Wednesday 16 December 2020

Turning Round On The Turntable : Dennis Cometti, Deedee And The Abracadabras, Stiff Richards, the Stroppies, Frankie Traandruppet



Last batch of the year with three Aussie combos (Yeap ! Again ! Who can deny they currently get the pot ?), a French band and a Belgium one. Hope you enjoy your 2020 year, no doubt 2021 will be another shitty one ! Hopefully, a few important things still remain : family, friends, derision and self-mocking, beers and our so beloved music : punk and rock’n’roll will indeed keep on going to give us the perfect soundtrack till the end (ours or whichever one). Well, see you soon and Happy New Year anyway !

Vous avez aimé 2020 et sa crise sanitaire ? Et bien, aucune raison que 2021 ne soit aussi merdique! Alors, on se raccroche, comme on peut, à tous ces petits instants de bonheur que la vie veut bien nous apporter : la famille, les copains, l'humour et l'auto-dérision, la bière, et cet amour immodéré pour notre musique, le punk et le rock'n'roll, qui fournira la bande-son idéale jusqu’à la fin - la notre, ou peu importe laquelle. Dernières chroniques de l’année, donc, avec trois groupes australiens (oui, oui, l’Australie continue à rafler la mise...), un français et un belge. Bonne écoute, et bonne année quand même !


DENNIS COMETTI - S/T Lp - BARGAIN BIN REC. - 2020 x


The band is a punk trio (drums/bass/guitar) from Perth and the location matters a lot : they look like some Aussie West Coast slackers, love their suburb and its local pubs, speak a Western Australian slang, seem pretty confident and proud of their offset leave-us-alone attitude and are huge supporters of their domestic footy club - Australian Rules Football seems to be the sport thing around there, and even the name of the band refers to a regional player/sport-caster of this game. 
In a few more words, they gladly promote their local particularisms and give a huge fuck to the Aussie federal state (National Rugby League, federal Tax System, politicians who still deny the results of a previous referendum for WA-xit, and on a funnier caustic way, the standardization of the Aussie beer glasses’ capacity – beware bartenders, they are the Pint Police !). For sure, a worldwide, endless debate about global uniformisation, and the peoples’ rights to self-determination versus the indivisibility of the nations (Anglo-Saxon federalism, French Jacobism…). Which way to go ?, used to say a legendary Aussie band... Not beyond the point where any kind of nationalism start, as far as I'm concerned.

The music ? As soon as the very first chords, played on a Chuck Berry wild style by a mesmerizing blue Phantom guitar, are launched on the killer punk song WA-xit - add to this a street-punk sounding bass, a warm nervous voice and some adequate choirs -, a dumb smile immediately prints the face and the head can’t help wagging up and down. Is that a Pavlovian reflex ? The same instinctive behavior applies further on with Spoked, (I 8 the) CBD and Bali Belly. Dennis Cometti got the thing for sure !
The five other songs (Sunnie Tan, Deadshit, Pint Police, No Stress and SK8) have perhaps a more conventional punk sound, but they still stand as awesome tunes which could be put alongside with the Spits (that SK8’s cover !), the Rip-Offs’ family or the Chats’ one. By the way, the famous Sunshine Coast’s band released this 9-songs Lp on its label Bargain Bin Records x. The lyrics are included and the vinyl beautifully wears their footy club’s blue & white colors !
Jump on that !

