in rock'n'roll with the Roman band Kim Squad & Dinah Shore Zeekapers. Their debut album Young Bastards (Virgin, 1987) featured a few nuggets of 60's garage/pub rock that had not aged a day. The band slowly faded away at the end of the 80’s after the release of some classy Velvet-ian psyche-garage songs (the Kim Squad, 1988). He went on through the 90’s with some various, more experimental combos : Notre Dame Des Naufragés, les Enfants Rouges, and Il Gran Teatro Amarole, an Italian rock band with accordion and a klezmer/gypsy touch quite similar to les Hurlements de Léo. By the way, this French band shared a split-album in 2007 with his new project : l'Enfance Rouge (1995-2020), with which he released a dozen of albums in fifteen years (and made an nice cover of Noir Désir's Tostaky in 2011). In fact, l'Enfance Rouge clearly heralded Putan Club : same mixture of noise, indus, arty/post-rock, same indefinably groovy sound, same voice coming from beyond the grave, same kind of political messages…
Meanwhile, Gianna Greco was a member of the metal/grunge band Shotgun Babies (2007 - 2015). She finally met him in the mid-tenies and brought to their future project her gothic, electronic and metal universe. They settled together in the Tunisian fledgling democracy - undoubtedly a militant act - where they set up the multi-ethnic electro/indus/tribal band Ifriqiyya Electrique (2017-2019). And then, Putan Club, kind of a culmination of all their previous artistic, ideological and musical endeavours.
Putan Club, c'était aussi la violence d'un déchaînement musical extrême. Le groupe se voulait la synthèse de nombreuses influences sonores. L'indus, l'ethno-tribal, la hard-tek, la noise, le métal, le post-punk, etc... s'y côtoyaient immodérément. Il fallait bien à un moment tirer le fil (rouge) de leur histoire musicale pour cerner pleinement ce groupe.
François-Régis Cambuzat avait débuté le rock'n'roll au sein du groupe romain Kim Squad & Dinah Shore Zeekapers. Les quelques pépites de garage 60's/pub rock dont recélait leur album Young Bastards (Virgin, 1987) n'avaient pas pris une ride. Le groupe s'était doucement éteint vers la fin des années 80 dans les méandres d'un psychédélisme racé et très Velvetien (the Kim Squad, 1988). Notre héro du jour avait ensuite traversé les années 90 à bord de divers combos plus expérimentaux : Notre Dame Des Naufragés les Enfants Rouges, ou encore Il Gran Teatro Amarole, rock italien à accordéon, avec option klezmer/tsigane à la Ogres de Barback ou Hurlements de Léo. Les Hurlements de Léo, d'ailleurs, qui partagèrent un split album en 2007 avec l'Enfance Rouge (1995-2020), son nouveau projet. Avec ses sonorités noise/indus autant qu'arty/post-rock, et indéfinissablement groovy, sa voix d'outre-tombe, ses orientations politiques assumées et son étonnante productivité - une dizaine d'album en quinze ans et une reprise étonnante du Tostaky de Noir Désir en 2011 - l'Enfance Rouge était clairement annonciateur du futur projet Putan Club.
Gianna Greco, elle, pendant ce temps, avait officié au sein du groupe métal/grunge Shotgun Babies (2007 - 2015). Leurs deux routes s'étaient finalement croisées au milieu des années 2010. Elle avait apporté en dot son univers gothique, électronique et métal. Acte militant sans doute, ils s'étaient établis ensemble dans la toute jeune démocratie tunisienne, et y avaient monté le groupe pluri-ethnique d'électro/world/indus/tribal Ifriqiyya Electrique (2017-2019). Et le Putan Club. L'aboutissement de toutes leurs démarches entreprises auparavant, qu'elles soient artistiques, idéologiques ou musicales.
