REVEREND BEAT-MAN + BOB LOG III
01/03/2020 - Maloya Boat - Saint Paul's Bay, La Réunion
A first bacteriological attack to squash Western standards and economies ? The primitive hostility of the microscopic worlds, as an answer to the human pressure on nature? A banal human mistake in a secured laboratory ? Or, more basically, an unhappy confluence of natural events ? That amazing cocktail of paranoid feelings, junk eco explanation and Cartesian reaction followed the initial trauma and the morbide jubilation - I obviously knew such things would happen some days. It wasn’t an easy thing to give a sense to all that shit, indeed, as nonsense had been everywhere in this world for centuries. Darwinism adaptation and introduction of new routines in our daily lives seemed to be, so far, the only response to the absurdity of the situation.
Let’s come back to a far more interesting subject, a topic also talking about absurdity, but in such a good way : that late-February delightful Absürd x festival !
In the 90’s, he used to play in Lightning Beat-Man, a one-man-band dedicated to catchers’ games and in the Monsters. After a near-death experience, he met God, but declined Its invitation to Heaven and choose to come back to sing his own Beat-Man Way to the entire world - his love for rock’n’roll, alcohol, cigarettes, weeds and sexy gogo-dancers’ girls. He has performed as the Reverend, for the 20 following years, an explosive mixture of haunting blues, dirty 50’s beat, swampy garage punk, with sometimes some Swiss and Balkanian exotica in his yodeling guitar or some tasty modern Italian touch when he plays with Izobel Garcia.
Greetings from my little golden jail with my beloved family. There’s a war, said our President lately. Which one ? I just don’t know, but it’s going to be kind of a shitty time. See you soon, if we’re not turned into some zombies.
Une première vague d'attaques bactériologiques, destinée à anéantir nos modes de vie, et affaiblir nos économies occidentales ? L'hostilité primitive du monde microscopique, en réponse à une pression humaine, toujours plus forte, exercée sur la nature ? Une banale erreur humaine dans un laboratoire de Haute Sécurité ? Ou bien, plus basiquement, la convergence de plusieurs évènements naturels ? Ce drôle de cocktail de paranoïa, d'explications écologiques pour les nuls, et de réactions cartésiennes avait peu à peu évacué le traumatisme initial, ainsi que la jubilation morbide que j'avouais avoir éprouvée au début de la pandémie - n'était-il pas évident que ce genre chose allait arriver un jour ?
Il était quand même difficile d'apporter un sens à tout cela, mais finalement, le non-sens ne dirigeait-il pas le monde depuis la nuit des temps ? Une adaptation darwiniste et l'introduction de nouvelles routines semblaient être, pour l'heure, les seules réponses adéquates pour affronter l'absurdité de la situation.
Ce confinement strict en famille dans ma prison dorée me laissait en tout cas tout le loisir pour revenir sur un sujet hautement plus intéressant, qui, s'il parlait lui aussi d'absurdité, le faisait d'une bien belle manière : le festival Absürd Fest en février dernier !
Le gars de Mr Occhio, un one-man-band de garage italien installé à la Réunion, avait décidé d'organiser un festival qui réunirait les meilleurs projets solo qu'il avait croisés en tournée quelques années plus tôt : Bob Log III, Reverend Beat-Man, King Automatic et Mr Marcaille. Ils étaient tous programmés au Kabardock le 29 février, et les deux têtes d'affiche internationales embarqueraient également le lendemain sur le catamaran Le Maloya, pour un concert-croisière qui promettait d'être furieux, avec couché de soleil festif à la clef.
Mer d'huile, soleil étincelant et brise chaude du Nord... Les boucaniers des temps modernes et les pirates du coin - ils n'avaient pourtant pas l'air d'avoir trop le pied marin - s'étaient déplacés en masse, et après avoir investi le bateau et pris leur aise en balançant T-shirts et chaussures, avaient pris d'assaut le bar pour s'armer pour un concert rock'n'roll de trois heures au large des côtes réunionnaises.