Dennis Cometti, c’est un combo de la périphérie de Perth. Le lieu a son importance. Les trois membres du groupe ont le profil typique de ces p 'tits durs prolo-nihilistes de la côte ouest de l’Australie, sûrs d’eux, qui n’aiment pas recevoir d’ordres, surtout de la part de bobos moralisateurs, et plutôt fiers de leur mode de vie décalé, de leur banlieue, de son argot et de ses bars. Pour apporter la touche finale au tableau, ce sont aussi de grands supporters de l’équipe locale de footy - le football australien semble être LE sport dans ce coin - et d’ailleurs, le nom du groupe fait référence à un ancien commentateur sportif de ce jeu à Perth : Dennis Cometti.
Cette défense de leurs particularismes locaux s’accompagne d’une critique véhémente du fédéralisme australien - la Ligue Nationale de Rugby, le système fiscal fédéral, la négation des résultats d’un référendum d’auto-détermination par le gouvernement central (d’où leur cri du coeur avec leur fameux WA-xit), ou encore, sur une note plus humoristique, la standardisation du système métrique australien - message aux barmans de leur banlieue, ils se revendiquent de la Pint Police, et ils sont particulièrement vigilants au bon dosage de leurs bières ! 
On retrouve donc, avec Dennis Cometti, un parti pris dans ce débat universel, sans fin et vieux comme le monde : où mettre le curseur entre le principe d'indivisibilité des nations (fédéralisme anglo-saxon, jocobinisme français...), et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ? La réponse restera à jamais insoluble. Mais une chose est sûre, en ce qui nous concerne : pas au delà d'où commence le nationalisme, quel qu'il soit...

Mais si l'on parlait plutôt de musique, non ? 
Dès que les premiers accords, lancés par le guitariste/chanteur sur une magnifique Phantom Blue Vox, dans le plus pur des styles Chuck Berry-ien, retentissent sur le génial WA-xit, un réflexe pavlovien bien connu refait surface immédiatement : la tête ne peut s'empêcher de balancer frénétiquement de bas en haut et un sourire niais et béat s'affiche. Le même genre d'instinct primaire apparaît un peu plus loin sur les titres Spoked(I 8 the) CBD et Bali Belly. Si l'on ajoute à cela une rythmique lorgnant vers le street-punk, la voix chaude du chanteur et les choeurs bien placés, le constat est bien là : le trio Dennis Cometti maîtrise son affaire !
Les cinq autres morceaux (Sunnie TanDeadshitPint PoliceNo Stress et SK8), malgré un son punk peut-être plus convenu, n'en demeurent pas moins plus que recommandables, et font penser à des groupes comme les Spits, dont ils reprennent d'ailleurs le fameux SK8, les groupes de l'écurie Rip-Off Records ou les Chats. Pas étonnant, alors, de retrouver les neuf titres de ce Lp sur Bargain Bin Records, le label des gars de Sunshine Coast. 
Les paroles, politisées mais non dénuées d'humour, on l'a vu, sont incluses, et on admirera la chouette pochette aux couleurs de leur club local de football australien. Allez, on se fait plaisir et on saute là-dessus !


DEEDEE AND THE ABRACADABRAS - S/T Maxi-Ep - LE CEPE REC./KIDS ARE LO-FI REC./BLUE END REC. - 2020 x


Wanna add the Froggy grandson’s card to the 1.2.3.4-punk family ? Good pick with the Parisian crew DeeDee And The Abracadabras ! The references to their renowned ancestors are pretty clear, but they also manage to take us back with delight into the garage-punk sound of the glorious noughties (Jay Reatard, the Carbonas, the Kidnappers, the Manikins…) : super-efficient melodies with touches of KbD punk, 100 beats per minute fast tempo, sharp guitar riffs, nervous bass, Alan Kan-like vocals coming straight from the guts, powerful choirs, good wankers’ looks and pretty decadent attitudes, dark lyrics, a gloomy album’s cover, and last but not least, a disturbing theatrical side (jerky robotic boogie of the side-dancer in crow’s clothing, recurring cries of the bad-omen bird...)
Three emerging labels released this 9-songs Lp a few months ago: Le Cèpe Records x (check their recent releases Cloud Factory and Foggy Tapes - parts of the thrilling new generation of Toulousan punkers -, Double Cheese, We Hate You Please Die, Los Scallywaggs…), Blue End Records x (Caribou Batard) and Kids Are Lo-Fi Records x (Johnnie Carwash !). Who said that French punk rock was moribund ?

