The Australian East Coast was clearly waiting for us ! The long-planned road trip had been properly fixed, the long-awaited journey would drive us from Melbourne to Brisbane, via Sydney, without forgetting Byron Bay, the dreamy place celebrated for its life's style (and surf sessions) by the Happy Drivers x, the hometown top band of my teen years... Of course, the travel would mainly be one of those familial thing with the kids, you know, kangaroos' farms, postcards of fairy penguins and koalas, Sydney's theater, etc... but no doubt I would manage to catch a few punk, garage or post-punk bands among the dozens of compulsory ones hanging around there, and at long last, check some of their wild shows !
Plus que quelques mois à attendre ! Cette virée sur la côte Est de l'Australie, planifiée de longue date et prévue pour l'hiver austral, devait nous mener de Melbourne à Brisbane, en passant par Sydney. Sans oublier Byron Bay et son fameux triptyque soleil/surf/amour, dont on allait enfin vérifier si il n'était pas qu'un vieux fantasme résiduel d'une adolescence angevine passée à écouter en boucle les K7 des Happy Drivers. Do You Remember, Byron Bay ? Do You Remember Those Shiny Days ? Tout un art de vivre, en effet...
Alors bien sûr, ce voyage allait être un truc du genre familial, avec son lot de photos touristiques du théâtre de Sydney, de cartes postales de koalas et de fermes de kangourous, et de discours dégoulinant d'humanisme sur les Aborigènes massacrés quelques siècles plus tôt... Mais il y aurait surtout ces soirées prometteuses, pendant lesquelles je m'éclipserais pour assister - enfin ! - à quelques-uns des concerts des meilleurs groupes garage ou post-punk de la prolifique scène punk australienne.
This damned sanitary crisis sadly put an end to the project, and with the Zero-Covid policy of the Aussie government, it was easy to figure that a long time would then pass before we could step down the continent-country. Extending that thought further on, even if nobody should claim to be a Nosrockdamus' fortune-teller, we could also wonder if all those events weren't going to undermine the background efforts of the punk activists to export all their amazing Australian bands, and if we would ever have the chance to see them play someday in our Western countries. A serious break-up to the prevailing Aussie punk tsunami ? (And yes, tsunami is the adequate word, who can deny they've been winning the pot for at least a full decade ?).
Cette saloperie de crise sanitaire mit un coup d'arrêt final à notre projet, et avec la politique Zéro Co-Vid du gouvernement australien, un long moment allait s'écouler avant que l'on pût poser un pied sur le pays-continent. En poussant le raisonnement plus loin, on pouvait même se demander si tous ces évènements n'allaient pas miner pour longtemps les efforts des activistes du punk australien, pour promouvoir leurs groupes, et si nous aurions encore la chance de les voir jouer un jour dans nos contrées. La fin du tsunami du punk Made In Australia ?
The screwed-up holidays' plans didn't weigh that much regarding the global situation in the mainland and the rest of the world. Even if insularity had ever seemed to me pretty burdensome, there wasn't a much better place than La Reunion to spend the Austral winter. The whole family remained on the island and we settled down a few days in a typical, charming, Creole village called L'Entre-Deux, a peaceful place between mountains and sea. The little city's name, that could be translated in Between the Twos, seemed to underline the tenuous quietness of the moment between two stressful threats, between two virus' waves.
L'annulation de notre virée australienne, bien que fâcheuse, ne pesait pourtant pas bien lourd au regard de la catastrophe sanitaire à l'échelle mondiale. Nous pouvions même nous estimer plutôt chanceux de vivre dans notre prison dorée : en effet, à la fin du confinement au mois de mai, notre île était libérée de tout virus, et allait rester fermée à l'extérieur pour un long moment afin d'éviter tout rebond épidémique. Si l'insularité de La Réunion nous avait toujours parue pesante, nous étions cette fois convaincus qu'il n'existait pas de meilleur endroit où passer cette drôle de période. Une saison insolite et hors du temps s'annonçait.
A weirdos, out-of-time period... At the end of the lockdown in May, our Covid-free island looked like a golden jail, shaped by both self-resignation and a festive atmosphere. The euphoria of a restored freedom didn't escape to the local punk bands, which all quickly followed the urgent call for some shows, as if they hadn't played for years, or maybe, as if they weren't going to play again before long. After two months, most of the local rock'n'roll combos played again a few shows : Mr Occhio, Pamplemousse, Holy Soul, Kilkil, Tuelipe, Mothra Slapping Orchestra, Pluto Crevé, MonOi, Pamela & the Andersons, Tukatukas...
On early evenings, the Vavang'Art x was our spot there: pool table and soccer games for the kids, local IPA for the parents, vegan food and homemade juice, and many arty workshops : bikes' repairing, recycling and sewing shops, theater sessions, small library, gigs' stage, etc... The serene place was handled by a jovial hippie/hipster mix-comunity with a DIY spirit, and reminded me the self-managed autonomous places I experimented in East Berlin in the 90's. It was pretty surprising to find such a place in such a lost village.
Avec le retour des libertés, la résilience populaire avait rapidement laissé la place à une atmosphère festive, d'une intensité rarement vue. L'euphorie générale avait également gagné la petite communauté punk réunionnaise, et après seulement deux mois, l'ensemble des groupes locaux (Mr Occhio, Pamplemousse, Holy Soul, Kilkil, Tuelipe, Mothra Slapping Orchestra, Pluto Crevé, MonOi, Pamela & the Andersons, Tukatukas...) s'étaient tous succédés, à un rythme effréné, sur toutes les scènes de l'île, comme s'ils n'avaient pas eu l'occasion de jouer depuis des années, ou qu'ils n'allaient pouvoir le refaire avant longtemps.