Reverend Beat-Man avait ouvert le bal maritime en premier.
Dans les années 90, il avait monté deux projets musicaux distincts : un one-man-band, Lightning Beat-Man, avec un univers visuel tournant autour du catch, et un groupe de garage punk suisse, les incontournables Monsters.
Il est dit que c'est après avoir frôlé la mort qu'il rencontra Dieu, mais qu'en tant que bon rocker, il déclina Son invitation vers le Paradis et choisit de revenir sur Terre pour chanter au monde entier les louanges de son propre Beat-Man Way - son amour pour le rock'n'roll, l'alcool, les cigarettes, la weed et toutes ces gogo-danseuses sexy. Le Reverend était né, et cela faisait désormais vingt ans qu'il nous assénait son mélange explosif de blues trashy et envoûtant, de rythmes 50's cradingues, de garage rampant, avec parfois quelques plongées détonnantes dans l'exotica des Balkans, le yodel des Alpes, ou dans la modernité italienne lorsqu'il jouait avec Izobel Garcia.
Un prêcheur folklorique, donc, avec un paquet d'albums sortis sur son propre label, Voodoo Rhythm, plus quelques pépites sur le label frère Squoodge Records, qui continuait encore à tourner et à assurer des concerts plus que sauvages.
C'était sur un festival organisé par les Loud Mufflers au début des années 2000 que je l'avais découvert pour la première fois, en compagnie de King Khan & the Shrines et de Fifty Foot Combo. Une révélation ! D'autres concerts ont suivi, mais une même question m'a toujours taraudé : était-il un réel révérend, ou un habile imposteur ?
On était tenté de répondre par l'affirmative si l'on prenait en compte la province germano-suisse de laquelle il venait, ses costumes de scène, les paroles de ses chansons, traitant majoritairement de Jesus, ses gospels et ses sermons passionnés, la perversité affichée lorsqu'il posait avec des filles sur ses albums - l'attitude du pasteur Robert Mitchum dans la Nuit du Chasseur n'était pas très loin. Sa voix caverneuse et virile collait parfaitement à l'idée qu'on pouvait se faire d'un prêcheur. Et puis, dernier point, et pas des moindres, cette touchante fidélité envers sa famille - je pouvais bien sûr me tromper sur ce point, mais j'avais déjà rencontré quelques très belles femmes qui lui avaient proposé le mariage... Un croix bien lourde à porter en effet.
Un peu pareil que pour Reverend Beat-Man, cela faisait vingt-cinq ans que Bob Log III donnait des concerts, tournait à l'international, et enregistrait des disques sur de grands labels (Sympathy For the Records Industry, Fat Possum, Corduroy…).
Bob Log III, one-man-band australien, semblait aussi disposer d'un fan-club conséquent de jolies demoiselles. En tout cas, il avait le truc pour faire danser les filles ! Étaient-ce son kitchissime costume à paillette d'homme-canon et son casque moto, customisé de façon artisanal, avec ce vieux combiné téléphonique intégré en guise de micro ? Les rythmiques hyper dansantes et les effets de guitare slide de ses morceaux, à la croisée d'un garage foutraque et d'une disco funky et crade ? Ou bien cette touche de folie délirante proche du Benny Hill Theme ? Quoi qu'il en fût, le concert tournait en un joyeux bordel, rarement vu pour ma part, partout sur le bateau... Un gros canard jaune gonflable, rempli de vin mousseux, passait de bouche en bouche - cette merde de virus n'était pas encore arrivée à la Réunion -, les ballons de baudruches virevoltaient de partout avant d'exploser sous les pieds du musiciens, les rockers locaux dansaient avec le drapeau à tête de mort du catamaran, les filles expérimentaient à tour de rôle la fameuse chevauchée sauvage sur les genoux de Bob Log III... Torride !
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