Dans la famille du punk 1.2.3.4., je voudrais le fils ! Bonne pioche ! 
Avec la clique parisienne des DeeDee And the Abracadabras, les références à nos bons vieux Ramones sont multiples (nom du groupe, clins d'oeil à certaines morceaux, genre musical, etc...). Mais ils établissent également un lien fort avec le son du garage-punk des années 2000 (Jay Reatard, les Carbonas, les Kidnappers, les  Manikins…) : mélodies efficaces, avec quelques touches de punk KbD, tempo rapide, riffs de guitare tranchants, lignes de basse nerveuses, voix à la Alan Kan qui sort des tripes, choeurs puissants... On notera aussi leur look de branleurs décadents, la noirceur des paroles et de la pochette de l'album, et cerise sur le gâteau, la théâtralisation de leurs shows (un danseur, déguisé en corbeau, et imitant les cris stridents de l'oiseau de malheur, semble les accompagner dans une transe très hypnotique).
Trois labels français émergents ont produit les neuf titres de ce Lp : Le Cèpe Records (dont on écoutera avec intérêt les dernières sorties : Cloud Factory et Foggy Tapes -deux groupes de la nouvelle génération de rockeurs toulousains - mais aussi Double CheeseWe Hate You Please DieLos Scallywaggs…), Blue End Records (Caribou Batard) et Kids Are Lo-Fi Records (Johnnie Carwash!). Qui a dit que le punk rock français était moribond ? 


STIFF RICHARDS - State Of Mind Lp - LEGLESS REC. - 2020 x


Guess what ? Melbourne is back again around here ! Stiff Richards, the 5-pieces’ band from that rock’n’roll town has a damned good recipe to shake the daily sticky gloom : a ladle of greasy Australian punk in the rhythmic section, another dipper of Scandinavian death punk in the guitars, a large spoon of Washinghton DC HxC in the aggressive approach and screaming vocals, and some more welcome flavored toppings of Aussie post-punk on the fav’ ones (Point Of You, State Of mind, Going Numb). Stiff Richards is somewhere a tasty medley of the Onyas, Turbonegro, the Hellacopters, Minor Threat and Eddy Current Suppression Ring… The gigs must be violently crazy and the pits sweaty ! 
This 9-songs third album was self-released on Legless Records x, the Melbourne uprising label with guaranteed tastes, federating a wild bunch of fast-tempo punk bands (Tony Dork, Gee Tee, Cutters, COFFIN, Satanic Togas…) and some pretty annoyed guys, all ready to give a perfect leave-us-alone lesson to the whole shitty Tought Polices of the world ! 

Devinez quoi ? On va encore parler de la scène punk australienne ! Pourquoi se gêner, vue qu'on ne s'en lasse pas ?
Cette fois, il s'agit des Stiff Richards, un groupe de Melbourne qui nous fournit la recette idéale pour affronter le morosité ambiante : une grosse louche de punk graisseux australien pour la section rythmique, une autre de death-punk scandinave dans les guitares, une bonne cuillerée de hardcore made in Washington DC dans l'approche agressive et le chant hurlé, le tout nappé d'une onctueuse couche de post-punk australien sur leurs meilleurs morceaux (Point Of YouState Of mindGoing Numb). Ouais ! Stiff Richards, ça a à la fois le goût des Onyas, de Turbonegro, des Hellacopters, de Minor Threat et d'Eddy Current Suppression Ring.
Ce troisième album 9-titres a été auto-produit par Legless Record. Le label de Melbourne, devenu en très peu de temps un incontournable du punk australien, enchaîne depuis deux ans les sorties vinyliques de groupes tubesques (Tony DorkGee TeeCuttersCOFFINSatanic Togas, les compilations GTRRC…), tout en organisant un paquet de concerts remuants, et fédère une jolie clique de gars bien énervés, que l'on s'avisera de ne pas trop titiller, et tous prêts à donner la plus belle des leçons à toutes les polices de la pensée (Tought Polices!) de la planète.


