Tuesday 13 April 2021

Turning Round On The Turntable : the Suttles, the Unknowns, Headlice, Crocodylus, Warm Drag, the Cherry Pies.



Back in, for a few reviews ! Those fav' records have turned around for the last few months. We'll meet the new band of a French veteran and talk about some glorious lost times, have fun with some young punx on the Aussie Eastern coast, dance on some wavy garage tunes around LA and travel back in the pop sound of the 90's with an Italian duet. Enjoy! And Long Live the Rock'n'Roll International!

De retour pour quelques chroniques de disques qui ont pas mal tourné sur la platine ces derniers mois. Avec le nouveau groupe de vétérans parisiens du punk français, on va se replonger quelques instants, avec nostalgie, dans une époque qu'on pourrait qualifier de glorieuse. On prendra son pied avec de jeunes garage-punkers de la côte Est de l'Australie. On dansera à L.A. sur du garage aux forts accents new-wave, et à Turin sur la pop sonnant très années 90. C'est parti. Et longue vie à l'Internationale du punk et du rock'n'roll !


THE SUTTLES - S/t Lp - LES DISQUES A REBOURS - 2021 X


Fred Périph used to be one of the guitar heros of the happy Parisian crew orbiting the Born Bad shop in the early noughties. Nostalgic surges, crunchy stories, and ok, you may jump a few lines further down to avoid my shitty souvenirs...The Brittany tour with Opération S x, the furious blast of Périphérique Est, the show of les Terribles in Rome that caped up a honeymoon-like journey with my girlfriend, the Parisian gigs and the wild week-ends in many provincial towns to catch those bands... And finally, many gigs and parties we organized, with my local punk bro Boris Le Hachoir, in the dull city of Reims - the best way to thank them all for what they brought to me (new musical horizons of course, but beyond that, a few major pieces of a life philosophy, forged with hedonist lookout for pleasure and happiness, self-confidence, loving affairs...)
Time flies, life keeps on going : one-way ticket to Reunion Island, easy parenthood under the tropical sun and something that looks like a (happy) 10 years’ time hole... but always the ears plugged into the sound they taught me, always aware of their new projects, always grateful to have been one of the countless little brothers of the Born Bad family. End of the egocentric digression…

So... What’s up with this Suttles’ record?
Fred and two of his pals in Jon and the Vons, Maxime and Julian (impressive pedigree for those two guys too : Ethylic System, Protokids, Radiation, les Braqueurs, les Arondes…) - settled down this drums/bass/guitar trio band and recorded a first multi-faced Lp lately last year. The 10-songs album was self-released on Les Disques A Rebours x (a good opportunity to check back the two other bands out on this label : Scrotum - one of the best French punk bands ever - and Dérapage). 
The joy of playing together again is definitely around, the riffs are relevant, the guitar solos and the choirs efficient, the turnover of the vocals, lyrics (three langages!) and instruments on each songs adds some uncommon notes, and leads to a tasty mix of Clash-like anthems (Broken Hearted, I Was Wrong, Manos Mal), Mod/power-pop songs (Mary, Messin’Around, Caviare, Want More), nervous garage punk tune (You Got Something) and even a kitschy French 80’s pub rock (Essaie Un Peu, thinking of Les Privés from Orléans). 
And there’s that killer song, with that unique French 77-punk sound Fred perfectly knows : Pied Au Plancher ! A perfect mismatch in the Lp, the same way as the Ohm Facom song was in his previous Lp with Dérapage. Whether it be in the sound, the tempo or the lyrics, the track clearly stands as a posthumous homage to Max Schmitt, the early rhythmic guitarist in Périphérique Est x. He was the kind of clever guys, always joking and gently mocking, the perfect fellow to stick with, the few times we met. Damned need for speed, damned car crash… 