Putan Club
So, Putan Club was this duo - sometimes playing as a trio when driven by the drumming of Zoé Martinot (from the Perpignan’s band Joy Rage (Cougouyou Records)), or during its collaboration with Lydia Lunch, the former queen of the New York no-wave in the late 70s (Teenage Jesus & the Jerks!) - a duo which generally played more than 150 shows a year. Their debut album, Filles De Mai, was released in 2017 (Toten Schwan Records), and provided them the ideal support to tour over and over every city of Europe, China, Canada, etc... They took advantage of each stop to feel the atmosphere of the place, to explore all the possibilities, to exploit all the situations, to provoke the reaction on a rock'n'roll lightning raid mode. The few months I'd spent following them on social networks had given me a magnificent panorama of the European underground. Putan Club was an invitation to travel. Central Asia was even to be their next Odyssey. The sanitary crisis killed the project.
Their itinerary finally took them to La Réunion at the end of 2022. They had decided to spend the winter there, in the warmth of the tropics. A couple of dates were logically scheduled. The band played at la Cerise, before moving on to the Bisik in Saint Benoît, the Théâtre Canter in Sainte Clotilde and the StudioTic in le Chaudron. Further dates were scheduled for early 2023, at the Passage du Chat Blanc and the Cité des Arts in Saint Denis, as well as the Toit in Saint Pierre.
That night, most of the people gathered at the StudioTic were in for the opening act (Pamplemousse x) and largely deserted the place during the performance of the Italian-French band. The radical statements, the highlighted feminism, the musical violence, the provocation and the situationism probably made them fly away... But nobody could deny the energy and the rage of the duo. Nor the fact that Putan Club left nobody indifferent. They were dynamite, for sure !
Putan Club, c'était donc ce duo - fonctionnant parfois en trio lorsque accompagné à la batterie par Zoé Martinot, du groupe perpignanais Joy Rage (Cougouyou Records), ou encore au cours de ses collaborations avec Lydia Lunch, égérie de la no-wave new-yorkaise de la fin des années 70 (Teenage Jesus & the Jerks!) - ce duo donc, qui jouait généralement plus de 150 dates par an. Leur premier album, Filles De Mai, était sorti en 2017 (Toten Schwan Records), et leur avait offert le support idéal pour écumer sans discontinuer les villes d'Europe, de Chine, du Canada, etc... Ils avaient profité de chaque étape pour y poser leurs valises, pour sentir l'atmosphère du lieu, en explorer toutes les possibilités, en exploiter toutes les situations, y provoquer la réaction, en mode raid rock'n'roll et concerts coup-de-poings. Les quelques mois pendant lesquels je venais de les suivre sur les réseaux sociaux m'avaient offert un magnifique panorama de l'underground européen. Putan Club restait donc une invitation au voyage. L'Asie Centrale devait même être leur prochaine Odyssée. La crise sanitaire en décida autrement.
Leur itinérance les avait finalement menés à La Réunion à la fin de l'année 2022. Il avaient décidé d'y passer l'hiver, sous la chaleur des tropiques. Une paire de dates avaient logiquement été calées. Le groupe avaient joué à la Cerise, avant d'enchaîner sur le Bisik de Saint Benoît, le Théâtre Canter à Sainte Clotilde et le StudioTic du Chaudron. D'autres dates étaient prévues pour le début d'année 2023, au Passage du Chat Blanc et à la Cité des Arts à Saint Denis, ainsi qu'au Toit à Saint Pierre.
La radicalité des propos, le féminisme exacerbé, la violence musicale, l'itinérance comme acte de vie, la provocation et le situationnisme... On pouvait ne pas forcément adhérer à ce 'Club des Putains' - le public du StudioTic, majoritairement rassemblé ce soir-là pour la première partie (Pamplemousse x) déserta d'ailleurs en grande partie la salle au cours de la prestation du groupe italo-français. Il était en revanche impossible de nier l'énergie et la rage du duo. Ni le fait que Putan Club ne laissait personne indifférent. De la dynamite. Oui.
*Allez Les Filles, Les Thugs, Strike, 1996
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