THE STROPPIES - Look Alive Maxi-Ep + Hangin’ Round Sp - TOUGH LOVE RECORDS - 2020 x


Melbourne once again with the Stroppies’ Maxi-Ep, but this time with a rather more confidential atmosphere : Velvetian galloping pop, touches of psychedelia, quick immersions in the British post-punk sound, slow pop love stories… Controlled tempo and laid down bass, clear sound on the folk guitar, adequate lead guitar solo, 70’s synthesizer or haunting piano parts, female and male melodious vocals’ changeovers, intense choirs… Pretty metaphoric and poetic lyrics (included), a global melancholy at every stages, but also some openings to hope and light, and a few additional depiction of emotion-free situations, arty front-cover... Look Alive, released on the London Label Tough Love Records x this summer, is a very accomplished and multi-faced mini-album !
Ornamental Tone, laying on the third Anti Fade Records’ compilation (The New Center Of The Universe), tickled our ears in 2018, and, as one of the Stroppies’ singers was part of Program, which killer Show Me Lp (Anti Fade Records again) was reviewed around here earlier this year, it was pretty difficult not like this one. Try also to get their heady cover of Lou Reed’s Hangin’ Round, standing on the «collector» side-single, a jumpy proto-punk little masterpiece full of a Shifters-like nonchalance. 
The Stroppies ? A new astonishing band to add to the Melbourne’s endless nebula !

On reste à Melbourne, mais cette fois, on s'immerge dans une atmosphère beaucoup plus confidentielle : le nouveau Maxi-Ep des StroppiesLook Alive !,nous offre en effet tout un panel de sonorités pop galopantes et Velvet-iennes, agrémentées de quelques touches de psychédélisme, de post-punk anglo-saxon et de pop bricolée maison. Le tempo est parfaitement contrôlé, la basse très posée et le son de la guitare folk clair, les solos de guitare et de piano sont envoûtants, le synthé nous plonge dans le son de années 70's, et on s'imprègne avec plaisir des chant mélodieux, et mixtes, du chanteur et de la chanteuse. 
On portera aussi une attention toute particulière aux paroles, poétiques et joliment métaphoriques, bourrées de mélancolie, d'histoires d'amour et de réflexions sur le temps qui passe, mais qui s'ouvrent aussi parfois sur quelques notes d'espoir, ou à l'opposé, sur des descriptions on ne peut plus placides et froides. Ce mini-album, sorti cet été par les londoniens de Tough Love Records, est un disque accompli et aux multiples facettes. 
Le titre Ornamental Tone, qu'on avait pu écouter sur le troisième volet des compilations d'Anti Fade Records (The New Center Of The Universe), nous avait déjà titillé les oreilles en 2018. Le chanteur des Stroppies fait également partie du groupe Program, dont on a chroniqué le génial Lp Show Me un peu plus tôt cette année. On ne pouvait qu'aimer celui-ci. En passant, on écoutera leur reprise du morceau de Lou Reed Hangin’ Round, gravé sur le single «collector» offert avec l'album. Ce titre entêtant est une petite merveille de proto-punk sautillant, bourrée de nonchalance à la Shifters.
Les Stroppies ? Encore un groupe épatant à ajouter à la nébuleuse du rock de melbournois.


FRANKIE TRAANDRUPPET - Life Inside A Rocket Ep - RONNY REX RECORDS - 2019 x


Fed up with the always-clean sounding current psyche wave ? Frankie Traandruppet is the solution ! This guy is a highly productive genius ! He comes from Diest, Belgium, launched this solo side-project of Ero Guro (by the way, the first Lp of this powered-up synth-punk band should be in the air this month), a plan that finally grew up into a real band and they released four Eps in a very few months on the Belgium garage/punk labels Ronnie Rex Records x and Belly Button RecordsLife Inside A Rocket was his 4-songs debut one.
The Darkness (Comes To Town) is a pure jewel of dark psyche and lo-fi acid rock, with a damned good dirty sound, that seems to come straight from a late-60’s basement. Such awesome wild parts on the drums, guitar and bass ! And that keyboards’ final surge ! The song looks like a Chocolate Watchband’s ballad from a lost demo tape, with a Ray Davies (the Kinks) who'd be getting high, on vocals. A pure jewel !
Same kind of atmosphere with Everyday’s The Same, while the two other songs, Life Inside A Rocket and Hooray For the Frown, are much closer to some jumpy blues-punk tunes, in a Harlan T Bobo or Nathan Roche’s way.
A low-fi sound, a low budget recording and a cheap cover’s sleeve, for a brilliant Ep. Wow !