Fred Périph fait partie de ces guitaristes qui, au tournant des années 2000, gravitaient autour de la boutique parisienne Born Badau sein de la joyeuse équipe de la 'Happy Family'. D'après moi, une des plus belles pages de l'histoire du punk français (oui, vous pouvez sauter quelques lignes pour éviter de vous taper les souvenirs nostalgiques d'un vieux rockeur sur le retour...)
Les anciens groupes de Fred restent en effet associés à des moments-clés de mon parcours musical et personnel : on a déjà parlé de cette virée en Bretagne* avec Opération S et évoqué la claque magistrale que fut Périphérique Est. Il y a eu aussi ce concert des Terriblesà Rome, qui clôtura une simili lune-de-miel avec ma compagne, et tous les shows incroyables de ces groupes sur Paris ou en Province. Une période qui s'est achevée en apothéose, du moins pour moi, avec la série de concerts organisés, avec mon pote Boris Le Hachoir, à l'Excalibur de Reims. Sans aucun doute, la meilleure façon de les remercier tous pour ce qu'ils m'avaient apportés : un nouvel univers musical à explorer bien sûr, et au delà de ça, les bases d'une philosophie de vie, faite d'hédonisme, de recherche de plaisir, de quête de bonheur, de confiance en soi et... d'histoires d'amour. 
À chacun son chemin... Le mien est ensuite passé par La Réunion, des enfants élevés sous le soleil des tropiques, et le temps s'est ainsi écoulé - une dizaine d'années plutôt heureuses - mais avec, toujours scotché au fond des oreilles, ce son qu'ils m'avaient fait découvrir, toujours à vibrer de loin sur leurs divers projets, et toujours infiniment reconnaissant d'avoir été l'un des petit-frères de la famille du Born Bad. Fin de la digression...

Bon, alors, ce disque des Suttles ?
Fred et deux de ses potes de Jon And The Vons, Maxime et Julian, eux aussi avec un pedigree plus que chargé (Ethylic SystemProtokidsRadiationles Braqueursles Arondes…) - ont monté ce trio guitare/basse/batterie l'année dernière, et viennent d'enregistrer un premier album 10-titres, sorti en auto-production sur Les Disques A Rebours (une bonne occasion de ré-écouter les deux autres sorties du label : le troisième album de Scrotum - un des meilleurs combos du punk français de la fin des années 90 - et le combo précédent de Fred : Dérapage).
Le plaisir de jouer ensemble est réellement palpable, les riffs font mouche, les solos de guitare et les choeurs sont efficaces, et d'un morceau à l'autre, les divers changements d'instruments, l'alternance des chanteurs et l'usage de trois langues (français, anglais, espagnol) apportent une touche originale à un album aux multi-facettes. Les Suttles jouent aussi bien du punk Clashiens (Broken HeartedI Was WrongManos Mal), des morceaux Mod/power-pop (MaryMessin’AroundCaviareWant More), du garage-punk nerveux (You Got Something), et même un titre aux accents pub-rock, avec un kitch typique des années 80 (Essaie Un Peu fait penser aux Privés d'Orléans).
Et puis, il y a ce tube, avec ce son que Fred maîtrisait parfaitement bien au sein des Périph Pied Au Plancher ! Une pépite qui trône au beau milieu de l'album, de la même manière que le titre OhmFacomtraînait dans celui de Dérapage. Que ce soit au niveau du son, du tempo ou des paroles, le morceau se pose comme un hommage à Max Schmitt (RIP), le guitariste rythmique des débuts de Périphérique Est. Un chouette type, toujours blagueur et gentiment moqueur, et un compagnon de bringue idéal, les rares fois où nous nous sommes rencontrés. Putain de vitesse, putain d'accident de voiture...


THE UNKNOWNS - Nothing With Ever Stop Lp - BARGAIN BIN RECORDS - 2020 X


Between two releases of the Chats (the awesome High Risk Behavior's Lp and the lately-out AC/DC CD's 7inch), Bargain Bin Records x, the label linked to the Sunshine Coast’s famous band, kept on digging the new outbursting Australian punk rock/garage punk scene. This brand-new, super-active label (15 releases in a 2-years time!) stands as a leading support for many thrilling bands. Ready to discover the last batch ?

Entre deux productions vinyliques des Chats (l'excellent LP High Risk Behavior et le 45 tours AC/DC CD), Bargain Bin Records, label récemment créé et hyper-actif (15 productions en deux ans !), et lié au fameux groupe de Sunshine Coast, continue d'explorer une scène garage/punk australienne toujours plus explosive. Revue de détail de la dernière fournée...

