Thursday 8 April 2021

Moody Notes : Through The Garden *


Through The Garden



Batsie, the doggy-looking little bat, was nesting under the roof of the open-air veranda. A cutie, that used to make the show every night, crawling out of her tiny hole among green geckos, clumsily taking off, nervously hunting bugs over the garden and coming back to nurse her periodic litter of baby bats. On some daylights, she could stridently shout after them to keep them quiet till their evening flight.She seemed to be kind of an offset, lonely creature, in the margins of the colony of a thousand bats nesting in the old electrical tower of the close neighborhood. Overcrowding ? Secret partner of a bat leader ? Disease, doom or exil ? Human-model transpositions weren't lacking and the unknown explanations of Batsie's weird attitude to her congeners kept me busy from time to time. Whatever ! Despite her beastie smell on the warmest days of the year, we got pretty used to her presence and never had the heart to chase her away. 

Damned pervasive Covid's paranoia, damned pangolin stories, damned parallels between the Chinese mammals and the Reunion ones called tangues ! Those funny local hedgehogs were often snooping around through the garden at night, and sadly for them, their meat was a highly-prized meal among Creole people - definitely not my stuff, I'd far rather watch them walk around. But to get back to the talk, it seemed pretty obvious that a new virus chain was in sight and the next pandemic was on its way for sure ! The frightening vision, at the height of the crisis, of a team of scientists, fully equipped with sanitary dresses, and daily collecting bats from the tower's colony for some blood checks, convinced me to take action : during one of her night flights, I patched the hole of Batsie's empty nest.

It goes without saying that human species is a plague for Nature and nobody escapes the rule. But fair enough, everybody has to pay back someday. Was that my reward for the eviction ? A few hours later, a giant bat - it wasn't our poor little one, but a dominant male for sure - darted down on me and gifted me with the drop, on the feet, of the biggest bat's poo ever seen. Amazing mysteries of Nature and weird Covid's times...

Batsie, c'était le petit nom que les enfants avaient donné à notre chauve-souris - plus précisément un Petit Molosse de La Réunion - qui nichait sous le toit de notre varangue. Chaque soir, elle nous offrait le même spectacle : elle s'extirpait de son minuscule nid, en rampant péniblement au milieu des geckos verts, prenait son envol maladroitement, puis partait chasser avec frénésie les insectes du jardin, avant de revenir porter le produit de sa chasse à sa portée. En pleine journée, on pouvait parfois entendre son cri strident, lancé à ses petits afin qu'ils restent cois jusqu'à la nuit tombée.
Elle vivait en marge de l'énorme colonie de roussettes qui s'étaient établies dans la vieille tour électrique du voisinage. Était-ce l'effet d'une surpopulation ou une preuve d'asociabilité ? Un exil ou une malédiction ? Une mise à l'écart en raison d'une maladie ? Transposer la psychologie humaine et nos modèles sociologiques, et essayer de trouver une explication rationnelle à son attitude décalée vis-à-vis de ses congénères m'occupait régulièrement l'esprit.
Quoi qu'il en fût, et malgré une odeur bestiale prononcée les jours de fortes chaleurs, nous nous étions habitués à sa présence et nous n'avions jamais eu à coeur de la chasser. 

Saloperie de Co-Vid, foutues histoires de pangolins, maudits parallèles établis entre ces mammifères chinois et ceux, vivant à la Réunion, appelés tangues ! Ces petits hérissons réunionnais furetaient souvent la nuit dans notre jardin, et malheureusement pour eux, continuaient de constituer un mets de choix pour les locaux - nous préférions, pour notre part, les laisser vaquer librement dans la nature.
Chauve-souris, tangues, viande de braconnage, etc... Il paraissait évident qu'un nouvelle chaîne virale pouvait en mettre en place à tout moment sous nos yeux. Au plus fort du confinement, la vision glaçante d'une équipe de scientifiques, équipés de combinaisons étanches et collectant des roussettes issues de la colonie voisine, pour analyser leur sang, acheva de me convaincre de passer à l'action : profitant d'une chasse nocturne de notre Batsie, et après avoir vérifié que son nid était vide, je me décidais à en boucher l'entrée.

Il va de soi que l'espèce humaine est un fléau pour la Nature, et que personne n'échappe à la règle. Et inutile de se leurrer : nous en paierons tous le prix un jour ou l'autre. Était-ce la réponse à son éviction ? Quelques heures plus tard, une chauve-souris géante - non, ce n'était pas notre Batsie, mais sûrement un quelconque mâle dominant - me fonça dessus et me gratifia d'un jet, sur les pieds, d'une énorme déjection. Mystères de la Nature, en cette drôle de période de Co-Vid...


