Wednesday 16 December 2020

Turning Round On The Turntable : Dennis Cometti, Deedee And The Abracadabras, Stiff Richards, the Stroppies, Frankie Traandruppet



Last batch of the year with three Aussie combos (Yeap ! Again ! Who can deny they currently get the pot ?), a French band and a Belgium one. Hope you enjoy your 2020 year, no doubt 2021 will be another shitty one ! Hopefully, a few important things still remain : family, friends, derision and self-mocking, beers and our so beloved music : punk and rock’n’roll will indeed keep on going to give us the perfect soundtrack till the end (ours or whichever one). Well, see you soon and Happy New Year anyway !

Vous avez aimé 2020 et sa crise sanitaire ? Et bien, aucune raison que 2021 ne soit aussi merdique! Alors, on se raccroche, comme on peut, à tous ces petits instants de bonheur que la vie veut bien nous apporter : la famille, les copains, l'humour et l'auto-dérision, la bière, et cet amour immodéré pour notre musique, le punk et le rock'n'roll, qui fournira la bande-son idéale jusqu’à la fin - la notre, ou peu importe laquelle. Dernières chroniques de l’année, donc, avec trois groupes australiens (oui, oui, l’Australie continue à rafler la mise...), un français et un belge. Bonne écoute, et bonne année quand même !


DENNIS COMETTI - S/T Lp - BARGAIN BIN REC. - 2020 x


The band is a punk trio (drums/bass/guitar) from Perth and the location matters a lot : they look like some Aussie West Coast slackers, love their suburb and its local pubs, speak a Western Australian slang, seem pretty confident and proud of their offset leave-us-alone attitude and are huge supporters of their domestic footy club - Australian Rules Football seems to be the sport thing around there, and even the name of the band refers to a regional player/sport-caster of this game. 
In a few more words, they gladly promote their local particularisms and give a huge fuck to the Aussie federal state (National Rugby League, federal Tax System, politicians who still deny the results of a previous referendum for WA-xit, and on a funnier caustic way, the standardization of the Aussie beer glasses’ capacity – beware bartenders, they are the Pint Police !). For sure, a worldwide, endless debate about global uniformisation, and the peoples’ rights to self-determination versus the indivisibility of the nations (Anglo-Saxon federalism, French Jacobism…). Which way to go ?, used to say a legendary Aussie band... Not beyond the point where any kind of nationalism start, as far as I'm concerned.

The music ? As soon as the very first chords, played on a Chuck Berry wild style by a mesmerizing blue Phantom guitar, are launched on the killer punk song WA-xit - add to this a street-punk sounding bass, a warm nervous voice and some adequate choirs -, a dumb smile immediately prints the face and the head can’t help wagging up and down. Is that a Pavlovian reflex ? The same instinctive behavior applies further on with Spoked, (I 8 the) CBD and Bali Belly. Dennis Cometti got the thing for sure !
The five other songs (Sunnie Tan, Deadshit, Pint Police, No Stress and SK8) have perhaps a more conventional punk sound, but they still stand as awesome tunes which could be put alongside with the Spits (that SK8’s cover !), the Rip-Offs’ family or the Chats’ one. By the way, the famous Sunshine Coast’s band released this 9-songs Lp on its label Bargain Bin Records x. The lyrics are included and the vinyl beautifully wears their footy club’s blue & white colors !
Jump on that !

Dennis Cometti, c’est un combo de la périphérie de Perth. Le lieu a son importance. Les trois membres du groupe ont le profil typique de ces p 'tits durs prolo-nihilistes de la côte ouest de l’Australie, sûrs d’eux, qui n’aiment pas recevoir d’ordres, surtout de la part de bobos moralisateurs, et plutôt fiers de leur mode de vie décalé, de leur banlieue, de son argot et de ses bars. Pour apporter la touche finale au tableau, ce sont aussi de grands supporters de l’équipe locale de footy - le football australien semble être LE sport dans ce coin - et d’ailleurs, le nom du groupe fait référence à un ancien commentateur sportif de ce jeu à Perth : Dennis Cometti.
Cette défense de leurs particularismes locaux s’accompagne d’une critique véhémente du fédéralisme australien - la Ligue Nationale de Rugby, le système fiscal fédéral, la négation des résultats d’un référendum d’auto-détermination par le gouvernement central (d’où leur cri du coeur avec leur fameux WA-xit), ou encore, sur une note plus humoristique, la standardisation du système métrique australien - message aux barmans de leur banlieue, ils se revendiquent de la Pint Police, et ils sont particulièrement vigilants au bon dosage de leurs bières ! 
On retrouve donc, avec Dennis Cometti, un parti pris dans ce débat universel, sans fin et vieux comme le monde : où mettre le curseur entre le principe d'indivisibilité des nations (fédéralisme anglo-saxon, jocobinisme français...), et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ? La réponse restera à jamais insoluble. Mais une chose est sûre, en ce qui nous concerne : pas au delà d'où commence le nationalisme, quel qu'il soit...

Mais si l'on parlait plutôt de musique, non ? 
Dès que les premiers accords, lancés par le guitariste/chanteur sur une magnifique Phantom Blue Vox, dans le plus pur des styles Chuck Berry-ien, retentissent sur le génial WA-xit, un réflexe pavlovien bien connu refait surface immédiatement : la tête ne peut s'empêcher de balancer frénétiquement de bas en haut et un sourire niais et béat s'affiche. Le même genre d'instinct primaire apparaît un peu plus loin sur les titres Spoked(I 8 the) CBD et Bali Belly. Si l'on ajoute à cela une rythmique lorgnant vers le street-punk, la voix chaude du chanteur et les choeurs bien placés, le constat est bien là : le trio Dennis Cometti maîtrise son affaire !
Les cinq autres morceaux (Sunnie TanDeadshitPint PoliceNo Stress et SK8), malgré un son punk peut-être plus convenu, n'en demeurent pas moins plus que recommandables, et font penser à des groupes comme les Spits, dont ils reprennent d'ailleurs le fameux SK8, les groupes de l'écurie Rip-Off Records ou les Chats. Pas étonnant, alors, de retrouver les neuf titres de ce Lp sur Bargain Bin Records, le label des gars de Sunshine Coast. 
Les paroles, politisées mais non dénuées d'humour, on l'a vu, sont incluses, et on admirera la chouette pochette aux couleurs de leur club local de football australien. Allez, on se fait plaisir et on saute là-dessus !


DEEDEE AND THE ABRACADABRAS - S/T Maxi-Ep - LE CEPE REC./KIDS ARE LO-FI REC./BLUE END REC. - 2020 x


Wanna add the Froggy grandson’s card to the 1.2.3.4-punk family ? Good pick with the Parisian crew DeeDee And The Abracadabras ! The references to their renowned ancestors are pretty clear, but they also manage to take us back with delight into the garage-punk sound of the glorious noughties (Jay Reatard, the Carbonas, the Kidnappers, the Manikins…) : super-efficient melodies with touches of KbD punk, 100 beats per minute fast tempo, sharp guitar riffs, nervous bass, Alan Kan-like vocals coming straight from the guts, powerful choirs, good wankers’ looks and pretty decadent attitudes, dark lyrics, a gloomy album’s cover, and last but not least, a disturbing theatrical side (jerky robotic boogie of the side-dancer in crow’s clothing, recurring cries of the bad-omen bird...)
Three emerging labels released this 9-songs Lp a few months ago: Le Cèpe Records x (check their recent releases Cloud Factory and Foggy Tapes - parts of the thrilling new generation of Toulousan punkers -, Double Cheese, We Hate You Please Die, Los Scallywaggs…), Blue End Records x (Caribou Batard) and Kids Are Lo-Fi Records x (Johnnie Carwash !). Who said that French punk rock was moribund ?

Dans la famille du punk 1.2.3.4., je voudrais le fils ! Bonne pioche ! 
Avec la clique parisienne des DeeDee And the Abracadabras, les références à nos bons vieux Ramones sont multiples (nom du groupe, clins d'oeil à certaines morceaux, genre musical, etc...). Mais ils établissent également un lien fort avec le son du garage-punk des années 2000 (Jay Reatard, les Carbonas, les Kidnappers, les  Manikins…) : mélodies efficaces, avec quelques touches de punk KbD, tempo rapide, riffs de guitare tranchants, lignes de basse nerveuses, voix à la Alan Kan qui sort des tripes, choeurs puissants... On notera aussi leur look de branleurs décadents, la noirceur des paroles et de la pochette de l'album, et cerise sur le gâteau, la théâtralisation de leurs shows (un danseur, déguisé en corbeau, et imitant les cris stridents de l'oiseau de malheur, semble les accompagner dans une transe très hypnotique).
Trois labels français émergents ont produit les neuf titres de ce Lp : Le Cèpe Records (dont on écoutera avec intérêt les dernières sorties : Cloud Factory et Foggy Tapes -deux groupes de la nouvelle génération de rockeurs toulousains - mais aussi Double CheeseWe Hate You Please DieLos Scallywaggs…), Blue End Records (Caribou Batard) et Kids Are Lo-Fi Records (Johnnie Carwash!). Qui a dit que le punk rock français était moribond ? 