The garage punk influences seem fully assumed by the Unknowns, a drum/bass/guitar band from the Australian East Coast : nervous tempo, jumpy bass lines, catchy guitar play on a Rip-Offs’ style, yelling teenager’ high hoarse voice, similar to the one of the Nebraskan singer of Brimstone Howl/Forbidden Tigers, secret homage to the Ramones (Ohh Yep), without forgetting a power-pop touch on the awesome song Would You Wait For Me... 
A few more reasons to check this first 12-songs album ? The three Aussie guys are close relatives of the Chats' family : they come from Sunshine Coast town too, they released a first single, Internet Love/Dressed to Kill on Bargain Bin Rec. in 2019, with a very Chats-like musical orientation, the two bro-bands have shared the same guitarist for a few months, and the band features in the Chats' top 5 bands (check the funny inner-sleeve of the AC/DC CD's 7inch). 
The Unknowns ? They shouldn't remain long.

Avec les Unknowns, on reste en famille. Ils ont sorti en 2019 un premier single, Internet Love/Dressed to Killsur Bargain Bin Rec. avec une orientation musicale qui fait énormément penser aux Chats- les deux groupes frères viennent d'ailleurs de la même ville, Sunshine Coast, et ont partagé le même guitariste à leur début - et ce premier album 12-titres est listé dans les cinq meilleurs albums de tous les temps par les Chats (voir les notes de pochette de leur nouveau 45 tours AC/DC CD !). 
Les Unknowns, trio guitare/basse/batterie, ont l'air d'assumer pleinement leurs influences garage-punk : tempo nerveux, riffs de guitare accrocheurs à la Rip-Offs, voix éraillée de teenager écorché vif qui rappelle celle du chanteur des Brimstone Howl/Forbidden Tigers, hommage discret aux Ramones (Ohh Yep), sans oublier une élégante touche de power-pop sur l'excellent Would You Wait For Me...
Les Unknowns ? Pas sûr qu'ils le restent longtemps (inconnus) !


HEADLICE - Vol.1 Ep - BARGAIN BIN RECORDS - 2021 X


Start scratching your head, guys, here comes Headlice ! Let's remain in the family as the guitarist/singer of the band is also the Chats' bassist/main singer. When he meets his Brisbane’s pals, they seem to love playing speedy synth-punk songs with a dirty lo-fi sound : the punk/hxc tempo is really fast (90 seconds per songs), the guitar is stridently whining, the keyboard is buzzing, and the ambivalence between the tough guy's phrasing and the throaty teenager voice of the singer is clearly recognizable. At the end, we've got something that isn't really far from both Disco Junk and Gee Tee, two other compulsory Australian bands. The 6-songs Ep was released earlier this year with a funny black & white drawing on the front cover. 

Alerte aux poux ('headlice') ! Ils débarquent dans les salles... de concerts !
Avec Headlice, on reste encore dans la famille Bargain Bin Records, puisque le chanteur/guitariste des Chats passe ici à la basse tout en restant au chant. Et lorsqu'il retrouve ses potes de Brisbane, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils adorent jouer vite, et avec un son lo-fi pourri. Un mélange de synth-punk, de garage et de hardcore, qu'on pourrait facilement classer entre les Disco Junk et les Gee Tee, deux groupes contemporains eux aussi australiens. Le tempo s'emballe (90 secondes max pour chaque morceau), la guitare gémit de manière stridente et continue, le synthé bourdonne avec un buzz absolument cradingue, et on reconnaît la voix caractéristique entre toutes du chanteur - phrasé avec un fort accent prolo versus hurlements juvéniles totalement éraillés. Le Ep 6-titres est sorti récemment cette année, avec un dessin de pochette en noir & blanc (amusante référence au nom du groupe d'ailleurs).


