Tuesday 22 June 2021

Moody Notes : Virus, Death, and Recollection.



I invariantly jog along the same old path. The spot, winding abeam the sea front, is just perfect to let one's mind wander : marvelous landscape - the giant ramparts of the ancient volcano on the right, the furious flows of the Indian Ocean on the left - surrounded by the sunny bright sky and the muffled clatter of the shiny peebles rolling under the waves. I should change sometime... But, you know, those daily habits, which become more pervasive with the age, while the lookout for some novelties becomes less appealing... I sometimes wonder if I'm not turning into one of those decrepit-minded conservative guys... But I digress.

J'empruntais invariablement le même parcours lorsque je partais courir. J'aurais certes pu en changer à l'occasion, mais cela restait là une de ces petites habitudes qui devenaient chaque jour plus prégnantes avec l'âge - la recherche de la nouveauté semblant toujours de moins en moins attrayante. À se demander si je ne me transformais finalement pas en un de ces conservateurs à l'esprit étriqué sur lesquels j'avais toujours médit. Mais, là n'était pas la propos... 
Le sentier serpentait le long de la côte et son environnement était propice au vagabondage de l'esprit : le paysage grandiose - les remparts impressionnants de l'ancien volcan à droite, les flots déchaînés de l'Océan Indien à gauche - le ciel lumineux, baigné de soleil, le bruit sourd des galets s'entrechoquant sous la puissance des vagues...

Cimetière La Peste


The old pathway leads to a weird place called Cimetière La Peste. There's something in the air around that old marine graveyard, some people even certify that lost souls are still haunting the place, and it's not unusual to find the remains of some sacrificed chicken or local mystic rites. In fact, the spirit of the cemetery rather stands in its tragic history : in March 1919, the Madonna's ship, sailing from Europe to Reunion, brought the Spanish Influenza to the island, 10.000 people passed away in a few weeks and hundreds of poor damned ones were quickly and discreetly buried there together in mass graves *.
But whatever might think a few gullible believers, some feelings can't be missed around there: recollection, sorrow, always followed by a deep terror, thinking of the fact that it would obviously happen again someday. 

Le chemin menait en un lieu assez énigmatique : le Cimetière La Peste. Quelque chose de mystique semblait émaner de ce vieux cimetière marin, certaines personnes crédules certifiaient même que des âmes perdus hantaient les lieux et il n'était pas rare d'y trouver les restes de quelques poulets sacrifiés lors de rites locaux. En fait, l'esprit du cimetière résidait plus sûrement dans sa tragique histoire : en mars 1919, le navire Le Madonna, en provenance d'Europe, apporta la Grippe Espagnole sur l'île de La Réunion. 10 000 personnes furent fauchées en quelques semaines et des centaines de pauvres gens furent inhumées ensemble, rapidement et discrètement, dans ce charnier *. 
Mais quoique l'on pût penser des quelques croyances locales, certains sentiments étranges s'imposaient en ce lieu : la compassion, le recueillement, et surtout, cette terreur profonde à la pensée que de tels évènements se reproduiraient à l'évidence un jour.

One century after the disaster, the catastrophe scenario obviously didn't occur again, and the comparaison of two similar pandemic events leads to a clear conclusion : the victorious battles in the war against the present virus must be counted among the biggest achievements of scientific studies and medical progress. 
A team of genetics' researchers has recently sequenced, for the first time, the whole lineage of the variants of the Spanish Influenza. They proved that its very first mutation - the same one as the one embedded on the Madonna's boat - was the most fatal, and all the following ones, popping up every year, became the basic viral strains of our seasonal flu, which quickly lost their damaging mass effects, thanks to global immunization, and later on, to some targeted campaigns of vaccination. The kind of fascinating basic research, full of hope for the upcoming months, that manages to make me still believe in the future and humankind, at least for a little while. 
And as I heard that the current period is proper for rejoicing again, here comes another positive news ! Humanist ideas, mostly carried by the democratic societies which decided to take care of their weakest citizens, seem to be the great winners of the current crisis. Isn't that thrilling to see all those worldwide alt-right populist governments (Trump, Modi, Bolsonero...) sinking down, because of their criminal management of the sanitary crisis ? Nature seems to offer us a welcome break in the irresistible rebirth of the nationalist filthy beast. 