STIFF RICHARDS - State Of Mind Lp - LEGLESS REC. - 2020 x


Guess what ? Melbourne is back again around here ! Stiff Richards, the 5-pieces’ band from that rock’n’roll town has a damned good recipe to shake the daily sticky gloom : a ladle of greasy Australian punk in the rhythmic section, another dipper of Scandinavian death punk in the guitars, a large spoon of Washinghton DC HxC in the aggressive approach and screaming vocals, and some more welcome flavored toppings of Aussie post-punk on the fav’ ones (Point Of You, State Of mind, Going Numb). Stiff Richards is somewhere a tasty medley of the Onyas, Turbonegro, the Hellacopters, Minor Threat and Eddy Current Suppression Ring… The gigs must be violently crazy and the pits sweaty ! 
This 9-songs third album was self-released on Legless Records x, the Melbourne uprising label with guaranteed tastes, federating a wild bunch of fast-tempo punk bands (Tony Dork, Gee Tee, Cutters, COFFIN, Satanic Togas…) and some pretty annoyed guys, all ready to give a perfect leave-us-alone lesson to the whole shitty Tought Polices of the world ! 

Devinez quoi ? On va encore parler de la scène punk australienne ! Pourquoi se gêner, vue qu'on ne s'en lasse pas ?
Cette fois, il s'agit des Stiff Richards, un groupe de Melbourne qui nous fournit la recette idéale pour affronter le morosité ambiante : une grosse louche de punk graisseux australien pour la section rythmique, une autre de death-punk scandinave dans les guitares, une bonne cuillerée de hardcore made in Washington DC dans l'approche agressive et le chant hurlé, le tout nappé d'une onctueuse couche de post-punk australien sur leurs meilleurs morceaux (Point Of YouState Of mindGoing Numb). Ouais ! Stiff Richards, ça a à la fois le goût des Onyas, de Turbonegro, des Hellacopters, de Minor Threat et d'Eddy Current Suppression Ring.
Ce troisième album 9-titres a été auto-produit par Legless Record. Le label de Melbourne, devenu en très peu de temps un incontournable du punk australien, enchaîne depuis deux ans les sorties vinyliques de groupes tubesques (Tony DorkGee TeeCuttersCOFFINSatanic Togas, les compilations GTRRC…), tout en organisant un paquet de concerts remuants, et fédère une jolie clique de gars bien énervés, que l'on s'avisera de ne pas trop titiller, et tous prêts à donner la plus belle des leçons à toutes les polices de la pensée (Tought Polices!) de la planète.


THE STROPPIES - Look Alive Maxi-Ep + Hangin’ Round Sp - TOUGH LOVE RECORDS - 2020 x


Melbourne once again with the Stroppies’ Maxi-Ep, but this time with a rather more confidential atmosphere : Velvetian galloping pop, touches of psychedelia, quick immersions in the British post-punk sound, slow pop love stories… Controlled tempo and laid down bass, clear sound on the folk guitar, adequate lead guitar solo, 70’s synthesizer or haunting piano parts, female and male melodious vocals’ changeovers, intense choirs… Pretty metaphoric and poetic lyrics (included), a global melancholy at every stages, but also some openings to hope and light, and a few additional depiction of emotion-free situations, arty front-cover... Look Alive, released on the London Label Tough Love Records x this summer, is a very accomplished and multi-faced mini-album !
Ornamental Tone, laying on the third Anti Fade Records’ compilation (The New Center Of The Universe), tickled our ears in 2018, and, as one of the Stroppies’ singers was part of Program, which killer Show Me Lp (Anti Fade Records again) was reviewed around here earlier this year, it was pretty difficult not like this one. Try also to get their heady cover of Lou Reed’s Hangin’ Round, standing on the «collector» side-single, a jumpy proto-punk little masterpiece full of a Shifters-like nonchalance. 
The Stroppies ? A new astonishing band to add to the Melbourne’s endless nebula !

On reste à Melbourne, mais cette fois, on s'immerge dans une atmosphère beaucoup plus confidentielle : le nouveau Maxi-Ep des StroppiesLook Alive !,nous offre en effet tout un panel de sonorités pop galopantes et Velvet-iennes, agrémentées de quelques touches de psychédélisme, de post-punk anglo-saxon et de pop bricolée maison. Le tempo est parfaitement contrôlé, la basse très posée et le son de la guitare folk clair, les solos de guitare et de piano sont envoûtants, le synthé nous plonge dans le son de années 70's, et on s'imprègne avec plaisir des chant mélodieux, et mixtes, du chanteur et de la chanteuse. 
On portera aussi une attention toute particulière aux paroles, poétiques et joliment métaphoriques, bourrées de mélancolie, d'histoires d'amour et de réflexions sur le temps qui passe, mais qui s'ouvrent aussi parfois sur quelques notes d'espoir, ou à l'opposé, sur des descriptions on ne peut plus placides et froides. Ce mini-album, sorti cet été par les londoniens de Tough Love Records, est un disque accompli et aux multiples facettes. 
Le titre Ornamental Tone, qu'on avait pu écouter sur le troisième volet des compilations d'Anti Fade Records (The New Center Of The Universe), nous avait déjà titillé les oreilles en 2018. Le chanteur des Stroppies fait également partie du groupe Program, dont on a chroniqué le génial Lp Show Me un peu plus tôt cette année. On ne pouvait qu'aimer celui-ci. En passant, on écoutera leur reprise du morceau de Lou Reed Hangin’ Round, gravé sur le single «collector» offert avec l'album. Ce titre entêtant est une petite merveille de proto-punk sautillant, bourrée de nonchalance à la Shifters.
Les Stroppies ? Encore un groupe épatant à ajouter à la nébuleuse du rock de melbournois.


FRANKIE TRAANDRUPPET - Life Inside A Rocket Ep - RONNY REX RECORDS - 2019 x


Fed up with the always-clean sounding current psyche wave ? Frankie Traandruppet is the solution ! This guy is a highly productive genius ! He comes from Diest, Belgium, launched this solo side-project of Ero Guro (by the way, the first Lp of this powered-up synth-punk band should be in the air this month), a plan that finally grew up into a real band and they released four Eps in a very few months on the Belgium garage/punk labels Ronnie Rex Records x and Belly Button RecordsLife Inside A Rocket was his 4-songs debut one.
The Darkness (Comes To Town) is a pure jewel of dark psyche and lo-fi acid rock, with a damned good dirty sound, that seems to come straight from a late-60’s basement. Such awesome wild parts on the drums, guitar and bass ! And that keyboards’ final surge ! The song looks like a Chocolate Watchband’s ballad from a lost demo tape, with a Ray Davies (the Kinks) who'd be getting high, on vocals. A pure jewel !
Same kind of atmosphere with Everyday’s The Same, while the two other songs, Life Inside A Rocket and Hooray For the Frown, are much closer to some jumpy blues-punk tunes, in a Harlan T Bobo or Nathan Roche’s way.
A low-fi sound, a low budget recording and a cheap cover’s sleeve, for a brilliant Ep. Wow !