CROCODYLUS - Social Climber/Camouflage Sp- BARGAIN BIN RECORDS - 2020 X


Crocodylus ! Who are those three funny jerks from Sydney? They seem to be another gang of young happy guys for sure, who perfectly know what good music means, and this single, lately released in 2020 too, shows the full range of their ability : Social Climber, with its heady guitar riff and its penetrating voice, is a really tasty mid-tempo garage pop songs, which suddenly turns into an unexpected indie tune with grungy guitar surges, while Camouflage, on the B-side, stands as a really classy garage punk rocket (think Frowning Clouds, Living Eyes or Crusaders Of Love and you'll get the thing). They clearly found their own sound, a potentiality they were starting to show on their first Lp Enjoy (Bargain Bin Records, 2019). Another sound to add to the beloved Aussie punk swampy waters, but beware the Crocodylus !

Les Crocodylus sont trois énergumènes de Sydney qui n'ont pas l'air de prendre la vie trop au sérieux, mais qui savent parfaitement ce que jouer de la bonne musique signifie ! Et ce single, sorti en 2020, montre toute l'étendue de leur compétence: Social Climber, avec son riff de guitare entêtant et sa voix pénétrante, est un excellent morceau de garage-pop mid-tempo, qui se permet d'exploser en un final indie/grunge assez inattendu. Camouflage, sur la face B, possède quant à lui la classe inhérente à certains titres phares du flower-punk (Black LipsFrowning Clouds, Living Eyes, Crusaders Of Love...). Les trois gars de Crocodylusont clairement trouvé leur son, chose qu'ils avaient commencé à montrer sur leur premier album Enjoy en 2019 (déjà paru sur Bargain Bin Records). 
Un autre groupe à verser dans les eaux marécageuses de garage/punk australien. Attention toutefois aux crocos...


WARM DRAG - Butch Things SP – SIX TONNES DE CHAIR - 2021 X


Who remembers Golden Triangle and K-Holes, two variegated crews showing around New York in the early tenies ? The first combo used to play some festive garage punk songs - the chorus girls touch ? - while the second one had a distinctive noisy/arty/free punk sound, and the twin bands both released a few uncommon records on Hardly Art Rec, Hozac Rec and Rob's House Rec. 
The platinum blond singer of the two bands came back in 2018 with a new project, Warm Drag, a Californian duo compounded with one of the drummers of thee Oh Sees. She was singing and dancing on a lustful way, he was kicking his drum machines, playing the keyboards and dealing with some loops’ samplers, scratchy side-effects, noisy sounds and guitar drones. They recorded a first Lp on In The Red Rec. in 2018, the wavy songs alternatively had a vigorous electro sound then an atmospheric dub one, without falling into some trendy neo-hippy dream pop. Cool thing for sure, but beyond that, the few incursions into some neo-Cramps crawling garage (Some Place I Shouldn’t Be and Cave Crawl) were just awesome.

Three years later, the formula remains unchanged, they seem to have followed the creepy rock'n'roll sound option, and released two highly danceable new songs : Butch Things – check that K-Hole's touch on the saxo arty part ! - and the cover song of Your Thunder And Your Lighting - one of the best tracks Lee Hazlewood ever recorded (listen to the original demo version, post-released in 2002 on the album For Every Solution, There's A Problem (City Slang/Virgin), rather than the 1977's version on the Back On The Street's Lp ; the country/blues sound is much tougher and more catchy). Nancy Sinatra really seems to inhabit, on a  lecherous way, the song laying on the single, and finally, we've got access to a Lee Hazlewood’s cover that isn't once again These Boots Are Made For Walking...
The single was out earlier this year on Six Tonnes de Chair Records x. The French label, located on the Lake Leman's side, has built up for 10 years a nice, multi-faced catalogue (garage, cold wave, post-punk, psyche...) of vinyls' small runs. By the way, they released the 2017's single of our locally beloved Jobourg's Make-Overs. Last but least, they lately co-released, with the Sydney's label Third Eyes Stimuli x, a few records of the flourishing Aussie romantic psyche/flower pop scene (SunFruits, Joe Ghatt (NZ), the Uplifting Bell Ends...), we'll try to talk about that someday too.