Un siècle après ce désastre, le scénario catastrophe ne s'était pas répété, et la comparaison de deux épisodes pandémiques similaires débouchait sur une conclusion on ne pouvait plus claire : la victoire dans notre guerre contre le virus de la Co-Vid était à mettre sur le compte de la recherche scientifique et du progrès médical.
Une équipe de généticiens venait par exemple, pour la première fois, de découvrir le séquençage de la lignée de tous les variants du virus de la Grippe Espagnole, et avait prouvé que sa toute première mutation - celle embarquée à bords du Madonna - avait été la plus fatale. Que les variants suivants, qui avaient essaimé chaque année depuis, n'étaient autres que les souches de ce que nous appelions la grippe saisonnière. Que ce virus avait rapidement perdu de ses effets dévastateurs grâce à une immunité collective, et plus tard, à quelques campagnes ciblées de vaccination... Ces nouvelles fascinantes en provenance de la recherche fondamentale apportaient enfin un peu d'espoir pour les mois à venir et me redonnaient même un peu de confiance en l'humanité et le futur, du moins pour un instant. 
Comme l'heure des réjouissances semblait à nouveau poindre, une autre nouvelle positive nous arrivait du monde. Les idées humanistes, majoritairement portées par des sociétés social-démocrates qui avaient fait le choix de préserver leurs citoyens les plus faibles, semblaient sortir grandes vainqueuses de cette pandémie. N'était-il pas heureux de voir tous ces gouvernements de l'alt-right populiste (les Trump, Bolsanero, Modi...) sombrer les uns après les autres en raison de leur gestion calamiteuse de la crise sanitaire ? La Nature nous offrait finalement un répit bienvenu dans l'irrésistible ascension de la bête immonde et du nationalisme.


* The local story of the disaster was admirably documented by Huo-Chao-Si & Appollo in the best-seller comix book La Grippe Coloniale (Vent d'Ouest Editions - 2003))

* L'histoire locale de ce désastre a été admirablement documenté par Huo-Chao-Si & Appollo dans l'excellente Bd La Grippe Coloniale (Vent d'Ouest Editions - 2003)





Monday 14 June 2021

Gigs' Reviews : Pamplemousse + Kilkil + Lomor - November the 10th, 2020 - Rock O TEAT Festival




The last time I came to the TEAT's x open-air amphitheater was in 2010 for the moving show of one of the greatest romantic, French rocker : Christophe, and yes, my girl friand always plays some of his songs after having a few drinks together... Christophe's hit Aline was famous in the mid-60's, and he had brightly managed his come back since the early noughties with some electro-pop, modern versions of his hits. Virus, death and recollection, once again : Christophe passed away, victim of the virus, at the very beginning of the pandemia. 
An electro-rock band, Kilkil, which name sounded like a call to try to face the Great Reaper's offensive, was ironically scheduled for my second attempt to this place.

La dernière fois où nous nous étions rendu au théâtre de Plein Air de Saint Gilles - le TEAT - remontait déjà à 2010. Nous y avions assisté au concert de Christophe, l’un des plus grands rockeurs romantiques français. Ce soir-là, sa sensibilité et sa fragilité y furent touchantes. 
J’avais appris à apprécier l'artiste. Ses disques clôturaient généralement, en compagnie de ceux d'Alain Bashung, les fins de soirées en tête à tête avec ma compagne, lorsqu'une ivresse festive laissait progressivement la place à une douce mélancolie. Christophe était connu pour son titre-phare, Aline, sorti au milieu des années 60, ainsi que pour quelques beaux morceaux produits au cours des années 70/80 (Succès FouLes Mots Bleus...). Il avait en outre brillamment négocié son retour sur la scène au début des années 2000 en offrant à son public des versions électro-pop modernisées de ses tubes. Christophe a été terrassé par le virus au tout début de la pandémie.
La virus, la mort... En retournant en ces lieux, je ne pouvais m'empêcher d'avoir une pensée pour l'artiste. Ironiquement, c'était pour assister au concert de KilKil, groupe électro-rock de la Réunion, dont le nom semblait être un appel à contrer l'offensive de La Grande Faucheuse.