Fatigués de toujours entendre le même son propret chez tous les groupes actuels qui s'essaient au rock psyche ? Et bien, vous ne le saviez sans doute pas, mais Frankie Traandruppet est la solution ! 
Ce type est un génie, et qui plus est, très productif ! Il nous vient de Dienst, en Belgique, et a récemment lancé ce projet solo, parallèlement à son autre groupe Ero Guro (du synth-punk sur-vitaminé, dont la sortie du premier album est d'ailleurs attendue ce mois-ci). Le plan solo s'est petit à petit transformé en un vrai groupe, qui a sorti en l'espace de quelques mois quatre Eps sur les labels garage/punk belges Ronnie Rex Records et Belly Button Records. Ce Ep 4-titres, Life Inside A Rocket, étant le premier.
The Darkness (Comes To Town) est une petite pépite de dark-psyche et d'acid-rock lo-fi, avec un son tellement cradingue qu'on pourrait croire qu'il a été enregistré dans une cave à la fin des années 60. Et quelle envolée finale au synthé ! Pour se faire une idée, le morceau pourrait ressembler à une ballade tirée d'une démo perdue du Chocolate Watchband, avec au chant, un Ray Davis (des Kinks!) totalement défoncé. On adore ! 
Même genre d'ambiance avec Everyday’s The Same, tandis que les deux autres titres, Life Inside A Rocket et Hooray For the Frow, tirent plutôt vers un blues/punk à la Harlan T Bobo ou Nathan Roche.
Un son lo-fi, un enregistrement maison et une pochette très DIY, pour un Ep brillant ! Que demander de plus ? Bravo !





Thursday 3 December 2020

Blast From The Past : Hot Days and other London's Wild Things ! (The Troggs - Summer 2001)


Time to wake up, Sir ! It had become kind of an accurate routine at dawn  : once again, the two laughting bobbies patroling Russel Square were cleaning up the park from its summer sleepy tramps. The daily erasing operation of all the marks of misery, ugliness and decline nesting at night in the London’s bourgeois districts... 
Sleeping outside ? I wasn’t broke that much, the choice was much more made for some dumb personal reasons : the desire to feel the heart of the city and the thrill of the urban night-life, the wish to track the few remaining ashes of the No Future years, the urge to avoid my British landlady - a Barbara Cartland’s clone -, which far-away house was grossly trickling with pink carpets, wallpapers and sofa, a freaking pink everywhere but in her paranoid head - and finally, maybe a misplaced need to face the have-nots’ hard life and find a less trivial explanation of the harsh social reality of our modern societies than the binary one offered by the struggle class rhetoric - a sticky glueing thing for sure ! 

As a matter of fact, the six-weeks stay in the British capital quickly turned into an unwholesome descent towards the borderlines of my mind. In hindsight, it’s pretty interesting to look back at the evolution of one’s mental state in such situations. How the powerful feeling of freedom - that everything-seems-possible idea - and the enthusiastic thirst for life, full of parties, drinks with close friends, chats with student girls and kisses to enamoured English teachers, abruptly switched on, because of a consequent use of weeds, alcohol and sleep deprivation, into a reckless nihilism and a strictly asocial attitude. How everything quickly crashed into a nagging depression and a deep misanthropy. I wanted to connect with the No Future punk atmosphere, I was deeply in and it reached a final apotheosis with the mesmerizing spread of the cops’ yelling sirens, like on a doomsday scenario, all over the scared city the whole night of September the 11th...
That strange cocktail of lonesome wolf’s attitude, don’t care behavior, melancholic vagrancy and crass struggle, went along with me during the main part of my journey. Spinoza Encule Hegel and other JB Pouy’s novels in the pocket, songs of Camera Silens and Bulldozer plugged into the ears, I was roaming alone the weeds’ experimental coffee shops in Brixton, the Jamaican sound systems in the gloomy bars of Notting Hill, the Camdem Town’s dirty punk & psycho gigs, but also most of the pubs of the sea-side town of Brighton in the vain search of that obsessing Brazilian tattooed girls bumped on a riverboat party.

I went to my final gig at the famous 100 Club with the state of mind of a decadent loser. They were celebrating the quarter century’ s birthday of the punk explosion with a bunch of bands from the early 80’s. The reformations had been the huge trend since the Holidays in the Sun festival in Blackpool and all those mythical British punk bands were jumping on the opportunity, but, despite the pleasure to see live 999 and One Way System, or to hear the Warriors’ cover of Violence in our Minds or the Tv Smith’s compulsory Bored Teenagers, my global mid-twenties feeling was that it was just another nostalgic meeting of veterans playing for a mid-life assistance, all gathered here to try to keep alive an outdated folklore and a flickering flame. The fresh vitality and the blasting spark of the beginnings seemed to have been vanished for long. When some 60-year-old guys entered the stage, I thought we were reaching the (black) bottom. In fact, the Troggs brightly brought me an adequate positive conclusion to my London stay.


It is said that the age of 60 is the age of achievements and happiness. The Troggs gave me that day one of the best lesson of life and rock’n’roll. Such a pleasure of playing and a scenic serene presence ! Such an elegance and a coolness in their attitude ! Such a confidence in their awesome mixture of wild 50’s rock, distinctive British 60’s beat, glamy 70’s proto-punk sound, vivid Mods touches and British punk energy ! Four decades of the very best of the rock’n’roll were packed together. And what a haunting, nervous, rough crooner voice of the lead singer, Reg Presley - Rest In Peace, King of Hampshire ! 
Everybody knows their Wild Thing 1966 song, a hit to file alongside with some of the Kinks or the Zombies most famous ones, but they also vividly managed to go on their own way through the years after that. The songs Little Pretty Thing and Hot Days, laying on their Black Bottom Lp (New Rose Records - 1981) may give an idea of their sound that night. A top album that still makes me look back at that London by-gone time with an amused nostalgia.

C'est l'heure de remballer vos affaires, Monsieur ! Je commençais à m'habituer à cette douce ritournelle en guise de réveil : lorsque pointait l'aube, la patrouille de bobbies, toujours ponctuelle, vidaient Russel Square de ses derniers clochards encore somnolents. C'était le nettoyage matinal, la kärchérisation diraient certains, de toutes les marques de crasse, de misère sociale et de déclin civilisationnel, qui investissaient, chaque nuit d'été, les parcs des quartiers bourgeois londoniens… 
Dormir dehors, en plein Londres ? Je n’étais pourtant pas si fauché... On pourrait parler d'insouciance sans doute, mais aussi du désir de sentir vibrer le coeur de la ville, de goûter pleinement à sa vie nocturne, et la volonté d’y pister les dernières traces des années No Future du punk...Le besoin, aussi, d’éviter au maximum ma logeuse, clone paranoïaque et barrée de Barbara Cartland, dont l’appartement, en plus d'être situé loin de tout, dégoulinait d’un rose totalement flippant - du rose partout, des canapés aux moquettes, du papier peint aux toilettes, l’angoisse absolue ! Et puis, il y avait, au fond de moi, cette envie de se confronter à la réalité sociale de nos sociétés modernes, d'essayer d'en comprendre les rouages, pour, peut-être, y trouver une explication, qui serait, pour une fois, moins triviale et binaire que celle habituellement fournie par la rhétorique de la lutte des classes - le genre de truc qui vous colle aux basques et ne vous lâche plus la grappe !

Forcément, au bout de six semaines de ce rythme, je m'étais inextricablement enfoncé dans un drôle de chaos mental, et la folie semblait imminente. Le puissant sentiment de liberté, initialement ressenti, l'enthousiasme et la soif de vie - la fête omniprésente, les bières avec les potes, la drague des étudiantes, les baisers volés à des prof d'anglais énamourées, etc... - avaient brusquement laissé la place, sous l'effet d'un excès de drogues, d'alcool et d'un manque de sommeil, à une misanthropie sévère, à un nihilisme irraisonné et à un début de dépression. Je voulais du No Future, j'étais servi ! L'apothéose fut atteinte, durant cette mémorable nuit du 11 Septembre 2001, où, comme dans tout bon scénario catastrophe, la ville entière, plongée dans la peur des attentats, fut recouverte par les hurlements assourdissant de sirènes.
Cet étrange cocktail de posture conquérante, de je-m'en-foutisme décadent, d'errance mélancolique, et de lutte des crasses désabusée, accompagna donc une bonne partie de mon périple londonien. Spinoza Encule Hegel, de JB Pouy dans la poche, les albums des Bulldozer et Camera Silens collés à fond dans les oreilles, j'écumais, en mode loup solitaire, les bars à weed expérimentaux de Brixton, les sound systems jamaïcains dans des tripots sinistres de Notting Hillles concerts punk et psycho de Camdem Town, mais aussi, la majorité des pubs de la ville côtière de Brighton, à la recherche, romantique mais vaine, de cette brésilienne obsédante, et intégralement tatouée, croisée un soir sur une péniche.