Qui se souvient de Golden Triangle et des K-Holes, deux combos assez originaux qui s'activaient du côté de New York au début des années 2010 ? Le premier jouait un garage-punk des plus festifs - sans doute la touche féminine des choristes ? - tandis que le second possédait un son arty-punk/noise/free-punk très spécifique. Les deux groupes ont enregistré quelques très bons disques sur HozacRob's House et Hardly Art Records.
La chanteuse blonde-platine de ces deux groupes nous était revenue en 2018 avec un nouveau projet, Warm Drag, un duo californien monté avec un des batteurs de thee Oh Sees. Elle chantait, tout en dansant de manière très lascive, et lui s'occupait de la partie purement instrumentale (boîte à rythme, claviers, boucles, samplers, effets scratch... et couches de guitare-drone). Un premier album était sorti sur In The Red Records en 2018, sur lequel des morceaux d'électro dynamiques alternaient avec des titres aux accents plus new-wave et dub atmosphérique, sans pour autant verser dans la dream-pop ou le psychédélisme de certains néo-hippies. Un truc plutôt cool dans l'ensemble, mais surtout agrémenté de deux très belles perles (Some Place I Shouldn’t Beet Cave Crawl), qui faisaient quelques incursions dans les sonorités du garage néo-Crampsien.

Joie ! Trois ans plus tard, si le format reste inchangé, le duo semble vouloir poursuivre l'option du rock'n'roll rampant pour son nouveau 45 tours, proposant 2-titres bruts et très dansants : Butch Things, avec un rappel saxo très arty à la K-Holes, et la reprise de Your Thunder And Your Lighting - un des meilleurs morceaux de Lee Hazlewood, qu'il chantait à l'époque avec Nancy Sinatra (à choisir, écoutez la version démo, au son country/blues carrément rocailleux, sortie après coup en 2002 sur l'album For Every Solution, There's A Problem (City Slang/Virgin), plutôt que celle de 1977 de l'album Back On The Street)Quoi qu'il en soit, la lascive Nancy Sinatra semble pleinement habiter cette version des Warm Drag, et on tient enfin une reprise du Grand Lee qui est autre chose que le trop attendu These Boots Are Made For Walking...
Le disque est sorti cette année sur Six Tonnes de Chair Records, label français situé du côté du Lac Léman, qui s'est construit en dix ans un catalogue impressionnant et très hétéroclite (garage, cold wave, post-punk, psyche...) de disques à petit tirage. On notera par exemple le single de 2017 des Make-Overs de Jobourg, ou encore les quelques disques de la florissante et romantique scène flower-pop/psyché australienne (SunFruitsJoe Ghatt (NZ), the Uplifting Bell Ends...) en coproduction avec le label de Sydney Third Eyes Stimuli. On essaiera d'en parler un de ces jours.


THE CHERRY PIES - S/t LP - BEAST RECORDS/SPOOKY RECORDS - 2020 X


Couple symbiosis, romantism of love, sweetness of life... Here comes the Cherry Pies ! 
The band is a Torino duo, the Italian guy plays the guitar - he isn't a novice as he used to play garage punk music with Lame and Movie Star Junkies - and his fellow girlfriend is on the keyboards. They harmoniously sing together some really sweet tunes. 
In fact, the 8-songs Maxi-Ep offers two sides of the band : 4 dreamy ballads (Flower In the Snow, Behind the Trees, Things You Hide, the Seed), versus 4 wavy pop tunes (What Have I Got, Dust And Wolfves, Haunted Like A Beast, Liqueur Amère). And those last ones stand as the fav' ones ; because of the heady guitar riffs and musical arrangements, played on a Morricone way ; because of the harmony of the melodic male/female mixed vocals; because of the rhythm, the drum-machines' tempo or the distinctive organ's sound, that flirt with some exotican Bossa Nova and manage to take us back to the very best of the 90's waves (thinking of the Italian hit Quel Punto by Adriano Celentano, the French band Niagara and Lilicub's Voyage en Italie, or even the most wavy songs of the beloved Warum Joe (Casablanca, Avortons, Jubilee, Rats de Marée...)). Classy and catchy ! 
A bunch of well-known activists, bands and structures, coming straight from the international garage punk scenes of the past two decades, surrounds the project : the Turin's former bands of the guitarist, the musical contribution of a Sardinian member of the Rippers, the support of the highly active French label Beast Records x, the co-release of the record with Spooky Records x - a Melbourne label connected to the Digger & the Pussycats' crew -, and Schmalzgrub Audio Kassetten, a label linked to thee Verduns from Lorraine (Mr Verdun also did the beautiful cover artwork )... Pop music, when properly fixed, may sometimes sound divine. 