Kilkil

Despite the standards of social distancing and the ubiquitous masks, the huge concrete theater was full, the beer was flooding at the bar, all the different rock tribes were around to support their own favorite local bands, the usual pirates were sticking together,
Cristian Occhio was talkative as ever and everybody seemed to savor his chance to be there, on this open-minded, open-air, rock festival, with an amazing view on St Gilles' bay, and in the very single French territory which wasn't locked down again. I even met a newly arrived rocker from Brittany, who used to play double-bass in the Sleepwalkerz from Rennes. A promise to have a new rockabilly band around in the forthcoming months? 

Lomor x, a guitar/bass/drums trio band, was opening the night with a punk/metal hardcore sound, played on a Slayer's very trashy way. Not really my cup of tea, but the bunch of hairy followers seemed to appreciate. The band was linked to the local Studio Tic x, a rehearsal place and label, mostly dedicated to the metal genre, and co-organizer of the festival.

Malgré les normes de distanciation sociale et l'omniprésence des masques, l'énorme théâtre de béton grouillait de monde, la bière coulait à flots au bar, les différentes tribus du rock réunionnais s'étaient déplacées en masse pour soutenir leurs groupes favoris, les pirates et les rockeurs habituels trinquaient ensemble, Cristian Occhio était toujours aussi bavard, et chacun semblait savourer la chance d'être présent ici, sur ce festival de plein-air, avec cette magnifique vue sur la baie de Saint Gilles, et dans le seul et unique territoire français qui n'était pas à nouveau confiné. Je croisais même un rockeur fraîchement débarqué de Bretagne, qui avait joué précédemment de la contrebasse avec les Sleepwalkerz de Rennes - peut-être la promesse d'avoir bientôt un nouveau groupe de rockabilly dans le coin ?

Lomor, un trio guitare/basse/batterie de hardcore-punk/trash-metal, avec un son à la Slayer, ouvrit la soirée. Pas forcément ma tasse de thé, mais la clique de fans aux cheveux longs qui s'était déplacés semblait apprécier. Le groupe était lié au Studio Tic, association co-organisatrice du festival, et également lieu de répétitions et de concerts, plutôt axés sur le métal, à Saint Denis.

I hadn't seen Kilkil x for a long time, the format of the band was still looking the same - onward electro-sounding bass, electronic drums, electro samples and side-effects' machines, and free-punk parts on the saxophone. Surely due to the lockdown, their musical repertoire had grown up a bit, with a more marked dispatching in the female/male vocals and the English/low-tone German lyrics, and the new songs reminded me the most nervous ones of De Ambassade, the sensation Dutch band in the electro-rock world by then. 
The eye blink to the Mo-Do's Italian technoid hit, Ein, Zwei, Drei, Polizei, managed to make me travel back to my teenagers years, when Eurodance was the inescapable background sound for any parties in the Franco-German Exchange Youth programs (Oh Goshhh ! That first true romance...). Isn't the relief of the body and the mind what's the most expected in music ? So, good point for them ! 
Their new 7-songs Lp, Clermont-Ferrand, with another amazing art cover designed by the South-African artist Conrad Botes, should be released by the Belgium label RockeRill Records x very soon (co-release with Maudit Tangue Rec. x, co-organizer of the festival, by the way). To end up with Kilkil, dig up the other bands of the three musicians : Tuelipe (electro-pop one-woman band), MonOi (Oi ! music featuring the two guys, they even cover some 8°6 Crew 's songs!) and Holy Soul (Ska/Soul).

Je n'avais pas revu le trio Kilkil depuis un bon moment. La base du groupe n'avait pas changé - toujours cette basse traficotée, très en avant et avec un son électro, cette batterie électronique, ces samples et effets aux machines, ces passages free-punk au saxophone... Sans doute en raison du confinement, leur répertoire s'était étoffé un brin, avec un répartition plus marquée entre les chants féminins et masculins, entre les morceaux en anglais et ceux chantés en allemand, d'une voix notablement grave. Leurs nouvelles compositions faisaient ainsi penser aux titres les plus nerveux du groupe De Ambassade, le groupe hollandais électro-rock qui faisait fureur à ce moment-là. 
Le titre Polizei, clin d'oeil au tube technoïde des italiens de Mo-Do (Ein, Zwei, Drei, Polizei) réussit même à me plonger quelques instants dans les folles années de mon adolescence, lorsque l'Eurodance rythmait inévitablement toutes les soirées des programmes d'échange franco-germanique (Rhaa ! Cette première romance...). Mon esprit vagabondait, la musique de Kilkil avait atteint son but premier !
Le groupe n'allait pas tarder à sortir un nouvel album 7-titres, Clermont-Ferrand, avec une nouvelle fois une superbe pochette dessinée par le Sud-africain Conrad Botes, et en co-production entre les belges de RockeRill Records et leur propre label Maudit Tangue Records (co-organisateur du festival). À noter également, les autres groupes des trois musiciens : Tuelipe (projet solo electro-pop de la chanteuse), MonOi (groupe de Oi avec les deux gars et une belle reprise de 8°6 Crew) et Holy Soul (Ska/Soul).

