Monday 6 December 2021

Gigs' Reviews : A night in Marseille (Part I) - Yann Cleary at Lollipop Music Store - 26th of Novembrer 2021



X


The freezing Mistral wind was blowing over the city. The central district, where I had booked a room, was offering the vision of an end of the Western civilisation : neglected buildings, pervasive poverty, invading dirtiness, loads of homeless, starving migrants begging for some food... Was that what was remaining from the second town of France ? A kind of Third World city? Add to this that Zemmour, the neo-fascist guy who would probably become the next French president, was also in town, blaming all politicians and shouting after fifty years of French social-democratic carelessness, and the punk frame was all set down. 


Lollipop Music Shop

Between two wobbly buildings covered with scaffolds and forestays, the little Lollipop Music Shop x was still standing up, facing up the global collapse. Rock'n'roll was said to be the last adventure of the modern world, wasn't it ? The shop was the kind of friendly, warm place that immediately made me feel better : good music, associative bar with regular customers, trays full of 7inch vinyls, nice talks with the shop seller, a rocker in his late forties who was trying to weigh my taste :
- What's that record behind you ?
- Oh, that's the Olivensteins, one of the best French punk band, ever! A must-have !
- Well, not this one... The one alongside...
- Ah ok, désolé ! That's a French singer, he sings like Daho, he used to sing in a rather unknown punk band a few years ago.
- Gossh ! You describe me the guy in Police Control, don't you ? May I check that, please ?
Et Cetera... I even managed to leave there the very last copies of the first issue of my fanzine. 

I also had the uninhibited joy to discover that the pocket book Pachuco Hop (Mono-Tone Editions, 2020) had finally been released. It was the compilation of all the disillusioned, but so hilarious rock'n'roll reviews, written by Pascal Escobar in the French fanzine Dig It ! The author, who used to play the guitar in Bleifrei and Gasolheads, was part of a new generation of French writers who had roamed the punk slums since the early 90's : Frédéric Ploussard (Mobylette, Babelio Ed.), Thierry Pelletier (Les Rois du Rock, Libertalia Ed.)...

Talking about Bleifrei, Gasolheads, Sugarfix... All those bands from Marseille had released their first records on Lollipop Records in the late 90's and I had discovered them via the mailorder list of Dialektik Records when I was a huge fan of Zabriskie Point. A bunch of great 77-punk records followed (the Hatepinks, the Neurotic Swingers, the Wild News' compilations, the Briefs' re-releases, the Aggravation...) and definitely broadened my disc collection, before I moved to some more international labels... 

Yann Cleary's Show.

With the night, a small crowd of rockers with grey hair gathered in the shop for the showcase of the local artist Yann Cleary, a smart looking-like guy with a humble, kind attitude. He played a 45-minutes set of sensitive pop and intimist folk, while standing-alone with his guitar and singing, with a perfect English accent, some epic adventures from his lost life in Japan. The whole thing had the pleasant side of some nostalgic songs of Jonathan Richman, coupled with the voice of the singer of Supergrass. Special mention for the banjo play of his most famous song NES My BFF. He released his first Lp, Tokyo, in 2015 on Sounds Like Yeah ! Records x, the label of Laurent Garnier himself and two friends of him.

The disruptive dive back into the gloomy streets of Marseille, was a total contrast with the moving, perched show of Yann Cleary, or with the peaceful, quiet stay in the Provence hinterland of the week.





Un Mistral glacial soufflait sur la ville. Le quartier, pourtant assez central, dans lequel j'avais loué une chambre, offrait une image de fin de civilisation : partout, des bâtiments délabrés, des détritus jonchant les trottoirs, une pauvreté rampante, des bataillons de sans-abris et de migrants affamés, mendiant honteusement quelques piécettes pour survivre... C'était donc ça, la seconde ville de France ? Une ville totalement tiers-mondialisée ? Ajouter à cela que Zemmour, un journaliste aux idées néo-fascisantes, et qui avait toutes les chances de devenir le futur président d'une République plus que chancelante, était en déplacement dans la ville ce jour-là, fustigeant cinquante années de négligence sociale-démocrate et vilipendant toute une classe politique, responsable à ses yeux du déclin de la France, tout en offrant quelques doigts d'honneur bien dressés à quelques rares opposants, et le cadre était posé pour une soirée qui s'annonçait pleinement nihiliste et No-Future.