Harmonie du couple, romantisme de l'amour, douceur et amertume de la vie... Bienvenus dans le monde des Cherry Pies!
Cherry Pies, c'est un duo de Turin, en couple à la ville comme sur scène, lui jouant de la guitare avec un sens aigu des mélodies - il a été auparavant guitariste dans Lame et Movie Star Junkies, deux groupes de garage-punk italiens assez incontournables - elle pianotant sur un orgue aux sonorités plus qu'envoûtantes. Leur deux voix se superposent harmonieusement et avec justesse sur de très belles chansons douces/amères. 
En fait, ce maxi-Ep 8-titres offre deux aspects du groupe : quatre ballades assez lancinantes et plutôt planantes (Flower In the Snow, Behind the Trees, Things You Hide, the Seed), et quatre morceaux de synth-pop/new-wave entraînante (What Have I Got, Dust And Wolfves, Haunted Like A Beast, Liqueur Amère). Ces dernières restent nos préférées. Sans doute à cause des riffs de guitare entêtants et des arrangements musicaux à la Ennio Morricone. Le chant mixte, mélodieux et harmonique, y est aussi pour beaucoup. Et puis, on retrouve ce son du synthé et cette boîte à rythme, qui flirtent avec la Bossa-Nova, et si typiques du meilleur (comme du pire, ceci-dit) de la new-wave des années 90. On pense au hit italien Quel Punto de Adriano Celentano, à Niagara, auVoyage en Italie de Lilicub, ou même aux morceaux les plus new-wave de Warum Joe (CasablancaAvortonsJubileeRats de Marée...) - le meilleur groupe français de tous les temps, si vous ne le saviez pas... 
Une bande d'activistes, de groupes et de structures, bien connus, venant tous de la scène du garage-punk international de ces vingt dernières années, a pris bien soin du projet : contribution musicale d'anciens membres des groupes turinois du guitariste, bien sûr, mais aussi de membres des Rippers (de Sardaigne), support actif du label français Beast Records, qui a co-produit le disque avec Spooky Records, label de Melbourne lié au groupe Digger & the Pussycats, et Schmalzgrub Audio Kassetten, structure de Lorraine dont le boss n'est autre que Mr Verdun de thee Verduns (il a d'ailleurs signé le magnifique dessin de la jaquette).
Bref, Cherry Pies, c'est la grosse classe, et c'est la preuve que la musique pop, quand elle est jouée proprement, peut sonner divinement. 






Thursday 8 April 2021

Moody Notes : Through The Garden *


Through The Garden



Batsie, the doggy-looking little bat, was nesting under the roof of the open-air veranda. A cutie, that used to make the show every night, crawling out of her tiny hole among green geckos, clumsily taking off, nervously hunting bugs over the garden and coming back to nurse her periodic litter of baby bats. On some daylights, she could stridently shout after them to keep them quiet till their evening flight.She seemed to be kind of an offset, lonely creature, in the margins of the colony of a thousand bats nesting in the old electrical tower of the close neighborhood. Overcrowding ? Secret partner of a bat leader ? Disease, doom or exil ? Human-model transpositions weren't lacking and the unknown explanations of Batsie's weird attitude to her congeners kept me busy from time to time. Whatever ! Despite her beastie smell on the warmest days of the year, we got pretty used to her presence and never had the heart to chase her away. 

Damned pervasive Covid's paranoia, damned pangolin stories, damned parallels between the Chinese mammals and the Reunion ones called tangues ! Those funny local hedgehogs were often snooping around through the garden at night, and sadly for them, their meat was a highly-prized meal among Creole people - definitely not my stuff, I'd far rather watch them walk around. But to get back to the talk, it seemed pretty obvious that a new virus chain was in sight and the next pandemic was on its way for sure ! The frightening vision, at the height of the crisis, of a team of scientists, fully equipped with sanitary dresses, and daily collecting bats from the tower's colony for some blood checks, convinced me to take action : during one of her night flights, I patched the hole of Batsie's empty nest.