The noisy wall of guitar of Pamplemousse x closed the night. In a recent review, we already talked a bit about the trio band, their stoner/hardcore sound, the screaming voice coming from the guts of the singer, the recording sessions at the Black Box studios and the Angers' Thugs/Hint lineage, the close follow-up of two Lps released on A Tant Rêver Du Roi Records x. But, don't forget to check also the new solo project of the bassist girl : Bust A Gut. A dreamy electro-indus little nugget !

Le groupe noise Pamplemousse clôtura la soirée en beauté.
On a déjà parlé récemment de ce trio : leur son stoner/hardcore, le mur de guitare, la rythmique déchaînée, la consistance des hurlements du chanteur, les sessions d'enregistrement au Studio Black Box et l'héritage angevin des Thugs et de Hint, leurs deux Lp sortis coup sur coup en deux ans sur le label A Tant Rêver Du Roi... On n'oubliera pas d'écouter au passage le nouveau projet solo - de l'électro-indus planante - de la bassiste : Bust A Gut.





Tuesday 1 June 2021

Turning Round On The Turntable : Sweet Reaper, Jackson Reid Briggs & the Heaters, Spodee Boy, the Sex Organs, Pamela & the Andersons, Paddock & Breakfast




SWEET REAPER - Microdose Ep - ALIEN SNATCH REC - 2021 - X

Sweet Reaper

Alien Snatch Records x, the German label dedicated to the world's classiest power pop/garage punk bands for more than two decades (Hex Dispensers, Mojomatics, Primitive Hands, Lost Balloons, Bad Sports, Lame... to name just a few of them), is back with a favorite new highly-productive band, Sweet Reaper (two Lps released in 2020, Closer Still & Side Kick, and a brand new EP, Microdose, out two month ago!).
The trio band is from Ventura, California. The melodic guitar has a marvelous "gling gling" aggressive sound, the bass lines brightly enfold the songs and the female drummer alternates mid-tempo rhythms (Cowards & Like The Way) and nervous beats (Liar & Drink The Poison). 
The immersion in those four songs looks like to me a pleasant return to the daily bread of my early-thirties, into the well-known home of the beloved Marked Men, Manikins, Kidnappers and other Hidden Charms. Nostalgic surges in sight ! And that damned time that still flies... The name of the band, as well as the artistic drawings of the Great Reaper on the front cover, remind me that the very best is mostly behind me now, and the feeling, that everything is vain, becomes each day more pervasive.

Cela fait déjà une bonne vingtaine d’années qu’Alien Snatch Records s’est placé sur le créneau de la power-pop et du garage-punk internationaux, en sortant les disques des groupes parmi les meilleurs du genre (Hex Dispensers, Mojomatics, Primitive Hands, Lost Balloons, Bad Sports, Lame... pour n’en citer que quelques-uns). Le nouveau coup de coeur du label allemand est un groupe américain très productif, Sweet Reaper, qui a sorti coup sur coup deux Lps en 2020 (Closer Still & Side Kick), et ce nouveau Ep, Microdose, il y a tout juste deux mois.
Sweet Reaper est un trio guitare/basse/batterie de Ventura, en Californie. La guitare est à la fois mélodique et agressive, les lignes de basse apportent un bon équilibre aux morceaux, et le jeu de la batteuse alterne entre mid-tempo élégant (Cowards & Like The Way) et rythmiques plus nerveuses (Liar & Drink The Poison).
L’écoute de ces quatre morceaux nous replonge avec nostalgie dans le meilleur des années 2000, quand les Marked Men, les Manikins, les Kidnappers et autres Hidden Charms composaient en continu des tubes géniaux. Belle époque, en effet… Reste que ce fichu sablier a continué de s’écouler, et que la Grande Faucheuse semble nous guetter avec un peu plus d’insistance. Le nom du groupe, le dessin de pochette, etc... nous rappellent à la vanité des choses, et que le meilleur est sans doute derrière nous.