C'est donc dans cet état d'esprit que j'abordais le dernier concert de mon séjour. Le fameux 100 Club avait invité quelques groupes mythiques des années 80 pour célébrer les 25 ans de l'explosion du punk en Angleterre. La tendance de l'époque était aux reformations, tous les anciens groupes punk se jetaient sur l'occasion de rejouer - le festival Holidays in the Sun, qui se tenait tous les ans à Blackpool, en était d'ailleurs le parfait témoignage. 
Mais malgré le plaisir de voir 999 ou One Way System sur scène, d'écouter les Warriors reprendre le génial Violence In Our Mind, ouTv Smith continuer de chanter son Bored Teenagers, j'avais le sentiment, du haut de mes 25 ans, d'assister à une réunion d'anciens combattants, nostalgiques d'une époque révolue, et tous réunis là pour préserver un folklore désuet et garder vivante une flamme plus que chancelante. La vitalité, la fraîcheur et l'énergie des débuts du mouvement semblaient avoir bel et bien disparu. En voyant monter sur scène les quatre soixantenaires décrépis des Troggs, il me semblait bien qu'on n'allait pas tarder à toucher le fond. J'avais tort.

The Troggs

On dit que 60 ans, c'est l'âge de l'accomplissement personnel et du bonheur.
 Les Troggs me donnèrent ce jour-là une formidable leçon de vie, et de rock'n'roll. Quelle présence scénique, quel plaisir de jouer, qui irradiait leur visage, quelle sérénité affichée, quelle élégance et quelle assurance dans leur attitude ! 
Tout le monde connait Wild Thingleur hit de 1966, qu'on peut ranger du côté de certains tubes des Zombies ou des Kinks. Les Troggs avaient ensuite réussi leur traversée des année 70, non sans mal, et en 1981, l'excellent LP Black Bottom, sorti sur New Rose Records, avait relancé un temps leur carrière. 
L'écoute régulière de cet album me replonge, avec une certaine nostalgie, dans la période londonienne de ma vie, puisqu'il donne un aperçu fidèle du son qu'ils avaient produit ce soir-là, vingt ans après sa sortie : un mélange, unique et équilibré, de rock 50's, de British beat des 60's, de sonorités proto-punk et glam des années 70, accompagnés par l'énergie du punk et du mod-revival britanniques. Sans parler de la voix de crooner, habitée et nerveuse, du chanteur - repose en paix, Reg Presley! Les Troggs nous avaient ainsi offert un condensé de quatre décennies de rock'n'roll, et ce show concluait mon séjour à Londres d'une manière merveilleusement positive.




Monday 2 November 2020

Turning Round On The Turntable : the Shifters, Gee Tee, the Runaway Nuns, Johnnie Carwash, Mir Express.






Melbourne, Sydney, Capetown, Lyon, Berlin... Once again, a beautiful virtual travel through our beloved music: post-punk, garage-punk, synth-punk, lo-fi pop, dark waves... Keep on rocking and stay safe ! 

Encore une fois, ces sonorités qui nous tiennent tant à cœur - le post-punk, le garage-punk, le synth-punk, la pop lo-fi, l'électro-punk froid, etc... - nous emmènent, virtuellement, dans le plus beau des tours du monde. Étapes à Melbourne, Sydney, Capetown, Lyon et Berlin ! Attachez vos ceintures (à clous) et gardez votre esprit rock'n'roll !


THE SHIFTERS - Left Bereft / Australia SP - CAPTURED TRACKS - 2020 x


The world is turning sadly insane and the Shifters feel very angry about that - check the lyrics below, thanx to the band for them ! They're sick with the daily conflicts, wars and arms' races, they can't stand anymore the Chinese economical aggressively the Islamic fascism and the USA fueling the fire, they're fed up with the power of money, the greediness of politicians, the reign of mediocracy and all their social consequences : low-paid jobs, education and health programs' cuts, left bereft...
Are we living some Weimar-like dark Ages ? Those warning signals seem to stand as some announcements of the forthcoming flow of hate, desperate nihilism and political radicalism ready to sweep away our last delights. The No-Future slogan has never been so accurate. The Shifters manage to re-connect us, in the very best sense of the word, to the great tradition of political punk : the brightly angry one, the one without any ready-made solutions or any easy proselytisms, the one cleverly flirting with some aware pessimism.
This pretty desillutioned, but enlightened atmosphere is fully lifted by the nonchalant voice of the singer, who’s backgrounded by his onward clear-sounding solo guitar, an efficient side-guitar, a buzzing syntheziser, and a mid-tempo rhythmic section that stylishly swings between some danceable post-punk and crawling punk beats. The haunting Stooges-like minimalist piano riffs on Left Bereft and the quirky female choirs on Australia bring the final touch. An awesome masterpiece!
The Melbourne gang was THE 2019 killer discovery at Shut Up & Play The Music, just after the vinyl re-release of the first album on Future Folklore Records and the launch of the second one on Trouble In Mind. The Shifters also recorded a few 7" in the late mid-tenies and a split-LP with their Aussie fellows Parsnips (check among the first bullshits written downwards). They are back with this single on the Brooklyn label Captured Tracks x - what an impressive journey since the Blank Dogs’ period, more than 400 references in the catalogue ! - and the forthcoming third LP will be for sure another kick-ass album.


Conflits au quotidien, guerres, courses aux armements... Agressivité économique de la Chine, dérive fasciste de l'Islam, attitude de pompier-pyromane des USA... Pouvoir de l'argent, avidité des politiciens, règne de la médiocratie... Déclins de l'Etat Providence, boulots sous-payés, coupes budgétaires dans l'éducation et la santé, laissés pour compte... Tous ces signes avant-coureurs semblent être le prélude à une catastrophe imminente : les vagues de la haine, du nihilisme désespéré et de l'extrémisme politique commencent à déferler, balayant progressivement nos dernières valeurs et effaçant nos dernières joies. Ne sommes-nous pas en train de revivre un scénario digne de celui de la République de Weimar ? Le monde va mal, et le slogan punk No-Future n'a jamais été autant d'actualité.
En deux titres, les Shifters renouent avec la grande tradition du punk politisé, dans le meilleur sens du terme : celui qui, tout en étant passablement énervé, flirte intelligemment avec le pessimisme le plus éclairé, tout en se gardant de tout prosélytisme, ou de proposer des solutions toutes faites.
L'atmosphère désabusée des paroles est accentuée par la voix terriblement nonchalante du chanteur. Le son oscille, quant à lui, entre le post-punk rampant et le punk planant (rythme mid-tempo, bourdonnement du synthé, son clair de la lead-guitare...). Les riffs de piano, ultra minimalistes, entêtants et très Stoogiens, sur leur tube, Left Bereft, ainsi que les chœurs féminins, un peu bancales, sur l'excellent Australia, apportent la touche finale à ce magnifique single. Un chef-d'oeuvre !
Le gang de Melbourne a été la grosse découverte de 2019 chez Shut Up & Play The Music, juste après la ré-édition de leur premier LP par Future Folklore Records et la sortie du second chez Trouble In Mind. Le groupe the Shifters a aussi enregistré quelques 45tours et un split-EP avec leurs compatriotes des Parsnip (replongez-vous dans les premières chroniques du blog). Ils sont enfin de retour avec ce disque, sorti chez Captured Tracks - plus de 400 références en catalogue, quel parcours depuis la période de Blank Dogs ! Aucun doute que le troisième album sera, lui aussi, une véritable tuerie !
Merci au groupe de nous avoir communiqué les paroles.

Lyrics
Paroles
Left Bereft : We’re sick of the news, and the papers too / The left bereft, and the rights just frightening / We’re sick of the banks, and their CEO’s / We’re tired of Jihad, and the USA / As currencies careen, amid the rumor of a third world war / As embassies flame, storm troopers lace up their boots / In many lands we stare in horror, collectively at the headlines / As the sound of bombs going off on the 5:30 news / We only have politicians in politics for self-gain / Why do we only have Polly’s in politics for self-gain ?
Australia : We just got some new Internets, it’s called the NBN and it’s even slower than before, why is it slower than before ? - Australia / We’ve fat bastards like Clive Plamer swindelling thousands of voters just to keep his coal mine alive, just to keep his beloved Warratah coal – Australia / We’ve just leased out the port of Darwin to the Chinese for 99 years, that sounds like a great old plan to me, that sounds like a great old plan to meee – Australia / We just spent 200 billion on some defective US jets, guess how much they stripped from health and education ? 200 billion – Australia / We pack your backpackers off to work in some farms outside of Brisbane. We hope farmer Joe leaves you alone, oh farmer Joe, leave that Swede alone – Australia / But then again, we’ve always got our list of D-grade logie celebs, a little bit of ‘married at first sight’. What a horrible pack of miserable crap Australia!