It goes without saying that human species is a plague for Nature and nobody escapes the rule. But fair enough, everybody has to pay back someday. Was that my reward for the eviction ? A few hours later, a giant bat - it wasn't our poor little one, but a dominant male for sure - darted down on me and gifted me with the drop, on the feet, of the biggest bat's poo ever seen. Amazing mysteries of Nature and weird Covid's times...

Batsie, c'était le petit nom que les enfants avaient donné à notre chauve-souris - plus précisément un Petit Molosse de La Réunion - qui nichait sous le toit de notre varangue. Chaque soir, elle nous offrait le même spectacle : elle s'extirpait de son minuscule nid, en rampant péniblement au milieu des geckos verts, prenait son envol maladroitement, puis partait chasser avec frénésie les insectes du jardin, avant de revenir porter le produit de sa chasse à sa portée. En pleine journée, on pouvait parfois entendre son cri strident, lancé à ses petits afin qu'ils restent cois jusqu'à la nuit tombée.
Elle vivait en marge de l'énorme colonie de roussettes qui s'étaient établies dans la vieille tour électrique du voisinage. Était-ce l'effet d'une surpopulation ou une preuve d'asociabilité ? Un exil ou une malédiction ? Une mise à l'écart en raison d'une maladie ? Transposer la psychologie humaine et nos modèles sociologiques, et essayer de trouver une explication rationnelle à son attitude décalée vis-à-vis de ses congénères m'occupait régulièrement l'esprit.
Quoi qu'il en fût, et malgré une odeur bestiale prononcée les jours de fortes chaleurs, nous nous étions habitués à sa présence et nous n'avions jamais eu à coeur de la chasser. 

Saloperie de Co-Vid, foutues histoires de pangolins, maudits parallèles établis entre ces mammifères chinois et ceux, vivant à la Réunion, appelés tangues ! Ces petits hérissons réunionnais furetaient souvent la nuit dans notre jardin, et malheureusement pour eux, continuaient de constituer un mets de choix pour les locaux - nous préférions, pour notre part, les laisser vaquer librement dans la nature.
Chauve-souris, tangues, viande de braconnage, etc... Il paraissait évident qu'un nouvelle chaîne virale pouvait en mettre en place à tout moment sous nos yeux. Au plus fort du confinement, la vision glaçante d'une équipe de scientifiques, équipés de combinaisons étanches et collectant des roussettes issues de la colonie voisine, pour analyser leur sang, acheva de me convaincre de passer à l'action : profitant d'une chasse nocturne de notre Batsie, et après avoir vérifié que son nid était vide, je me décidais à en boucher l'entrée.

Il va de soi que l'espèce humaine est un fléau pour la Nature, et que personne n'échappe à la règle. Et inutile de se leurrer : nous en paierons tous le prix un jour ou l'autre. Était-ce la réponse à son éviction ? Quelques heures plus tard, une chauve-souris géante - non, ce n'était pas notre Batsie, mais sûrement un quelconque mâle dominant - me fonça dessus et me gratifia d'un jet, sur les pieds, d'une énorme déjection. Mystères de la Nature, en cette drôle de période de Co-Vid...


A national lockdown had finally been settled around mid-March 2020. I liked imagining it was kind of a one-month sentence for everybody, perhaps the last chance to think over our relation to Nature and to stop the unstoppable machine. It wasn't that much unpleasant: free time and quietness, daily naps among birds' peeps, reading (again) of the Camus' hot-topic La Peste or some Dino Buzzati's novels, new family's organization, new start, on healthy bases, with my loved ones, at least for a little while.
Even if it was pretty despairing to check again the famous French arrogance (of course, we were going to deal with that flue much better than our Italian neighbors), to see the daily mismanagement, contradictory decisions and significant unpreparedness of our leaders, a proper reality to any crisis in fact, and on the top of that, to hear their worst shameful lies ever (we don't have any masks and you won't need them), it was pretty reassuring to notice that humanism had still a place in our social democracies. The tenuous balance between liberty and health protection we could find there had nothing in common with the strong handling carried by most of the worldwide dictatorships or the criminal laissez-faire in alt-right populist countries. 
It was also pretty soothing to understand the way we were following. In his analysis The Hammer and the Dance, Tomas Pueyo had clearly showed, on a pretty positive, factual way, what would the mid-terms plans look like, till a vaccine campaign could be set : series of strong containments of the most contagious waves (the hammer), coupled with some continuous little adjustments to the virus' spread (the dance). 