Nous avions posé nos valises quelques jours dans un village typiquement créole, perdu entre la mer et la montagne : L'Entre-Deux. Le nom semblait vouloir souligner l'équilibre précaire de cette période. Entre deux menaces... Entre deux vagues de contaminations...
Nous avions pris l'habitude de passer nos soirées au Vavang'Art. L'endroit, particulièrement intrigant, ressemblait à ces lieux alter-mondialistes et auto-gérés qu'on trouvait partout dans le Berlin-Est des années 90 : calme et agréable, géré par une bande éclectique, et joyeuse, de hipsters et de néo-hippies, dans une ambiance DIY - présence de nombreux ateliers d'artistes (réparations de bicyclettes, salon de couture, cours de théâtre, bibliothèque, scène pour les concerts, bar/restaurant avec repas vegan, etc...) - avec en prime quelques tables de billard et de baby-foot pour occuper les enfants et de l'IPA locale pour désaltérer les adultes. Que demander de plus ? Des concerts peut-être ?
TUKATUKAS - the 24th of July 2020 - VAVANG'ART - L'Entre-Deux
TUKATUKAS - 24 Juillet 2020 - VAVANG'ART - L'Entre-Deux
Tukatukas x. Those damned stubborn clichés, you know... I had ever thought that Tukatukas was another crusty punk band, with a dirty-punx-with-dogs' audience, playing the kind of metal punk music I obviously disliked, and so, during my twelve years stay on the island, I had never felt like digging their sound. Till I caught one of their show, by accident, that night of July 2020, at the Vavang'Art, in L'Entre-Deux...
Tukatukas... J'avais toujours imaginé que ce groupe jouait du punk/métal ou du crust. Enfin, de toute évidence, un truc de punk à chiens qui ne pouvait que me déplaire, et j'avais soigneusement réussi à éviter leurs concerts en douze ans de présence sur l'île. Hasard de la vie, leur concert au Vavang'Art, lors de nos vacances à L'Entre-Deux, allait battre en brèche ce cliché.
The show was really powerful. The ambiance was festive, the punk disorder aspect was funny and the drunk pirates' audience chaky. They sounded much better than expected, the fast saxo parts were giving a strong robustness to the songs (Les Kargols without the ska touch), the low-tone female vocals had an aggressive« punk as fuck » side (think Scattergun, Pestpocken...), and the sound of the Brittany hardcore punk school wasn't that far (Mass Murderers, NCA, Melmor...). Not a huge surprise then to check later that Mass Production x had released their two Cds albums (co-prod with the local label Maudit Tangue Rec x for the second one). To get an idea of their sound, check the so-accurate, up-to-date song called the Mask x (by the way, nobody had one that night, freedom, freedom, on a Covid-free island...), released on the 2015's compilation Maudit Tangue 2. Additional information on the band : the singer of the 80's French band Les Rats (yes, the one singing the song Kheops Sur Seine !) moved to Reunion island in the noughties and had been the first guitarist of Tukatukas for a long while. Tequila !
Oui, leur concert débordait d'énergie, l'ambiance était festive et remuante, en mode 'bordel punk' généralisé et aviné. Amusant. Leur son était bien meilleur que ce à quoi on pouvait s'attendre : morceaux charpentés avec robustesse par un saxo dont l'emploi rappelait celui des Kargols (avec la touche ska en moins), voix très grave et agressive de la chanteuse, avec un côté 'Punk As Fuck' à la Scattergun ou Pestpocken, et un son punk hardcore, typiquement breton (Mass Murderers, NCA, Melmor...). Pas étonnant du coup que les Tukatukas aient été signés par Mass Production pour leurs deux premiers albums Cd (en co-production avec Maudit Tangue Records pour le second).
Pour se faire une idée de leur son, on pourra écouter le morceau The Mask, au nom plutôt évocateur, en lien direct avec l'actualité, même si le titre est sorti en 2015 sur la compilation Maudit Tangue 2 (d'ailleurs, ce soir-là, personne n'en portait, de masques... Liberté, liberté, sur une île débarrassée de la Co-Vid).
Information supplémentaire qui intéressera peut-être les fans de punk français des années 80 : le chanteur des Rats (oui, oui, le chanteur du génial Kheops/Seine), après son arrivée sur l'île de la Réunion, fut longtemps le premier guitariste du groupe Tukatukas. Tequila!
A little anecdote to end up with that review? At the end of the show, many people suddenly looked at me with amazement : two dogs - not allowed in the place, of course - vigorously jumped on me! What the hell were my two brave ones doing there ? They had managed to escape the house, to run across the whole village, to break through the door and to find the beloved leader of their pack in the audience! A bit ashamed, I left the place and took them back home. So, who was the punk with dogs ?
Une petite anecdote pour finir cette chronique-concert ? Gros moment de solitude pour moi à la fin du concert, lorsque deux chiens - interdits dans les lieux bien sûr - me sautèrent dessus, à la vue de tous, avec cette joie indescriptible du chien qui retrouve son maître... Mais qu'est-ce qu'ils foutaient là, ces deux abrutis? Ils avaient tout simplement réussi à s'échapper de la location, avaient traversé tout le village, s'étaient faufilés par l'entrée de la salle, et avaient enfin retrouvé leur chef de meute adoré au milieu de la foule... Je quittais, un peu honteusement, les lieux avec eux. Au final, il y en avait quand même eu un, de punk à chiens.
* The Mask : song by Tukatukas
* The Mask : chanson de Tukatukas