GEE TEE - Atomic EP - GOODBYE BOOZY RECORDS - 2020 x


Goodbye Boozy Records x is something like the quintessence of a punk label : persistent look-out and deep crushes for new unknown bands, releases of killer side-projects of more famous ones, back-ups of all the successive waves of garage-punk, synth-punk, Aussie post-punk and other lo-fi nuggets for 20 years, vinyl short-runs (mostly singles and EPs) and periodic issues (4/5 every 3 months) high independence, fair prices and trusty distributors, hand-made cover sheets full of glueing and sketches, pleasure and passion…
The Atomic EP, standing as the 174th release, was part of the last summer batch of the Italian label, including, among the others, the young Aussie garage punkers Disco Junks, back after their thrilling 2019 EP on Hozac Records, or the latest 7"of Buck Biloxi & the Fucks, lovely efficient as ever - one of the top5 garage-punk bands of the past decade for sure -, and particularly pissed off about people and their shitty God in the Put You In The Gulag song, a hit we lately often took at face value. Fuck you, you islamist scums, with your imaginary friend and your doggy submission !
So, Gee Tee… The band is pretty prolific : four years of existence and already a few demo tapes, one album and a bunch of 7", mostly released on Goodbye Boozy Records or its American alter-ego Neck Shop Records ! Gee Tee is a 4-pieces band coming from Sydney and they play here three greasy synth-garage-punk tunes, Mutant World, Kombat Kitchen and Dudes in the Valley : a dirty raw sound on the guitars contrasting with the piercing lines on the synthesizer, short efficient guitar solos, 1’20 highly energetic and jumpy songs, lyrics (included) balancing between stupid slices of life and gloomy daily stories, a snarling voice and some vigorous choirs. Something at the crossroad of Useless Eaters, the Carbonas and the Spits. On the fourth song, the creeping Atomic, the tempo slows down, the keyboard becomes more discreet and gives way to a pretty neo-Velvetian voice.
The guys know what punk rock means !

Goodbye Boozy Records, c'est un peu la quintessence des labels punk : travail de recherche fouillé, coups de cœur réguliers pour des groupes inconnus, sorties de projets annexes de groupes plus connus, soutien à toutes les vagues punk successives depuis plus de vingt ans (garage-punk, synth-punk, post-punk australien, punk lo-fi...), petits tirages vinyles (singles et EP majoritairement !) et réguliers (4 à 5 sorties tous les trimestres), indépendance prononcée, prix justes et distributeurs dignes de confiance, pochettes DIY (dessins minimalistes, collage, découpage...), plaisir, passion, implication... Bref, ce label italien a toujours été un de nos favoris!
La fournée «été 2020» du label propose, entre autres, le nouveau EP des jeunes pousses lo-fi/garageuses australiennes de Disco Junk, de retour après leur excellent EP sorti sur Hozac Records en 2019 (cf chroniques précédentes), ou encore le dernier 45 tours de Buck Biloxi & the Fucks - l'un des cinq meilleurs combos garage-punk des dix dernières années -, un groupe qui reste toujours aussi efficace, et qu'on retrouve ici particulièrement énervé contre les bigots de tout poil, avec son Put You In The Gulag, un titre qu'on a bien souvent envie de prendre au premier degré. En passant, gros doigt à tous ces bâtards d'islamistes - ils tiennent allègrement le haut du pavé actuellement -, ainsi qu'à leur ami imaginaire, leur soumission à la noix et leur sexisme honteux ! Mais je m'égare... 
On trouve aussi le nouveau EP de Gee Tee (174ième sortie du label), Atomic. Le groupe, de Sydney, est du genre prolifique : en quatre ans d'existence, il a déjà enregistré quelques cassettes/démos, un album, et plusieurs 45 tours, sortis pour la plupart sur Goodbye Boozy Records, ou son alter ego américain Neck Shop Records ! Les quatre membres de Gee Tee nous livrent ici trois titres de synth-garage-punk très poisseux (Mutant World, Kombat Kitchen et Dudes in the Valley) : son de guitare crade et brut, lignes de synthé aigües, solos de guitare perçants, morceaux énergiques et dansants, dépassant rarement 1'30 minute, voix hargneuse, choeurs vigoureux et paroles (incluses) traitant de tranches de vie du quotidien, stupides ou glauques. On pense évidemment aux Spits, mais aussi aux Useless Eaters et aux Carbonas. Sur le quatrième morceau, le rampant Atomic, le rythme ralentit, le synthé devient plus discret, laissant la place à une voix presque néo-Velvetienne. Le mot punk possède tout son sens avec les Gee Tee !


THE RUNAWAY NUNS - Spit LP - ROASTIN’ RECORDS - 2020 x


A rather cooler atmosphere surrounds the first album of the Runaway Nuns ! Our South African fav’ Fives have been the Capetown’s kings of slacker punk for five years, their shows are dynamic, colorful and visually intense (check the previous Shut Up’s Capetown gigs’ review), and, after a pretty confidential but thrilling debut 7"on Now Now, Just Now Records, they finally recorded the awaited and highly well-produced Spit LP, released by their home-town indie label Roastin’ Records x (By the way, Big Up for the Straight Suits & the Make-Overs' ones!).
Enough time for them to find their own sound, to work on those 11 songs and to give birth to a distinctive bulldozer-mode garage-punk album : long-term mid-tempo beat stripping down the road with two or three nervous acceleration to switch the engine speed, frontal assault of the bass and energetic ploughing of the guitars, very few fioritura, loud raspy voice and the so adequate enthusiastic choirs.
A new beautiful stone to add to the South African garage punk family.

On a déjà parlé d'eux lors d'une chronique de concerts sur CapeTown (Cf Shut Up#1). Rappelez-vous, les Runaway Nuns, cesont cinq sud-Af, un peu branleurs, qui remplissent les bars de cette ville colorée depuis bientôt cinq ans, pour offrir aux rockers du coin des concerts plutôt dynamiques et intenses. Après un premier single, confidentiel mais très réussi, sur Now Now, Just Now Records, ils ont enfin enregistré leur très attendu premier LP Spit sur le label indé de CapeTown, Roastin’ Records (au passage, on n'hésitera pas à ré-écouter les enregistrements des excellents Make-Overs et Straight Suits).
Ils ont ainsi eu tout le temps pour mûrir leur propre son, et peaufiner les 11 titres de cet album racé, au son d'ailleurs très produit, de garage-punk en mode bulldozer défricheur, avec une touche de stoner décapant: rythmique mid-tempo puissante, avec quelques accélérations nerveuses pour emballer le moteur, assaut frontal de la basse, labourage énergique des guitares, peu de fioritures, voix grave et râpeuse, choeurs enthousiastes... Une nouvelle et jolie pierre dans l'édifice du garage-punk sud-africain !


JOHNNIE CARWASH - Mom Is A Punk ! Maxi EP - Co-production - 2020 x


The frenchy little gem of the month comes from Lyon ! Johnnie Carwash is a highly refreshing and jovial standard trio : the bassist happily rocks jumpy lines, the guitarist cheerfully plays some merry riffs full of musical changeovers - clear sounding or lo-fi touches followed by highly overdriven surges, the drummer kicks a catchy tempo on the rageous garage-punk Forever Yours or the nervous pop Miserable, while a more moving aura surrounds the slow-pop/post-punk Lazy and the grungy Francis Cosmic songs. Add to this the melodious female voice, the pervasive teenagers and wohoo-ing choirs, or their delightful neo-80’s kitsch (video clips, cover sleeve…), and we’ve got here a really nice wandering in the same positive ambiences as the Last Rape Of Mr Teach or Fury Furyzz.
Don’t forget to check the wild bunch of garage/power-pop/grungy/noisy labels x that co-released this 4-tunes Maxi 12" : Kids Are Lo-Fi Records, Hell Vice i Vicious Records, Flippin’ Freaks, Tape Source Records, and the plethora of young, highly motivated, froggy bands that orbit around : We hate You Please DieBryan's Magic Tears, Deedee & the AbracadabrasCatalogue, TV Sundaze, Sugar Kids, TH da Freak, Kumusta… French rock’n’roll has got a future !

