Thursday 3 December 2020

Blast From The Past : Hot Days and other London's Wild Things ! (The Troggs - Summer 2001)


Time to wake up, Sir ! It had become kind of an accurate routine at dawn  : once again, the two laughting bobbies patroling Russel Square were cleaning up the park from its summer sleepy tramps. The daily erasing operation of all the marks of misery, ugliness and decline nesting at night in the London’s bourgeois districts... 
Sleeping outside ? I wasn’t broke that much, the choice was much more made for some dumb personal reasons : the desire to feel the heart of the city and the thrill of the urban night-life, the wish to track the few remaining ashes of the No Future years, the urge to avoid my British landlady - a Barbara Cartland’s clone -, which far-away house was grossly trickling with pink carpets, wallpapers and sofa, a freaking pink everywhere but in her paranoid head - and finally, maybe a misplaced need to face the have-nots’ hard life and find a less trivial explanation of the harsh social reality of our modern societies than the binary one offered by the struggle class rhetoric - a sticky glueing thing for sure ! 

As a matter of fact, the six-weeks stay in the British capital quickly turned into an unwholesome descent towards the borderlines of my mind. In hindsight, it’s pretty interesting to look back at the evolution of one’s mental state in such situations. How the powerful feeling of freedom - that everything-seems-possible idea - and the enthusiastic thirst for life, full of parties, drinks with close friends, chats with student girls and kisses to enamoured English teachers, abruptly switched on, because of a consequent use of weeds, alcohol and sleep deprivation, into a reckless nihilism and a strictly asocial attitude. How everything quickly crashed into a nagging depression and a deep misanthropy. I wanted to connect with the No Future punk atmosphere, I was deeply in and it reached a final apotheosis with the mesmerizing spread of the cops’ yelling sirens, like on a doomsday scenario, all over the scared city the whole night of September the 11th...
That strange cocktail of lonesome wolf’s attitude, don’t care behavior, melancholic vagrancy and crass struggle, went along with me during the main part of my journey. Spinoza Encule Hegel and other JB Pouy’s novels in the pocket, songs of Camera Silens and Bulldozer plugged into the ears, I was roaming alone the weeds’ experimental coffee shops in Brixton, the Jamaican sound systems in the gloomy bars of Notting Hill, the Camdem Town’s dirty punk & psycho gigs, but also most of the pubs of the sea-side town of Brighton in the vain search of that obsessing Brazilian tattooed girls bumped on a riverboat party.

I went to my final gig at the famous 100 Club with the state of mind of a decadent loser. They were celebrating the quarter century’ s birthday of the punk explosion with a bunch of bands from the early 80’s. The reformations had been the huge trend since the Holidays in the Sun festival in Blackpool and all those mythical British punk bands were jumping on the opportunity, but, despite the pleasure to see live 999 and One Way System, or to hear the Warriors’ cover of Violence in our Minds or the Tv Smith’s compulsory Bored Teenagers, my global mid-twenties feeling was that it was just another nostalgic meeting of veterans playing for a mid-life assistance, all gathered here to try to keep alive an outdated folklore and a flickering flame. The fresh vitality and the blasting spark of the beginnings seemed to have been vanished for long. When some 60-year-old guys entered the stage, I thought we were reaching the (black) bottom. In fact, the Troggs brightly brought me an adequate positive conclusion to my London stay.


It is said that the age of 60 is the age of achievements and happiness. The Troggs gave me that day one of the best lesson of life and rock’n’roll. Such a pleasure of playing and a scenic serene presence ! Such an elegance and a coolness in their attitude ! Such a confidence in their awesome mixture of wild 50’s rock, distinctive British 60’s beat, glamy 70’s proto-punk sound, vivid Mods touches and British punk energy ! Four decades of the very best of the rock’n’roll were packed together. And what a haunting, nervous, rough crooner voice of the lead singer, Reg Presley - Rest In Peace, King of Hampshire ! 
Everybody knows their Wild Thing 1966 song, a hit to file alongside with some of the Kinks or the Zombies most famous ones, but they also vividly managed to go on their own way through the years after that. The songs Little Pretty Thing and Hot Days, laying on their Black Bottom Lp (New Rose Records - 1981) may give an idea of their sound that night. A top album that still makes me look back at that London by-gone time with an amused nostalgia.

