samedi 28 septembre 2024

Gigs' Review : Les 20 ans de La Face Cachée - Prologue : Ça Gaze à Metz ? - Les Trinitaires, 14 Juin 2024, Metz



Centre Pompidou-Metz


Darkness was gradually covering the cloister of the former Carmelite convent of les Trinitaires with its lovely spring veil. The evening was shaping up to be a promising time. The beer was already flowing freely, and amidst the hubbub of rockers of all ages and from every chapel, the Deejay was stringing together a few tracks by Warum JoeSteve & the Jerks and the Ol'Cunts. These were all heartfelt winks to the members of Frustration x, who were present that night, and whose main occupation for the moment was to offer a few kind words to each of their acquaintances. Through the wisps of smoke from a brazier on which a few appetizing sausages and merguez were grilling, reminiscent of the conviviality of the workers' parties of yesteryear, my friend Sam couldn't resist tossing me his quip: “It looks like a union's party. Be careful, CGT is watching you!'' I burst out laughing. 
The pleasure of meeting him again... Two years had passed since our last reunion x. We'd just spent most of the afternoon sitting down to our beers on the terrace of the little Messin bar on the Jeanne d'Arc place - a pleasant, confidential spot - smiling ear to ear, happily chatting about our respective lives, and joking about a highly charged political situation, while the echoes of the evening's bands' sound check were coming in from the neighborhood. And among the thousand subjects we discussed, there was that ridiculous controversy I'd got myself into with the management of our leftist union.

L'obscurité recouvrait progressivement de son voile printanier le cloître de l'ancien couvent carmélite des Trinitaires. La soirée s'annonçait prometteuse. La bière coulait déjà à flot, et dans le brouhaha de rockeurs de tous âges et de toutes les chapelles, le Deejay enchaînait les titres de Warum JoeSteve & the Jerks et autres Ol'Cunts. Autant de clins d'oeil appuyés aux membres de Frustration x, présents ce soir-là, et dont l'occupation principale était pour le moment d'offrir quelques bons mots à chacune de leurs connaissances. À travers les volutes de fumées d'un brasero sur lequel grillaient quelques saucisses et merguez appétissantes et rappelant la convivialité des fêtes ouvrières d'antan, mon ami Sam n'avait pas résisté à me lancer sa boutade : ''On se croirait à une réunion de section... La CGT te poursuit !''. J'avais éclaté de rire. 
Plaisir des retrouvailles... Deux années s'étaient écoulées depuis notre dernière rencontre x. Nous avions donc passé la majeure partie de l'après-midi attablés devant nos bières sur la terrasse du petit bar messin de la place Jeanne d'Arc - agréable et confidentielle - à deviser, le sourire accroché jusqu'aux oreilles, de nos vies respectives, et à plaisanter sur une actualité géopolitique des plus chargées, tandis que nous parvenaient du voisinage l'écho des balances des groupes programmés dans la soirée. Et parmi les mille sujets abordés, il y avait eu celui de cette polémique ridicule dans laquelle je m'étais enferré avec la direction de notre syndicat.


(/!\ Political shit's following below, you're allowed to jump further down to the last subsection!)

The case was dating back from the previous March, when a CGT leader from a North-France section was given a suspended sentence for having uttered, the day after October the 07th, a few remarks excusing the massacres of Israeli civilians. This mild-mannered trade unionist, whose social commitment could hardly be denied, had nevertheless just joined with this heavy speech the sad family of militants who inevitably ended up supporting the most despicable causes. The dustbins of history were full of that kind of people: the same ones had once approved the liquidation of Catalan anarchists, applauded the signing of the Ribbentrop-Molotov pact, supported Soviet tanks in Budapest, seen a CIA plot behind the Euromaïdan revolution; the same ones were still dreaming of themselves as the new Robespierre, ready to settle their score definitively with all those petty bourgeois “social traitors”; the same ones were always ready to trade individual freedoms for a collective pseudo-equality... And finally, the same ones were now going so far as to praise the “resistance” of Islamist cutthroats in the face of a “Zionist” people, inevitably fascist, manipulative, genocidal and as hated by them as was the triumphant capitalism of its American godfather.
Thus, the conviction for the glorification of such a terrorist act was amply justified. That was why the outcry from various federations, mobilized in support of that “comrade”, irritated me all the more. The e-mail I had sent to my CGT's National Board had been incendiary.
This was a futile spat, for sure... Syndicalism having long since lost its lustre, it was no longer the time for unions to hurl anathemas against the deviance of some of their rare members. One of my friends from the National Board even felt obliged to defend my case to his alter egos, who were no doubt surprised to learn that someone was still reading their communications. Then this story was swept away by the winds of a rather gloomy political situation: right-wing populist surge and perilous legislative elections, hypocritical détente with a view to a new “Republican front”, etc....
Even if he didn't necessarily share my point of view, my story amused my friend Sam. He recognized his old fool friend behind this ridiculous polemic. And that was perhaps the key to our long-standing friendship and our unfiltered discussions: knowing how to make fun of heated debates and defuse tense subjects with humor.