A national lockdown had finally been settled around mid-March 2020. I liked imagining it was kind of a one-month sentence for everybody, perhaps the last chance to think over our relation to Nature and to stop the unstoppable machine. It wasn't that much unpleasant: free time and quietness, daily naps among birds' peeps, reading (again) of the Camus' hot-topic La Peste or some Dino Buzzati's novels, new family's organization, new start, on healthy bases, with my loved ones, at least for a little while.
Even if it was pretty despairing to check again the famous French arrogance (of course, we were going to deal with that flue much better than our Italian neighbors), to see the daily mismanagement, contradictory decisions and significant unpreparedness of our leaders, a proper reality to any crisis in fact, and on the top of that, to hear their worst shameful lies ever (we don't have any masks and you won't need them), it was pretty reassuring to notice that humanism had still a place in our social democracies. The tenuous balance between liberty and health protection we could find there had nothing in common with the strong handling carried by most of the worldwide dictatorships or the criminal laissez-faire in alt-right populist countries. 
It was also pretty soothing to understand the way we were following. In his analysis The Hammer and the Dance, Tomas Pueyo had clearly showed, on a pretty positive, factual way, what would the mid-terms plans look like, till a vaccine campaign could be set : series of strong containments of the most contagious waves (the hammer), coupled with some continuous little adjustments to the virus' spread (the dance). 

The high distance between La Reunion and the mainland may often be seen as a disadvantage, the island is always behind schedule, or even worst - or better, according to one's mood - out of time. But for once, it turned into a real advantage, the late arrival of the virus, followed by the mid-March lockdown, saved us from the first wave. Despite a few critical cases, no death was reported and the crap seemed to stand away from us. Austral winter arrived on a virus-cleared island, everybody was ready to size any opportunities to celebrate and to forget the episode. 
Our forgiving little Batsie even came back and found a new nest in a hole under the same roof.

Un confinement national d'un mois avait finalement été décrété vers la mi-Mars. J'aimais me l'imaginer comme une sorte de condamnation généralisée décidée par Mère Nature. La dernière chance qu'Elle nous offrait pour réfléchir à notre rapport avec Elle et Lui offrir un peu de répit. Un moment qui ne fut pas déplaisant pour autant : temps libre, calme ambiant, pépiement des oiseaux, siestes quotidiennes, re-lectures de La Peste de Camus ou des nouvelles naturalistes de Dino Buzatti - on ne faisait pas mieux niveau actualités - et routine familiale ré-organisée. C'était, en quelque sorte, toute une organisation à repenser, presque un nouveau départ, sur des bases plus saines, avec ses proches... Ça allait durer et nous nous sentions prêts. La voie que nous étions en train de suivre était claire. Dans son analyse, Le Marteau et La Danse, Tomas Pueyo avait montré, d'une manière factuelle et assez optimiste, ce à quoi allait ressembler notre vie quotidienne à moyen terme, jusqu'à ce qu'un vaccin fût trouvé : une série de mesures de confinement fortes pendant les pics de contagions (le marteau), couplées à des ajustements moins liberticides en fonction la propagation du virus (la danse).
Même s'il était encore une fois particulièrement désespérant de constater la fameuse arrogance française - nous allions bien sûr bien mieux gérer cette épidémie que nos voisins italiens ne l'avaient fait - ou d'assister aux tergiversations, à l'impréparation et à l'incompétence notoire de nos dirigeants - une réalité propre à chaque crise finalement - et surtout, d'entendre leurs mensonges éhontés (personne n'avait besoin de masques !?) - il était plutôt rassurant de voir que l'humanisme avait encore toute sa place dans nos sociétés démocratiques. L'équilibre précaire entre les libertés individuelles et la protection des plus faibles qu'on y trouvait, n'avait rien de commun avec les différentes manières de gérer la pandémie à travers le monde : traitement brutal dans la plupart des dictatures, ou véritable laisser-faire criminel dans les pays dirigés par les nouveaux populistes de l'alt-right.

L'éloignement de la Réunion peut souvent être considéré comme un inconvénient, l'ile a pris l'habitude de suivre l'actualité mondiale avec détachement et un certain retard, voire pire - ou mieux selon son humeur - elle semble constamment décalée et hors du temps. Mais pour une fois, ce fut un réel avantage. L'arrivée tardive du virus, suivie par le confinement national - donc applicable localement - nous sauva de la première vague. Malgré quelques cas critiques, aucun décès ne fut signalé, et cette saloperie semblait vouloir se tenir à l'écart. L'hiver austral arriva donc sur une île libérée du virus, où tout le monde se sentait d'humeur festive et prêt à oublier l'épisode. Même notre petite Batsie, décidément prompte à pardonner, revint et se trouva un nouveau nid sous le toit de la varangue.


* Lewsberg's song
* Lewsberg pour le titre





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