JACKSON REID BRIGGS & THE HEATERS - Waiting In A Corner Lp - LEGLESS RECORDS - 2021 - X

Jackson Reid Briggs & the Heaters

Talking about memories... The first time I discovered that Australia was hosting some punk bands was in September 1997. I was twenty, Cosmic Psycho and the Onyas were showing up in a social center of my sweet hometown Angers, and I was blown by their raw punk sound full-filled with greasy hard-rock touches. A brutal deflowering indeed...
Jackson Reid Briggs seems to follow the path of his notorious ancestors and also plays some ballsy punk rock'n'roll with His Heaters : loud wall of guitar & bass, continuous high-tones guitar solos, mid-tempo tough rhythm, tormented voice coming straight from the guts of the screamo-singer (by the way, nice T-shirt reflecting some good tastes! x), but a prevailing melancholia that's hard to hide – sadly the lyrics aren't included. Some Turbonegro's fans would call that death punk...
Legless Records x, the new terrific Melbourne label dedicated to aggressive punk (Stiff Richards, Cutters, COFFIN, Gee Tee...) and idle punkers (Tony Dork, Speed Week), released the fourth LP of the band (the previous one was out on a French label, Beast Records). Don't miss it ! If only you knew... 

Justement, en parlant de souvenirs… Septembre 1997, Angers. J’ai 20 ans.Cosmic Psycho et les Onyas jouent dans une MJC locale. C’est la première fois que j’entends parler de punk rock australien. Je suis soufflé par le son brut des deux groupes et la déflagration de leur hard-rock de graisseux. Dépucelage brutal…
Vingt-cinq ans plus tard, je ne peux m'empêcher de penser à cette soirée à l'écoute de cet album, tant les gars de Jackson Reid Briggs & the Heaters semblent avoir suivi la voie tracée par leurs illustres prédécesseurs. Ils jouent eux aussi un punk rock teinté de roll'n'roll à base de testostérone : puissant mur de guitare et de basse, solos de guitare aigus et joués en continu, rythmique mid-tempo frappée et violente, voix tourmentée et hurlée du chanteur, venant directement des tripes, ainsi qu'une mélancolie sous-jacente sur l’ensemble des morceaux - les paroles ne sont hélas pas fournies. Les fans de Turbonegro devraient apprécier.
Legless Records, l’excellent label de Melbourne qui s'est spécialisé dans ce genre de punk agressif (Stiff Richards, CuttersCOFFIN…) - mais pas que, puisqu’on lui doit aussi quelques belles pépites de garage-punk pour ''branleurs'' (Gee Tee, Tony Dork, Speed Week) - a sorti le quatrième Lp du groupe (le précédent était d’ailleurs sorti sur un label français, Beast Records). Bref, un groupe à ne pas manquer.


SPODEE BOY - Rides Again Ep - GOODBYE BOOZY RECORDS - 2021 - X

Spodee Boys

Nashville, Tennessee... The entrance door to the Far West and the Yankees' collective imaginary : lonesome riding in the sunshine, guns' shooting in Tombstone, cowboys' ranch... 
The Spodee Boy, a gang that hangs around the saloons of the big city, stylishly appropriates the whole subject on this concept EP (musical arrangements and whistles, lyrics, front cover) and upgrades that western thing with a wild garage background. The sound, less dirty and noisy than on their previous EPs (released on Drop Medium Rec and Soft Junk Rec), is rather more into the one of the Gun Club (the awesome Dress The Parts and the foolish Ain't Funny) or some KbD bands (the galopping Rides Again reminds the Daddy's My Pusher song by the Dutch Tits), and the band even wanders into some bluesy ballads (Tombstone and its Country Teasers side). The nonchalante voice, more talked than sung, is close to the Billy Childish's one. This EP is a really cool & raw stuff !
Goodbye Boozy Records x keeps on digging, over and over, the garage/punk mines of the Wild West to find some new nuggets. After a Datenight's EP two years ago and this Spoode Boy's one, the Nashville's seam still remains very promising, and the next one, by Snooper, will come out next month. 
Check also the other bands of the last batch released around March by the compulsory Italian label : the lo-fi screamo-punk EP of the Stools from Detroit, the deep dive in the Louisiana world of Drew Owen (Louder Than War, Trampoline Team, LSDOGS...) with his garage punk band Sick Thoughts and his trashy hxc combo D.D Deth and finally, the re-release of the split EP of the Primitive Fools (lo-fi garage/surf featuring the young Ty Segall in 2007) versus the Primate Five (Budget Rock with some Planet of the Apes' fancy dresses).