Fatigués de toujours entendre le même son propret chez tous les groupes actuels qui s'essaient au rock psyche ? Et bien, vous ne le saviez sans doute pas, mais Frankie Traandruppet est la solution ! 
Ce type est un génie, et qui plus est, très productif ! Il nous vient de Dienst, en Belgique, et a récemment lancé ce projet solo, parallèlement à son autre groupe Ero Guro (du synth-punk sur-vitaminé, dont la sortie du premier album est d'ailleurs attendue ce mois-ci). Le plan solo s'est petit à petit transformé en un vrai groupe, qui a sorti en l'espace de quelques mois quatre Eps sur les labels garage/punk belges Ronnie Rex Records et Belly Button Records. Ce Ep 4-titres, Life Inside A Rocket, étant le premier.
The Darkness (Comes To Town) est une petite pépite de dark-psyche et d'acid-rock lo-fi, avec un son tellement cradingue qu'on pourrait croire qu'il a été enregistré dans une cave à la fin des années 60. Et quelle envolée finale au synthé ! Pour se faire une idée, le morceau pourrait ressembler à une ballade tirée d'une démo perdue du Chocolate Watchband, avec au chant, un Ray Davis (des Kinks!) totalement défoncé. On adore ! 
Même genre d'ambiance avec Everyday’s The Same, tandis que les deux autres titres, Life Inside A Rocket et Hooray For the Frow, tirent plutôt vers un blues/punk à la Harlan T Bobo ou Nathan Roche.
Un son lo-fi, un enregistrement maison et une pochette très DIY, pour un Ep brillant ! Que demander de plus ? Bravo !





Thursday 3 December 2020

Blast From The Past : Hot Days and other London's Wild Things ! (The Troggs - Summer 2001)


Time to wake up, Sir ! It had become kind of an accurate routine at dawn  : once again, the two laughting bobbies patroling Russel Square were cleaning up the park from its summer sleepy tramps. The daily erasing operation of all the marks of misery, ugliness and decline nesting at night in the London’s bourgeois districts... 
Sleeping outside ? I wasn’t broke that much, the choice was much more made for some dumb personal reasons : the desire to feel the heart of the city and the thrill of the urban night-life, the wish to track the few remaining ashes of the No Future years, the urge to avoid my British landlady - a Barbara Cartland’s clone -, which far-away house was grossly trickling with pink carpets, wallpapers and sofa, a freaking pink everywhere but in her paranoid head - and finally, maybe a misplaced need to face the have-nots’ hard life and find a less trivial explanation of the harsh social reality of our modern societies than the binary one offered by the struggle class rhetoric - a sticky glueing thing for sure ! 

As a matter of fact, the six-weeks stay in the British capital quickly turned into an unwholesome descent towards the borderlines of my mind. In hindsight, it’s pretty interesting to look back at the evolution of one’s mental state in such situations. How the powerful feeling of freedom - that everything-seems-possible idea - and the enthusiastic thirst for life, full of parties, drinks with close friends, chats with student girls and kisses to enamoured English teachers, abruptly switched on, because of a consequent use of weeds, alcohol and sleep deprivation, into a reckless nihilism and a strictly asocial attitude. How everything quickly crashed into a nagging depression and a deep misanthropy. I wanted to connect with the No Future punk atmosphere, I was deeply in and it reached a final apotheosis with the mesmerizing spread of the cops’ yelling sirens, like on a doomsday scenario, all over the scared city the whole night of September the 11th...
That strange cocktail of lonesome wolf’s attitude, don’t care behavior, melancholic vagrancy and crass struggle, went along with me during the main part of my journey. Spinoza Encule Hegel and other JB Pouy’s novels in the pocket, songs of Camera Silens and Bulldozer plugged into the ears, I was roaming alone the weeds’ experimental coffee shops in Brixton, the Jamaican sound systems in the gloomy bars of Notting Hill, the Camdem Town’s dirty punk & psycho gigs, but also most of the pubs of the sea-side town of Brighton in the vain search of that obsessing Brazilian tattooed girls bumped on a riverboat party.