La bouffée de fraîcheur du mois nous vient de Lyon et se nomme Johnnie Carwash. Le trio incarne parfaitement la jeunesse de cette nouvelle scène du rock français, en plein boom et dans laquelle évolue une pléthore de groupes motivés et talentueux : We Hate You Please Die, Bryan's Magic Tears, Deedee & the Abracadabras, Catalogue, TV Sundaze, Sugar Kids, TH da Freak, Kumusta… D’ailleurs, une flopée de labels garage, power-pop, grunge, noise, etc... ont co-produit ce Maxi-EP quatre titres : Kids Are Lo-Fi Records, Hell Vice i Vicious Records, Flippin’ Freaks et Tape Source Records. Qui a dit que le rock français se portait mal ?
Johnnie Carwash nous rappelle un peu ces groupes qui sévissaient il y a une quinzaine d’années, tels que the Last Rape Of Mr Teach ou Fury Furyzz : une atmosphère assez festive, de belles références musicales, et beaucoup de sourires, d’amitié et d’insouciance (feinte ?)... Les lignes de basse se font sautillantes, la guitare passe allègrement des sonorités le plus claires à celles les plus lo-fi, pour terminer sur des envolées noise et grunge vivifiantes, tandis que les morceaux sautent, avec une facilité déconcertante, du garage-punk (le rageur Forever Yours) à la pop nerveuse (Miserable), du post-punk (Lazy) au grunge (Francis Cosmic). On peut ajouter à cela la voix mélodique et joviale de la chanteuse, les choeurs d'ados omniprésents et les whooou inspirés, ou encore le kitch rétro, très années 80, du groupe (photo de la pochette, clips vidéo...). Que du positif !


MIR EXPRESS - Pass Auf Mein Schattz / Tu Menti SP - TOMATENPLATTEN REC - 2020 x


Please, get action ! Our future and our mental health are clearly at stake with the outburst, in every corner, of stretch trousers, flashy T-shirts, sport’s headbands, banana bags, mullet haircut and all those damned 80’s fashion and references ! And why the hell, did all those awesome synth-punk or new-wavy bands pick up such scary, kitsch names ? Lassie !? Gym Tonic !? Mir express !? Fido Dido as the next one ?
Jokes being put aside, the German duo-band Mir Express takes back the best of those lost years : haunting electro sound, keyboards’ dark waves lines and industrial beat, geometric design of the cover... The multilingual female singing and warm back-voice, in German (Pass Auf Mein Schattz) or in Italian (Tu Menti), brings a nice folkloric final touch. A sweet little back-taste of bands such as Isolierband, Kas Product, Grauzone, etc.
The Berliner band was spotted by the indie label Tomatenplatten Records x after a few years of active involvement in the rebirth of the Berlin DIY underground, alongside with the bands Gym Tonic, Puff or Destiny's Child and with the help of the punk gigs’ promoter Die Letze Metro. A promising scene, we stay tuned !

On parlait du revival de années 80… Je ne sais pas vous, mais moi, ce grand retour des pantalons plissés, des T-shirt fluo, des ceinture-banane, des bandeaux et des coupes mulet, ça me pique particulièrement les yeux... Il faut vraiment ne pas les avoir vécues, les années 80, pour oser s’emparer de cette mode vestimentaire... Et voilà que des groupes de synth-punk, de new-wave, etc... s’y mettent aussi, pour choisir leur nom ! Lassie !? Gym Tonic !? Mir Express !? Et pourquoi pas Fido Dido, tant qu’on y est ?
Bon, blague mise à part... Le duo allemand Mir Express a heureusement réussi à importer aussi le meilleur de ces années-là : une musique électro-punk envoûtante, faite des sonorités froides et industrielles, ainsi qu’un imaginaire artistique accrocheur (les formes géométriques, tellement typiques, de la pochette !). Ça sonne un peu comme Kas Product, Isolierband ou Grauzone. Et les paroles en allemand (Pass Auf Mein Schattz) et en italien (Tu Menti) de la chanteuse apportent une touche folklorique pas déplaisante.
Le groupe, repéré par le label indé Tomatenplatten Records, a été très actif dans la renaissance de la scène DIY de Berlin, aux côté de groupe comme Gym Tonic, Puff ou Destiny's Child, ou encore de l'asso organisatrice de concert Die Letze Metro. Une scène qui était fort prometteuse avant la crise sanitaire. Espérons qu'elle y survivra !










Thursday 15 October 2020

Compilation : The Twenty-Twelfth Wave !



Another compilation featuring a new generation of Aussie pissed off punkers and angry rockers ? Yep, for sure, and these tunes were among the fav' ones at Shut Up And Play The Music during the duet years 2019 & 2020!

All these killer bands are referenced on every track, so, listen to their other songs, check the reviews and interviews, buy some records to their labels, and between two sanitary emergencies, support them live and stick together with them ! Surely, the best way to give a fuck to all the shitty news overwhelming us. Just click on the link below !


                                                    X


01 - Gee Tee - Cops N' Robbers - Goodbye Boozy Records
02 - R.M.F.C. - Hive - Erste Theke Tontrager Records
03 - Disco Junk - Mutual Hate - Hozac Records 
04 - Dingo Doyle - No time (the Saints) - Legless Records
05 - Aborted Tortoise - Factory - Goodbye Boozy Records
06 - Tony Dork - Punt Road - Self-Release
07 - Dennis Cometti - I H8 the CBD - Bargain Bin Records
08 - AlienNoseJob - Blending In - Drunken Sailor/AntiFade Records
09 - Stiff Richards - Going Numb - Legless Records
10 - The Chats - Do What I Want - Bargain Bin Records
11 - Pist Idiots - Love Nah – Self-released
12 - Primo! - The Present - Upset the Rhythm Records
13 - Program - Memory - AntiFade Records
14 - Vintage Crop - In the North - Zenith Records
15 - The Stroppies - Holes In Everything - Tough Love Records
16 - The Shifters - Australia - Captured Tracks Records
17 - Hierophants - Stoned - AntiFade Records
18 - Exek - Too Steep A Hill to Climb - Born Bad RecordShop
19 - Bananagum - Top Cat - AntiFade records
20 - SunFruits - Bonsoy - Third Eye Stimuli  / Six Tonnes de Chair
21 - Traffik Island - 17 - Flightless Records
22 - Rosa Maria - Here She Comes - Third Eye Stimuli Records
23 - Parsnip - Nigelia - AntiFade Records
24 - Nathan Roche - Mary Jane - Gone With the Wind Records


I make no business on this Deezer comp’, but if ever you want to be removed from it, whatever the reasons, just ask!







Monday 7 September 2020

Turning Round On The Turntable : Tony Dork, the Pacifics, Taulard, Lewsberg, Collision



Where we’re going to talk about some (almost) dumb Aussie punkers, share a pint of Guiness with some garage-fans rockabs, cry with some mountainous melancholic synth-punkers, fly below the sea level to experiment the rationality of some weirdos post-punkers and finally come back to the home land to enjoy some jovial sugar Oi ! Keep on Rockin', and thanx for the reading !

Nouvelle fournée de chroniques rock'n'roll! Où l'on va se frotter au (faux) crétinisme de punk australiens, et partager une pinte de Guiness avec des rockabs fans de garage, sombrer dans la mélancolie avec des synth-punkers des Alpes françaises, et expérimenter la rationalité froide de post-punkers hollandais. Où l'on finira, enfin, par goûter la saveur toute sucrée de la Sugar Oi ! de street-punkers nantais. Encore une fois, il y en aura pour tous les goûts ! C'est parti, et merci pour votre fidélité !


TONY DORK - Struggle Street LP - LEGLESS RECORDS - 2020 x


Four Aussie young stupid losers showing their bare chests, weak muscles and beer bellies with pride, four unserious wobbly-looking jerks gargling lagers in the middle of the dumpiest streets of Melbourne, four absurd slackers playing open-air crazy gigs and shouting gutty, powerful choirs for a few silly creteens yelling in the pit with high-lifted index fingers, four dorky fans of Tony Hawk who are unable to ride a wave or catch a rugby ball… Welcome in the so -hilarious world of Tony Dork ! x
They don’t take life too seriously for sure. Yet, this thrilling attitude seems to contrast with the choice of the minimalist/modernist art front cover (Reilly Gaynor) and the deeper than expected lyrics, and this 9-tracks album rather shows four brilliant musicians, who can jump with such an ease from one-minute-long high tempo old school hxc songs (Write OffWhy) to classy 3-chords punk anthems (Inside OutFeeling Strange), or suddenly play gimmicky medolies on post-punk tunes (Tongue TiedLow CommotionStruggle Street). By the way, these three last songs seem to stand here as a kind of salute to their Eddy Current Suppression Ring’s fellows - and yes, once again, Mickey Young was around, and the Anti-Fade Records’ team brought its Geelong’s touch. 
The surprising, offset FM-radio-sounding cover of the famous Aussie INXS’ hit, Just Keep Walking, conclusively sets down the full agility of the guys. 
After an awesome digital demo, this vinyl LP was released on Legless Records x, the label hold by the guys in Stiff Richards, another Melbourne uprising band, part of a new generation of Aussie dumb punkers (Dennis ComettiPrivate FunctionBrad PotCOFFINAborted Tortoisethe ChatsGee TeeGonzoDisco Junk…), which all seem to keep on celebrating the spirit of their Hard-Ons ancestors or older bro in Wet Blankets. Check the Australians Do It Better ! pirate comp’ on Radio Gwreg to have a further idea on that scene x. Quality and Quantity for sure !