Nashville, Tennessee. La porte d'entrée vers l'Ouest Sauvage. Un lieu mythique où survit encore tout un imaginaire collectif propre à faire rêver tout bon Yankee qui se respecte : les chevauchées solitaires au soleil couchant, le cliquetis des éperons, les duels à Tombstone, les ranchs et les cowboys... Dans cette grande ville du Far West, les gars de Spodee Boy écument encore les saloons pour y présenter leur projet musical : du garage-punk, sauvage et brut, dans lequel ils ont réussi à insuffler tout un tas de concepts de garçons vachers (arrangements musicaux, sifflements, paroles, rythmes galopants, dessin de couverture, etc...). Spodee Boy, c'est du vrai garage-punk de cowboys!
Le son, sans doute moins crade et bruyant que sur leurs précédents opus (sortis sur Drop Medium et Junk Records) se situe sur la lignée d'un Gun Club (l'excellent Dress The Parts ou l'excentrique Ain't Funny) ou sur celle de groupes à la KbD (le galopant Rides Again n'est pas sans rappeler le Daddy's My Pusher des Tits hollandais), et le groupe n'hésite pas non plus à s'aventurer vers la ballade blues/folk punk (Tombstone possède un petit charme à la Country Teasers pas déplaisant). La voix nonchalante et assez phrasée, sonne un peu comme celle de Billy Childish. Un Ep au son brut et vraiment cool.
Goodbye Boozy Records continue inlassablement d'explorer le filon, toujours prometteur, du garage-punk Made In Nashville, à la recherche des plus belles pépites du lieu (le 45 tours de Datenight il y a deux ans, ce Ep des Spoode Boy, ou celui de Snooper à paraître très prochainement). 
On profitera aussi de cette sortie pour poser une oreille rapide sur la fournée printanière du label italien : le punk hurlé et lo-fi des Stools de Detroit; la plongée en Louisiane dans le monde de Drew Owen (Louder Than WarTrampoline TeamLSDOGS...) avec son groupe garage-punk Sick Thoughts et son projet solo trash/hardcore D.D Deth; ou encore le ré-édition de l'excellent split-Ep des Primitive Fools (projet surf/garage lo-fi du jeune Ty Segall en 2007) avec the Primate Five (budget-rock avec déguisements sortis tout droit du film La Planète des Singes).


SEX ORGANS - Where Is My Dildo/I Hate Underpants Sp - ORGASTIC RECORDS - 2021 - X

The Sex Organs

Did I say Budget Rock somewhere ? In the late 80's, four jerks clothed like actual mummies, were hanging around the best Californian venues, playing some 60's garage revival on a dirty punk wild way, with a raw lo-fi sound, and recorded a few low-budget vinyls. Fun and stupidity were their leading purpose - to achieve that point, they found nothing better than erasing their own individualities and personal asperities under the same fancy dresses - and the band, named the Mummies, ignited a new punk sub-genre called Budget Rock. An eye-blink, for sure, to the DIY atmosphere of the RKO's scary movies from the 50's (the famous Budget B-Movies, from which, by the way, the band frequently borrowed some of the codes).
Budget Rock has kept on burgeoning ever since, and seems to have reached a daring paroxysm with that male/female duo band : the Sex Organs
The guy is dressed up like a furry erected penis (!) and hates underpants, while the girl, disguised as a puffy vulva with teeth (!!), wonders where her dildo is, and the two frightening sex organs clearly seem to stand as two aliens cu(o)ming from outer space and stuck-minded into sexual subjects : sexual pleasure, sex toys, lubricity and a few other aliens' fucking plans... . Fun, fun, fun ! But may we ask how they manage to show up and play with such cumbersome costumes ?
The music ? Highly rhythmical gimmicks on his guitar, nervous kicking on her minimal drum set, mixed singing and choirs, saucy lyrics and sex-beat garage ! Despite the disguises, the vocals are clearly recognisable (the Who's Who search on Discogs confirms the thing) : the Swiss band featured the Jackets's female singer (you surely know, that Wasting My Time hit !) and the Anomalys' guitarist/singer. 
They recorded a first single, Fuck the Human Race, followed by a LP album, Intergalitic Sex Tourist, in 2016, both on Reverend Beatman's label, Voodoo Rhythm Records. This new single was self-released on Orgastic Records. Last but not least, check the flashy pink cover and the spoony texture of the beautiful packaging.
Sex, Fun and Rock'n'roll ? The spice of life !