I went to my final gig at the famous 100 Club with the state of mind of a decadent loser. They were celebrating the quarter century’ s birthday of the punk explosion with a bunch of bands from the early 80’s. The reformations had been the huge trend since the Holidays in the Sun festival in Blackpool and all those mythical British punk bands were jumping on the opportunity, but, despite the pleasure to see live 999 and One Way System, or to hear the Warriors’ cover of Violence in our Minds or the Tv Smith’s compulsory Bored Teenagers, my global mid-twenties feeling was that it was just another nostalgic meeting of veterans playing for a mid-life assistance, all gathered here to try to keep alive an outdated folklore and a flickering flame. The fresh vitality and the blasting spark of the beginnings seemed to have been vanished for long. When some 60-year-old guys entered the stage, I thought we were reaching the (black) bottom. In fact, the Troggs brightly brought me an adequate positive conclusion to my London stay.


It is said that the age of 60 is the age of achievements and happiness. The Troggs gave me that day one of the best lesson of life and rock’n’roll. Such a pleasure of playing and a scenic serene presence ! Such an elegance and a coolness in their attitude ! Such a confidence in their awesome mixture of wild 50’s rock, distinctive British 60’s beat, glamy 70’s proto-punk sound, vivid Mods touches and British punk energy ! Four decades of the very best of the rock’n’roll were packed together. And what a haunting, nervous, rough crooner voice of the lead singer, Reg Presley - Rest In Peace, King of Hampshire ! 
Everybody knows their Wild Thing 1966 song, a hit to file alongside with some of the Kinks or the Zombies most famous ones, but they also vividly managed to go on their own way through the years after that. The songs Little Pretty Thing and Hot Days, laying on their Black Bottom Lp (New Rose Records - 1981) may give an idea of their sound that night. A top album that still makes me look back at that London by-gone time with an amused nostalgia.

C'est l'heure de remballer vos affaires, Monsieur ! Je commençais à m'habituer à cette douce ritournelle en guise de réveil : lorsque pointait l'aube, la patrouille de bobbies, toujours ponctuelle, vidaient Russel Square de ses derniers clochards encore somnolents. C'était le nettoyage matinal, la kärchérisation diraient certains, de toutes les marques de crasse, de misère sociale et de déclin civilisationnel, qui investissaient, chaque nuit d'été, les parcs des quartiers bourgeois londoniens… 
Dormir dehors, en plein Londres ? Je n’étais pourtant pas si fauché... On pourrait parler d'insouciance sans doute, mais aussi du désir de sentir vibrer le coeur de la ville, de goûter pleinement à sa vie nocturne, et la volonté d’y pister les dernières traces des années No Future du punk...Le besoin, aussi, d’éviter au maximum ma logeuse, clone paranoïaque et barrée de Barbara Cartland, dont l’appartement, en plus d'être situé loin de tout, dégoulinait d’un rose totalement flippant - du rose partout, des canapés aux moquettes, du papier peint aux toilettes, l’angoisse absolue ! Et puis, il y avait, au fond de moi, cette envie de se confronter à la réalité sociale de nos sociétés modernes, d'essayer d'en comprendre les rouages, pour, peut-être, y trouver une explication, qui serait, pour une fois, moins triviale et binaire que celle habituellement fournie par la rhétorique de la lutte des classes - le genre de truc qui vous colle aux basques et ne vous lâche plus la grappe !