Attention ! Auto-dérision et absurdité en vue ! Et on peut dire qu'ils en tiennent une couche ! Les Tony Dork, ce sont quatre australiens, à l’allure de parfaits crétins, qui semblent ne pas prendre la vie trop au sérieux... Ce sont aussi quatre sportifs de salon, fans accomplis de Tony Hawk, qui exhibent fièrement leurs abdo-Kro (ou peut-être bien Foster ?), mais restent incapables de surfer une vague, de rider un skate ou d’attraper un ballon de rugby... Ce sont encore quatre gais lurons, en pleine crise de la vingtaine, qui font les imbéciles, en se gargarisant à la lager dans les rues les plus crades de Melbourne ou en trichant honteusement au billard... Mais surtout, les Tony Dork, ce sont quatre musiciens géniaux, qui ont tout compris au punk rock, aux pits en plein air, et aux concerts donnés pour une petite poignée d’abrutis du même acabit.
En effet, s’ils jouent facilement avec tous les codes de l’humour, ils n’en demeurent pas moins de très bons paroliers, d’excellents esthètes (visez un peu cette pochette, à la fois minimaliste et moderniste, de l’artiste Reilly Gaynor), et de brillants musiciens, qui peuvent balancer, avec une facilité toute déconcertante, des morceaux de punk hardcore de moins d’une minute (Write OffWhy), aussi bien que de véritables hymnes à la Ramones (Inside OutFeeling Strange), ou des tubes post-punk aussi entêtants que classes (Tongue TiedLow CommotionStruggle Street). 
Ces trois dernières chansons sont d’ailleurs sur la même lignée que celle de leurs illustres compatriotes d’Eddy Current Suppression Rings, et toute la grande famille punk de l’axe Melbourne/Geelong apporte la touche finale aux 9 titres de cet excellent album : Mickey Young, d’Eddy Current justement, est au mastering, Billy Gardner d’Anti-Fade Records à l’enregistrement, et pour la production, c'est Legless Records qui s'y colle ! Ce jeune label est lié au groupe Stiff Richards, un des groupes leader de la nouvelle génération du punk australien : Dennis ComettiPrivate FunctionBrad PotCOFFINAborted Tortoisethe ChatsGee TeeGonzoDisco Junk… qui célèbrent tous, à leur manière, l’esprit déjanté des Hard-Ons ou l’humour absurde de leur grand frères des Wet Blankets. Remarque au passage : posez une oreille sur la compilation-pirate Australians Do It Better ! du site Radio Gwreg pour vous faire une idée de cette jeune scène. De la qualité et de la quantité ! 
La surprenante reprise du morceau d’INXS, Just Keep Walking, en gommant le côté rock FM du titre d'origine, conclut l'album en achevant de montrer tout le potentiel des talentueux Tony Dork.


THE PACIFICS - You Know You Make Me Wanna STOUT! EP - MISTKÄFER RECORDING CO - 2020 x 

The frame was fully set down with the Pacifics plays favourites’ first EP on Bachelor Records in 2010 : the 4 super-powered covers of some 50’s standards (Bo Diddley, Little Richards, the Shirelles, Chuck Berry) announced then a wild bunch of 45rpm eps over the forthcoming decade, with a huge base of highly marked rock’n’roll tunes, topped with classy 60’s beat, hearty power-pop and vivid mod’s songs.

The same recipe stands on the You Know You Make Me Wanna STOUT ! x self-released Ep (Mistkäfer Recording Co.) : high speed rockab tempo, dancing bass lines, catchy guitar riffs, short efficient guitar solo, discreet keyboards’ surgees, perky voice of the singer, omnipresence of jovial teenagers’ choirs and loving affairs’ lyrics.
Cryin’ is a stylish Manikins-like powerpop tune and Laughin’a lively Kaisers-like neo-50’s song, while the instrumental Quare Bungle Rock seems to be a Sonics’ legacy. I Won’t Miss stands as a marvelous 60’s garage mid-tempo hit that the Outsiders or the Remains wouldn’t have denied. 
The four Irish guys fully manage to raise a furious desire to yell their four songs in a Dublin pub with a pint of Guiness - the suggestive front cover, the STOUT ! title and the Gaelic back-notes sneakily contributing to that!


Les Pacifics avaient annoncé la couleur dès leur premier Ep, The Pacifics plays favourites, sorti sur Bachelor Records en 2010 : les quatre reprises, sur-vitaminées, de standards fifties de Bo DiddleyLittle Richardsthe Shirelles et Chuck Berry, étaient passées à la moulinette du garage 60's, de la power-pop et du mod revival, et allaient ouvrir la voie à une flopée de 45 tours durant la décennie suivante.
On retrouve cette même recette sur leur dernier EP auto-produit (Mistkäfer Recording Co.), You Know You Make Me Wanna STOUT ! : un tempo rockab' rapide, des lignes de basse virevoltantes, des mélodies et des solos accrocheurs à la guitare, quelques discrètes envolées de synthé, un chant enthousiaste et charismatique, des choeurs juvéniles très 60's et des chansons traitant principalement de déceptions amoureuses. Ainsi, Cryin est un pur morceau de power-pop à la ManikinsLaughin reste plus sur une lignée néo-50's à la Kaisers, tandis que l'instrumental Quare Bungle Rock semble rendre hommage aux Sonics. Enfin, I Won’t Miss, avec son tempo posé et ses sonorités garage 60's, est un véritable tube que n'auraient certainement pas refusé les Outsiders ou les Remains.
Une chose est sûre, c'est qu'après l'écoute de ce disque, les quatre irlandais nous ont donné une furieuse envie d'aller écluser quelques pintes de Guiness dans les pubs dublinois - la pochette suggestive, le titre (Stout!) et les notes en gaélique au dos y contribuent largement.

TAULARD - Dans La Plaine LP - BRODERIE RECORDS - 2020 x


Se rendre ou continuer à fuir… To surrender or to keep on flying away... Beyond its "fugitives" topic, the Taulard’s song Fuir x also seems to be a deep metaphor, on a Shakespearian way, of life and death : the only escape indeed remains to try to run away from the Grim Reaper, to carry on the elusive onward rush and to pursue a non-sense quest of unfindable ideals. To give up means to die, we can’t fight against that and there’s no other alternative.
This intense, heady song - thanx to my punk bro, Boris, who plugged it into my ears a few years ago - featured on the very first EP of the band, Frankreich Katastrophe in 2013. After a first LP, Les Abords du Lycée, released on Et Mon Cul, C’est Du Tofu? in 2014 (Hey ! Don’t forget to give a last support to this label, they are closing down after a full decade of rock’n’roll activism) and an additional split-10" with UltrademonTaulard x lately self-released this second album.
The musical approach of this 4-pieces band from Grenoble is pretty unusual : a fast drum’s tempo on most of the songs backs up the piercing lines of a perky 80’s vintage synthesizer, which seems to debate with a heady round-notes bass. The nearly parlando style vocals sound poetic and formally phrased, the singer cleverly juggles with French words. No guitar around there ! French synth punk and dark wave at its best !
The lyrics, without being gloomy and depressive, are clearly melancholic and highly emotional. They mostly deal with the inability to find the right words when speaking (BaragouinerJ’trouve Pas Mes Mots), the social inadaptation (DisquettePas ma Soirée) , the healthy "don’t care" attitude when facing the way other people are thinking of you (PrivilégiéApparences), and all those daily indecisions, recurring obsessions or disturbing missed-acts that are constantly been re-played, over and over, by our troubled minds (FixationMon embarras). The eponymous track jumps on the nostalgic experiment of the rural "working class" summer jobs, while Les Hauts Plateaux, with its Love Will Tear Us Apart similar serenity, talks about the quiet haven found in the loneliness of the Vercors’ mountains. That was the ideal soundtrack for the reading of the last Seth comics book, Clyde Fans ! 
To close up this Taulard’s review, have a little check on Yves Bernard, the newly side-band of the singer. A demo-tape was released by the Future Folks Records’ post-punk crew in Lyon, and the few songs sound like our beloved Warum Joe.