On vient de parler de budget-rock, là, non ? C'est quoi cette étiquette, encore ?
À la fin des années 80, quatre jeunes rockeurs retournent les bars de Californie en jouant un garage-60's racé, exécuté d'une manière très punk et brute, avec un son lo-fi cradingue, et gravent tout cela sur une paire de disques bon marché. La stupidité et le fun semblent être les maître-mots du projet, et pour le mener à bien, ils n'hésiteront pas à effacer leur propre individualité et à gommer toutes aspérités personnelles sous un même et unique costume de... momies. Le groupe The Mummies est né en même temps qu'un nouveau sous-genre du punk, appelé budget-rock. Un clin d'oeil appuyé, bien sûr, à l'atmosphère DIY des films d'horreur de la RKO des années 50 (les fameux Low-Budget Movies, ou B-Movies, auquel le groupe empruntera d'ailleurs régulièrement un bon nombre des codes). 
Le concept du budget-rock a largement proliféré depuis. Il semble même avoir atteint un audacieux paroxysme avec le couple jouant dans les Sex Organs. Lui est déguisé en pénis en érection, couvert de fourrure, et chante sa haine des sous-vêtements, tandis qu'elle, en vulve gonflée avec des dents (!), questionne tout un chacun pour savoir s'il n'a pas retrouvé son godemiché. Deux organes sexuels effrayants, donc, qui ressemblent à deux extra-terrestres à l'esprit bloqué sur la chose sexuelle : plaisir sexuel, godemichés, lubricité et autres plans cul d'aliens... Un concept, et du fun, du fun et encore du fun! (Avec quand même cette petite question existentielle: comment font-ils pour jouer avec des costumes aussi encombrants ?)
La musique, me direz-vous ? Des gimmicks très rythmés à la guitare, une frappe nerveuse sur la batterie minimaliste de la batteuse, un chant et des choeurs mixtes, des paroles grivoises pour du garage-punk à la sauce Sex-Beat ! Les voix sont quand même très reconnaissables (et la recherche du Who's Who dans Discogs confirme le truc) : sous les déguisements se cachent la chanteuse du groupe suisse the Jackets (on connait tous leur hit Wasting My Time!) et le guitariste hollandais des Anomalys.
Les Sex Organs ont déjà sorti un premier 45 tours Fuck the Human Race, suivi de l'album Intergalitic Sex Tourist en 2016, tous les deux sur le label du Reverend BeatmanVoodoo Rhythm Records. Ce nouveau simple a été auto-produit sur Orgastic Records. On admirera aussi les jolies couleurs fluorescentes et la texture spongieuse de la pochette du disque.
Sexe, Fun et Rock'n'roll ? La vie !