The high distance between La Reunion and the mainland may often be seen as a disadvantage, the island is always behind schedule, or even worst - or better, according to one's mood - out of time. But for once, it turned into a real advantage, the late arrival of the virus, followed by the mid-March lockdown, saved us from the first wave. Despite a few critical cases, no death was reported and the crap seemed to stand away from us. Austral winter arrived on a virus-cleared island, everybody was ready to size any opportunities to celebrate and to forget the episode. 
Our forgiving little Batsie even came back and found a new nest in a hole under the same roof.

Un confinement national d'un mois avait finalement été décrété vers la mi-Mars. J'aimais me l'imaginer comme une sorte de condamnation généralisée décidée par Mère Nature. La dernière chance qu'Elle nous offrait pour réfléchir à notre rapport avec Elle et Lui offrir un peu de répit. Un moment qui ne fut pas déplaisant pour autant : temps libre, calme ambiant, pépiement des oiseaux, siestes quotidiennes, re-lectures de La Peste de Camus ou des nouvelles naturalistes de Dino Buzatti - on ne faisait pas mieux niveau actualités - et routine familiale ré-organisée. C'était, en quelque sorte, toute une organisation à repenser, presque un nouveau départ, sur des bases plus saines, avec ses proches... Ça allait durer et nous nous sentions prêts. La voie que nous étions en train de suivre était claire. Dans son analyse, Le Marteau et La Danse, Tomas Pueyo avait montré, d'une manière factuelle et assez optimiste, ce à quoi allait ressembler notre vie quotidienne à moyen terme, jusqu'à ce qu'un vaccin fût trouvé : une série de mesures de confinement fortes pendant les pics de contagions (le marteau), couplées à des ajustements moins liberticides en fonction la propagation du virus (la danse).
Même s'il était encore une fois particulièrement désespérant de constater la fameuse arrogance française - nous allions bien sûr bien mieux gérer cette épidémie que nos voisins italiens ne l'avaient fait - ou d'assister aux tergiversations, à l'impréparation et à l'incompétence notoire de nos dirigeants - une réalité propre à chaque crise finalement - et surtout, d'entendre leurs mensonges éhontés (personne n'avait besoin de masques !?) - il était plutôt rassurant de voir que l'humanisme avait encore toute sa place dans nos sociétés démocratiques. L'équilibre précaire entre les libertés individuelles et la protection des plus faibles qu'on y trouvait, n'avait rien de commun avec les différentes manières de gérer la pandémie à travers le monde : traitement brutal dans la plupart des dictatures, ou véritable laisser-faire criminel dans les pays dirigés par les nouveaux populistes de l'alt-right.

L'éloignement de la Réunion peut souvent être considéré comme un inconvénient, l'ile a pris l'habitude de suivre l'actualité mondiale avec détachement et un certain retard, voire pire - ou mieux selon son humeur - elle semble constamment décalée et hors du temps. Mais pour une fois, ce fut un réel avantage. L'arrivée tardive du virus, suivie par le confinement national - donc applicable localement - nous sauva de la première vague. Malgré quelques cas critiques, aucun décès ne fut signalé, et cette saloperie semblait vouloir se tenir à l'écart. L'hiver austral arriva donc sur une île libérée du virus, où tout le monde se sentait d'humeur festive et prêt à oublier l'épisode. Même notre petite Batsie, décidément prompte à pardonner, revint et se trouva un nouveau nid sous le toit de la varangue.


* Lewsberg's song
* Lewsberg pour le titre