Fuir, partir, s'échapper ou se rendre… Au delà d'un champ lexical lié à l'évasion et à la taule, le titre Fuir de Taulard m'a toujours semblé être une métaphore de la vie et de la mort, au sens shakespearien du terme : le seul échappatoire à la Grande Faucheuse reste en effet la fuite. S'arrêter ou abandonner signifie mourir, impossible de lutter contre cela. On se fait toujours violence pour aller de l'avant, en essayant éventuellement de poursuivre, pour l'agrément ou la vanité, quelques vagues idéaux. Le morceau Fuir, c'est donc tout simplement un résumé du sens profond de la vie.
C'est Boris, mon pote kepon, qui m'avait fait découvrir, il y a quelques années, ce titre entêtant et au combien réaliste. Il était extrait du premier EP du groupe, Frankreich Katastrophe, enregistré en 2013, et avait été suivi, l'année suivante, par le LP Les Abords du Lycée, sorti sur Et Mon Cul, C’est Du Tofu? (d'ailleurs, on n'oubliera pas de soutenir une dernière fois ce label, qui ferme définitivement ses portes après une décennie d'activisme rock'n'roll), puis par un split 10'' en 2016 avec Ultrademon. Après quatre années d'absence, les quatre compères de Grenoble sont enfin de retour avec le LP auto-produit (Broderie RecordsDans La Plaine.
L'approche musicale de Taulard est assez peu banale : le tempo est généralement rapide, et les mélodies sont assurées par un synthé, au son aigu et vintage - très années 80 -, auquel répond une basse aux lignes claires et arrondies. Pas de guitare ici. Le chanteur jongle habilement avec les mots, d'une manière très poétique, plutôt parlée et en français... Bref, du synth-punk/dark wave à la française, comme on l'adore !
Les paroles, sans être glauques ou dépressives, sont clairement cérébrales, mélancoliques et bourrées d'émotion. Elles abordent l'impossibilité de trouver les mots justes (BaragouinerJ’trouve Pas Mes Mots), l'inadaptation sociale (DisquettePas ma Soirée), le blindage obligatoirement affiché pour faire face aux autres (PrivilégiéApparences), mais aussi, toutes ces indécisions quotidiennes, ces obsessions récurrentes et ces actes manqués qui vous pourrissent inlassablement le cerveau (Fixation, Mon embarras). Sur le titre éponyme, le chanteur nous plonge avec nostalgie dans ses expériences passées, tandis que sur Les Hauts Plateaux, dont la sérénité apparente rappelle le Love Will Tear Us Apart de Joy Division, il nous parle de sa quête de solitude et de quiétude sur les plateaux du Vercors. S'il fallait rapprocher ce groupe d'un équivalent littéraire, le nom de Seth(Clyde FansGeorge Sprott...) me viendrait directement à la tête.
Pour en finir avec cette chronique, on n'hésitera pas à poser une oreille attentive sur le nouveau projet du chanteur, Yves Bernard, dont les morceaux et le son semblent lorgner du côté de Warum Joe. Une K7 démo a déjà été sortie par l'équipe post-punk de la région lyonnaise, Future Folks Records.


LEWSBERG - Through The Garden SP - Self-Released - 2020 x


Lewsberg x, a 4-pieces Dutch band, claims its love for daily life’s snapshots and un-important things (garden and nature on this single), and tries, in its lyrics, to be as far as possible from any opinions or feelings. A mix of cold rationality, emotion-free distance, but generous nihilism, that can be found on this last single.
Through The Garden, on the A-side of the 7" , has a raw, un-changing and punctuated tempo, the bass lines are hypnotic, melodious and chanting, the rhythm guitar gives a mathematic 2-chords gimmick full of notes’ alteration – beware the pinky finger’s cramp - and the short, simple solo guitar sounds quite dissonant and almost noisy. The nonchalant English vocals, which are more talkative than sung, complete the picture. 
This song could both evoke the late 60’s proto-punk song White light/White Heat (Velvet Underground), the post-punk lay-out of the Interview Of The Cosmo Cleaners (Minneapolis Uranium Club) and the math rock What Burns Never Returns album (Don Caballero).
Nature, on the B-side, is a short and a slow folk song that sounds a bit like a melancholic Jonathan Richman.
The Rotterdam band is pretty prolific, as it has already released two singles, two LPs and a bunch of cassettes for the last three years. For information, the single edition of Through The Garden is shorter that the one on the In This House Lewsberg's LP. 

Une rationalité froide, un détachement à l'épreuve de toutes émotions et opinions : Lewsberg clame avec force son amour pour les petites choses de la vie, les instantanées simples du quotidien (la nature, les jardins... pour le présent single) et le nihilisme contemplatif.
Le titre de la face A, Through The Garden, possède une dimension toute mathématique : un tempo brut, marqué et millimétré, une basse hypnotique et chantante, des gimmicks planants et répétitifs à la guitare rythmique - deux notes pas plus, mais avec une multitude d'altérations, attention à la crampe du petit doigt ! -, une voix nonchalante et un chant anglais particulièrement phrasé. Seuls les solos à la lead-guitare, vaguement dissonants et noisy, apportent de la fioriture au titre.
On pense à la fois au morceau proto-punk White light/ White Heat du Velvet Underground, à l'excellent final de Interview Of The Cosmo Cleaners des post-punkers du Minneapolis Uranium Club et au math-rock de Don Caballero (What Burns Never Returns, par exemple).
Sur la face B, Nature est un court morceau folk à la Jonathan RichmanLe groupe de Rotterdam est en plus prolifique. En moins de trois ans, Lewsberg a déjà sorti deux 45 tours, deux albums, et quelques cassettes. Pour information, la version single de Through The Garden est plus courte que celle de l'album In This House.


COLLISION - Immortels SP - UVPR VINYLES - 2020 x


The Breizh town of Nantes - be careful, man, slippery introduction! - hosts a pleasant Oi scene : a rather united rock & punk family, many gigs’ places (la scène Micheletles Ateliers de Bitchela Lune Froide or the long-missing Au Chien Stupide…), some active organizers and labels (Une Vie Pour Rien ?Naoned Kicks…), and a few great band - the HeadlinersTeenage Hearts and Collision, which all seem to share a common love for mid-tempo Oi rhythms, catchy 80’s street-punk bass lines, heady power-pop guitar riffs, pretty melodious vocals and jovial hooligans choirs.
Collision applies this tasty recipe on this two-songs single, that UVPR Vinyles x had lately the good idea to release. Whether it be in the sound, in the elegant gimmicks on the piercing guitar solo, or in the topics dealing with their ways of life’s pride (Immortels), the time that flies by (La Vie S’échappe), or even the football and the other urban stories featuring on their 2019 demo-tape, the musical connexion to the Swiss band Vanilla Muffins will jump to the ears of any Oi lovers. And as the lyrics are in French, a single slogan comes to mind : la Oi Sucrée Vaincra !!! 

Nantes, en Bretagne (whaou ! Si ça, ce n'est pas une introduction polémique !). Nantes, donc, héberge une scène punk/Oi plutôt plaisante : une famille rock'n'roll relativement unie, de nombreux lieux de concert (La Scène Michelet, Les Ateliers de Bitche, La Lune Froide, Au Chien Stupide…), des assos et des labels actifs (Une Vie Pour Rien?, Naoned Kicks…) et de chouettes groupes (the HeadlinersTeenage HeartsCollision...), qui semblent tous partager le même amour pour la Oi mid-tempo et ses lignes de basses 80's, ses riffs frôlant la power-pop, ses chants plutôt mélodiques et ses choeurs hooliganesques.
Collision applique avec brio cette recette sur les deux titres de ce premier simple, que UVPR Vinyles a eu la bonne idée de sortir cette année. Que ce soit avec le son, les solos de guitare perçants ou les sujets abordés - le mode de vie underground (Immortels), l'horloge qui tourne (La Vie S’échappe), ou encore le football et les autres aventures urbaines de leur cassette démo de 2019 -, l'affiliation musicale avec la Oi sucrée du groupe suisse Vanilla Muffins sautera aux oreilles averties de n'importe quels fan de Oi. Autant dire que c'est tout simplement excellent ! Sugar Oi Will Win ?