La Boutique Lollipop Music.

Entre deux immeubles branlants, couverts de barres d'étais et d'échafaudages, la boutique Lollipop Music semblait pourtant encore résister à l'écroulement généralisé. Le rock'n'roll n'était-il pas la dernière aventure du monde civilisé *?
C'était ce genre de d'endroits, accueillants et chaleureux, qui vous faisaient immédiatement vous sentir un peu mieux : de la bonne musique, un bar associatif, des clients réguliers, des bacs remplis de 45 tours, quelques bavardages avec un patron, rockeur à la quarantaine bien tassée, qui essayait d'évaluer mes goûts :
- Oh, c'est quoi ce disque derrière vous ?
- Ça, c'est la ré-édition du 45 tours des Olivensteins, un grand classique du punk français...
- Oui... Enfin, pas celui-là. L'autre, à côté...
- Ah ok, désolé ! C'est Ray Jane, un français qui chante comme Daho, il jouait dans un p'tit groupe punk il y a quelques années.
- Sans dec ? C'est pas le chanteur de Police Control ? Je peux le voir?
Et Cetera... J'avais même réussi à lui laisser les toutes dernières copies du premier numéro de mon fanzine...

Immense plaisir, aussi, d'y découvrir que Pachuco Hop avait enfin été publié (chez Mono-Tone Editions, en 2020). C'était une compilation de toutes les chroniques rock'n'roll que Pascal Escobar avait publiées dans le fanzine Dig It!. Il s'agissait de nouvelles particulièrement désabusées, avec déjà en toile de fond une ville de Marseille complètement déglinguée, écrites avec une écriture vive et caustique. L'auteur, qui avait été guitariste au sein des Bleifrei et de Gasolheads, semblait enfin émerger, aux côtés de toute cette génération d'écrivains qui avaient écumé les bas-fonds de l'underground du punk français depuis le début des années 90 : Frédéric Ploussard (Mobylette, Babelio Ed.), Thierry Pelletier (Les Rois du Rock, Libertalia Ed.)...

Juste un petit mot, en passant, sur les Bleifrei, Gasolheads, et autres Sugarfix... C'est justement chez Lollipop Record que tous ces groupes avaient sorti leurs premiers disques au milieu des années 90. Je m'étais pris cette vague punk marseillaise en pleine face, entre autre grâce à la distro de Dialektik Records, à une époque où je ne jurais que par les Zabriskie Point. D'autres excellents groupes punk 77, sortis sur le même label, et avait ensuite sensiblement étoffé ma collection de disques naissante : les Hatepinks, les Neurotic Swingers, les compilations Wild News, les ré-éditions des Briefs, les Aggravations...

Yann Cleary en concert.

Avec la nuit, une petite foule de rockeurs, aux cheveux grisonnants, commença à se rassembler dans la boutique pour le showcase de Yann Cleary
L'artiste local, la petite quarantaine sans doute, avait à la fois une allure très élégante et un air humble et affable. Il se lança rapidement, debout, seul avec sa guitare, dans un set émouvant de 45 minutes, mélangeant musique pop sensible et folk confidentielle, en chantant en anglais, avec une voix à la Supergrass et un accent parfait, les épisodes amoureux d'une vie passée au Japon, et qui semblaient désormais tristement révolus.
On retrouvait, dans son univers, un peu ce côté plaisant et empreint de nostalgie, des morceaux de Jonathan Richman
Enfin, mention spéciale à NES My BFF, sans doute son meilleur morceau, exécuté d'une main de maître au banjo. Le titre, dont on peut voir le clip vidéo sur le net, figurait sur son premier album, Tokyo, sorti en 2015 sur Sounds Like Yeah! Records, le label de Laurent Garnier lui-même (et de deux de ses potes).

Le retour brutal dans les rues d'un Marseille glauquissime et perturbant marqua un contraste net avec le concert, intimiste et vaguement planant, donné par Yann Cleary, ainsi qu'avec le séjour, plus que paisible, que je venais de passer dans l'arrière-pays provençal.