C'est l'heure de remballer vos affaires, Monsieur ! Je commençais à m'habituer à cette douce ritournelle en guise de réveil : lorsque pointait l'aube, la patrouille de bobbies, toujours ponctuelle, vidaient Russel Square de ses derniers clochards encore somnolents. C'était le nettoyage matinal, la kärchérisation diraient certains, de toutes les marques de crasse, de misère sociale et de déclin civilisationnel, qui investissaient, chaque nuit d'été, les parcs des quartiers bourgeois londoniens… 
Dormir dehors, en plein Londres ? Je n’étais pourtant pas si fauché... On pourrait parler d'insouciance sans doute, mais aussi du désir de sentir vibrer le coeur de la ville, de goûter pleinement à sa vie nocturne, et la volonté d’y pister les dernières traces des années No Future du punk...Le besoin, aussi, d’éviter au maximum ma logeuse, clone paranoïaque et barrée de Barbara Cartland, dont l’appartement, en plus d'être situé loin de tout, dégoulinait d’un rose totalement flippant - du rose partout, des canapés aux moquettes, du papier peint aux toilettes, l’angoisse absolue ! Et puis, il y avait, au fond de moi, cette envie de se confronter à la réalité sociale de nos sociétés modernes, d'essayer d'en comprendre les rouages, pour, peut-être, y trouver une explication, qui serait, pour une fois, moins triviale et binaire que celle habituellement fournie par la rhétorique de la lutte des classes - le genre de truc qui vous colle aux basques et ne vous lâche plus la grappe !

Forcément, au bout de six semaines de ce rythme, je m'étais inextricablement enfoncé dans un drôle de chaos mental, et la folie semblait imminente. Le puissant sentiment de liberté, initialement ressenti, l'enthousiasme et la soif de vie - la fête omniprésente, les bières avec les potes, la drague des étudiantes, les baisers volés à des prof d'anglais énamourées, etc... - avaient brusquement laissé la place, sous l'effet d'un excès de drogues, d'alcool et d'un manque de sommeil, à une misanthropie sévère, à un nihilisme irraisonné et à un début de dépression. Je voulais du No Future, j'étais servi ! L'apothéose fut atteinte, durant cette mémorable nuit du 11 Septembre 2001, où, comme dans tout bon scénario catastrophe, la ville entière, plongée dans la peur des attentats, fut recouverte par les hurlements assourdissant de sirènes.
Cet étrange cocktail de posture conquérante, de je-m'en-foutisme décadent, d'errance mélancolique, et de lutte des crasses désabusée, accompagna donc une bonne partie de mon périple londonien. Spinoza Encule Hegel, de JB Pouy dans la poche, les albums des Bulldozer et Camera Silens collés à fond dans les oreilles, j'écumais, en mode loup solitaire, les bars à weed expérimentaux de Brixton, les sound systems jamaïcains dans des tripots sinistres de Notting Hillles concerts punk et psycho de Camdem Town, mais aussi, la majorité des pubs de la ville côtière de Brighton, à la recherche, romantique mais vaine, de cette brésilienne obsédante, et intégralement tatouée, croisée un soir sur une péniche.

C'est donc dans cet état d'esprit que j'abordais le dernier concert de mon séjour. Le fameux 100 Club avait invité quelques groupes mythiques des années 80 pour célébrer les 25 ans de l'explosion du punk en Angleterre. La tendance de l'époque était aux reformations, tous les anciens groupes punk se jetaient sur l'occasion de rejouer - le festival Holidays in the Sun, qui se tenait tous les ans à Blackpool, en était d'ailleurs le parfait témoignage. 
Mais malgré le plaisir de voir 999 ou One Way System sur scène, d'écouter les Warriors reprendre le génial Violence In Our Mind, ouTv Smith continuer de chanter son Bored Teenagers, j'avais le sentiment, du haut de mes 25 ans, d'assister à une réunion d'anciens combattants, nostalgiques d'une époque révolue, et tous réunis là pour préserver un folklore désuet et garder vivante une flamme plus que chancelante. La vitalité, la fraîcheur et l'énergie des débuts du mouvement semblaient avoir bel et bien disparu. En voyant monter sur scène les quatre soixantenaires décrépis des Troggs, il me semblait bien qu'on n'allait pas tarder à toucher le fond. J'avais tort.

The Troggs

On dit que 60 ans, c'est l'âge de l'accomplissement personnel et du bonheur.
 Les Troggs me donnèrent ce jour-là une formidable leçon de vie, et de rock'n'roll. Quelle présence scénique, quel plaisir de jouer, qui irradiait leur visage, quelle sérénité affichée, quelle élégance et quelle assurance dans leur attitude ! 
Tout le monde connait Wild Thingleur hit de 1966, qu'on peut ranger du côté de certains tubes des Zombies ou des Kinks. Les Troggs avaient ensuite réussi leur traversée des année 70, non sans mal, et en 1981, l'excellent LP Black Bottom, sorti sur New Rose Records, avait relancé un temps leur carrière. 
L'écoute régulière de cet album me replonge, avec une certaine nostalgie, dans la période londonienne de ma vie, puisqu'il donne un aperçu fidèle du son qu'ils avaient produit ce soir-là, vingt ans après sa sortie : un mélange, unique et équilibré, de rock 50's, de British beat des 60's, de sonorités proto-punk et glam des années 70, accompagnés par l'énergie du punk et du mod-revival britanniques. Sans parler de la voix de crooner, habitée et nerveuse, du chanteur - repose en paix, Reg Presley! Les Troggs nous avaient ainsi offert un condensé de quatre décennies de rock'n'roll, et ce show concluait mon séjour à Londres d'une manière merveilleusement positive.




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