Forcément, au bout de six semaines de ce rythme, je m'étais inextricablement enfoncé dans un drôle de chaos mental, et la folie semblait imminente. Le puissant sentiment de liberté, initialement ressenti, l'enthousiasme et la soif de vie - la fête omniprésente, les bières avec les potes, la drague des étudiantes, les baisers volés à des prof d'anglais énamourées, etc... - avaient brusquement laissé la place, sous l'effet d'un excès de drogues, d'alcool et d'un manque de sommeil, à une misanthropie sévère, à un nihilisme irraisonné et à un début de dépression. Je voulais du No Future, j'étais servi ! L'apothéose fut atteinte, durant cette mémorable nuit du 11 Septembre 2001, où, comme dans tout bon scénario catastrophe, la ville entière, plongée dans la peur des attentats, fut recouverte par les hurlements assourdissant de sirènes.
Cet étrange cocktail de posture conquérante, de je-m'en-foutisme décadent, d'errance mélancolique, et de lutte des crasses désabusée, accompagna donc une bonne partie de mon périple londonien. Spinoza Encule Hegel, de JB Pouy dans la poche, les albums des Bulldozer et Camera Silens collés à fond dans les oreilles, j'écumais, en mode loup solitaire, les bars à weed expérimentaux de Brixton, les sound systems jamaïcains dans des tripots sinistres de Notting Hillles concerts punk et psycho de Camdem Town, mais aussi, la majorité des pubs de la ville côtière de Brighton, à la recherche, romantique mais vaine, de cette brésilienne obsédante, et intégralement tatouée, croisée un soir sur une péniche.

C'est donc dans cet état d'esprit que j'abordais le dernier concert de mon séjour. Le fameux 100 Club avait invité quelques groupes mythiques des années 80 pour célébrer les 25 ans de l'explosion du punk en Angleterre. La tendance de l'époque était aux reformations, tous les anciens groupes punk se jetaient sur l'occasion de rejouer - le festival Holidays in the Sun, qui se tenait tous les ans à Blackpool, en était d'ailleurs le parfait témoignage. 
Mais malgré le plaisir de voir 999 ou One Way System sur scène, d'écouter les Warriors reprendre le génial Violence In Our Mind, ouTv Smith continuer de chanter son Bored Teenagers, j'avais le sentiment, du haut de mes 25 ans, d'assister à une réunion d'anciens combattants, nostalgiques d'une époque révolue, et tous réunis là pour préserver un folklore désuet et garder vivante une flamme plus que chancelante. La vitalité, la fraîcheur et l'énergie des débuts du mouvement semblaient avoir bel et bien disparu. En voyant monter sur scène les quatre soixantenaires décrépis des Troggs, il me semblait bien qu'on n'allait pas tarder à toucher le fond. J'avais tort.

The Troggs

On dit que 60 ans, c'est l'âge de l'accomplissement personnel et du bonheur.
 Les Troggs me donnèrent ce jour-là une formidable leçon de vie, et de rock'n'roll. Quelle présence scénique, quel plaisir de jouer, qui irradiait leur visage, quelle sérénité affichée, quelle élégance et quelle assurance dans leur attitude ! 
Tout le monde connait Wild Thingleur hit de 1966, qu'on peut ranger du côté de certains tubes des Zombies ou des Kinks. Les Troggs avaient ensuite réussi leur traversée des année 70, non sans mal, et en 1981, l'excellent LP Black Bottom, sorti sur New Rose Records, avait relancé un temps leur carrière. 
L'écoute régulière de cet album me replonge, avec une certaine nostalgie, dans la période londonienne de ma vie, puisqu'il donne un aperçu fidèle du son qu'ils avaient produit ce soir-là, vingt ans après sa sortie : un mélange, unique et équilibré, de rock 50's, de British beat des 60's, de sonorités proto-punk et glam des années 70, accompagnés par l'énergie du punk et du mod-revival britanniques. Sans parler de la voix de crooner, habitée et nerveuse, du chanteur - repose en paix, Reg Presley! Les Troggs nous avaient ainsi offert un condensé de quatre décennies de rock'n'roll, et ce show concluait mon séjour à Londres d'une manière merveilleusement positive.