PAMELA & THE ANDERSONS - The Pamelas Lp - SAYOR RECORDS/RUN RUN RECORDS - 2021 - X


Back to the very early 60's, around the Southern Californian area, when 50's rock'n'roll was achieving it mutation into some elegant instrumental surf music !
Pamela & the Andersons brightly manages to take us back to the sound of the Ventures, the Del Tones and Duane Eddy : highly danceable tempo, catchy harmonies, reverberation's distinctive markers and three clear sounding guitars - one for the rhythm and the two solo ones constantly conversing one with the other. An additional baritone saxo and the revival sound would have been perfect !
No, the combo doesn't come from Orange County, but from Reunion Island to our great delight ! The local All-Stars rock band features some musicians of Golgot VR, Holy Soul, Mothra Slapping, Pluto Crevé, etc..., and shows the great vitality of our local rock scene. It also proves that any lovers of any punk sub-genres (indie rock, hardcore, punk, psychobilly, 2-tone ska...) will some day come back to the roots.
Though, the quality and the seriousness of the stylish 6-songs standing on the Lp doesn't erase the schoolish side of the five jokers: sleeve's pictures showing some funny surf session in a swimming pool, name of the band... A new-born local label, Sayor Records x (Surf At Your Own Risk !, such an adequate sentence around here) co-released the record, with the help of the local vinyl factory Run Run Factory x... Hypnotizing, mister drummer ?!

Pamela & the Andersons fait revivre avec brio le son des Ventures, des Del Tones et de Duane Eddy : rythme très dansant, mélodies entraînantes, réverb de guitare caractéristique, son clair des trois guitares - l’une à la rythmique, les deux autres en grande conversation, leurs solos se répondant sans discontinuer. Ouais ! Avec en plus un saxo baryton et un son un tout petit peu plus vintage, on pourrait presque se croire à Orange County en 1961, à l'époque où le rock’n’roll 50’s avait achevé sa mutation en une élégante musique instrumentale appelée surf music !
Pourtant, Pamela & the Andersons est un groupe contemporain qui nous vient de l’île de La Réunion (pour notre plus grande joie !). C’est une sorte de all-stars band local, avec pas mal de musiciens de formations du cru : Golgot VR, Holy Soul, Mothra Slapping, Pluto Crevé, etc... Une belle démonstration de la vitalité de la scène rock réunionnaise et une nouvelle preuve que tout amateur de punk rock, quel qu'en soit sa forme (indie rock, hardcore, punk, psycho-billy, 2-tone ska...) reviendra toujours un jour aux sources du genre. 
Le Lp comprend six morceaux classes et hypnotisants - quelque chose à voir avec le batteur ;-) ? - dont la qualité et le sérieux n'effacent en rien pas le côté potache des cinq musiciens : nom du groupe, photo de couverture montrant une session de surf... en piscine, etc... Le disque est sorti sur un nouveau label local, Sayor Records ('Surf At Your Own Risk!', un slogan approprié dans ce coin du monde), en co-production avec Run Run Records, la start-up réunionnaise montante dédiée au pressage de vinyles.


PADDOCK & BREAKFAST - Alone/Artist SP - BARRETTES RECORDS - 2021 - X

Paddock & Breakfast

Three good reasons to make the last little focus on Paddock & Breakfast ? They come from Angers (sweet hometown, bis repetita!), they (consequently) used to love the Thugs, and they are huge fans of the Parisian band Pierre & Bastien.
The duo band seems to be a male/female couple in its early/mid-forties. The two songs of the single, self-released on Barrettes Records, are clearly influenced by the two compulsory bands. Alone and Artist are played on a DIY noisy/punk minimalist way (binary tempo, 3-chords guitar riffs, a female voice that isn’t always crisp and clear) and sounds wilful and touching. The few home-made video captures with their children playing with them are moving too. The proof that there’s no age to start a punk band ?

Vous voulez trois bonnes raisons pour écouter les Paddock & Breakfast? Raison n°1 : ils viennent d'Angers, ma chère ville natale (on va finir par le savoir, non?). Raison n°2 (et sans doute, conséquence du point n°1) : ils adorent les Thugs. Raison n° 3 : ce sont de gros fans de Pierre & Bastien.
Le duo est un couple de quarantenaires, dont les enfants ont grandi et qui commence à sérieusement s'ennuyer. Ils ont donc décidés de jouer du garage-punk. Leurs deux premiers morceaux viennent de sortir sur ce 45 tours, auto-produit sur Barrettes Records, et sont clairement influencés par les deux groupes référencés ci-dessus : Alone et Artists ont deux titres de noise/punk joués de manière très DIY et minimaliste (tempo binaire, riffs de 3 accords, voix féminine pas toujours calée, jeu pas toujours juste mais très volontaire, captures vidéo-amateur très touchantes les montrant jouant avec leurs enfants, etc...). La preuve qu'il n'y a pas d'âge pour monter son premier groupe punk ?