(/!\ Réflexions politiques très personnelles ci-dessous, vous avez l'autorisation de sauter tout de suite vers le dernier paragraphe).

L'affaire remontait au mois de mars précédent, lorsqu'un dirigeant cégétiste du Nord avait été condamné à du sursis pour avoir ânonné, dès le lendemain du 07 octobre, des propos excusant les massacres de civils israéliens. Ce syndicaliste à l'air débonnaire, et dont on pouvait difficilement nier l'engagement social, venait pourtant de rejoindre cette triste famille des militants qui finissaient immanquablement par soutenir les causes les plus abjectes. Les poubelles de l'Histoire en regorgeaient : les mêmes avaient approuvé, en d'autres temps, la liquidation des anarchistes catalans, applaudi à la signature du pacte Ribbentrop-Molotov, soutenu les chars soviétiques à Budapest, vu un complot de la CIA derrière l'Euromaïdan; les mêmes se rêvaient en nouveau Robespierre réglant définitivement leur compte à tous ces petits bourgeois de ''sociaux-traîtres''; les mêmes se tenaient toujours prêts à troquer les libertés individuelles pour une pseudo-égalité collective... Les mêmes, enfin, poussaient désormais l'ignominie jusqu'à louer la ''résistance'' des égorgeurs islamistes face à un peuple ''sioniste'', forcément fasciste, manipulateur, génocidaire et aussi honni par eux que ne l'était le capitalisme triomphant de son parrain américain.
Bref... La condamnation pour apologie du terrorisme me semblait amplement justifiée. La levée de boucliers des diverses fédérations du syndicat, mobilisées pour soutenir le ''camarade'' condamné, m'irrita d'autant plus. Le mail que j'avais fait parvenir à mon Bureau National avait été incendiaire.
Prise de bec futile, certes... Le syndicalisme ayant depuis longtemps perdu de sa superbe, l'heure n'était plus aux anathèmes lancés contre la déviance de certains de ses rares adhérents. Un de mes ami, secrétaire au Bureau National, s'était même senti obligé de défendre mon cas auprès de ses alter egos qui avaient, par ailleurs, sans doute été surpris d'apprendre que quelqu'un lisait encore leurs communications. Puis cette histoire avait été balayée par le vent d'une l'actualité politique plutôt sombre : montée du populisme d'extrême-droite, élections législatives périlleuses, détente (hypocrite) à gauche en vue d'un nouveau ''front républicain'', etc...
Même s'il ne partageait pas forcément mon point de vue, mon histoire avait amusé mon ami Sam. Il reconnaissait bien là, derrière cette polémique dérisoire, son vieil imbécile de pote. Et elle était peut-être là, la recette de notre amitié au long cours et de nos discussions sans filtre: savoir tourner en dérision des débats passionnés et désamorcer avec humour les sujets de tension.


Anyway... We were happily standing there, in the middle of the cloister of les Trinitaires, surrounded by that delightfully popular atmosphere. To celebrate twenty years of rock'n'roll activism in Metz, the record store La Face Cachée was pulling out all the stops: the majestic venue was offering two stages and two distinct ambiances, allowing a seamless succession of bands - a vast neo-gothic chapel that could accommodate the headliners and a more confidential cellar, dedicated to more underground and artisanal combos - and above all, the carefully-crafted musical program, both eclectic and cutting-edge, was featuring contemporary post-punk in all its variations (arty-punk, cold-wave, indus, synth-punk, egg-punk, kraut-rock, etc.). Yes, the evening was indeed shaping up to be a promising time. 

Bref... Nous nous tenions donc là, heureux, au milieu de ce cloître des Trinitaires à l'atmosphère délicieusement populaire. Pour fêter vingt années d'activisme dans le milieu du rock'n'roll messin, la boutique de disques La Face Cachée avait organisé les choses en grand : le lieu, majestueux, proposait aussi deux scènes aux ambiances distinctes, permettant un enchaînement sans temps mort des groupes - une vaste chapelle néo-gothique pouvant accueillir les têtes d'affiche et un caveau, plus confidentiel, dédié à des combos plus souterrains et plus artisanaux. Quant à la programmation musicale, aux petits oignons, à la fois éclectique et pointue, elle mettait à l'honneur le post-punk contemporain dans toutes ses variations (arty-punk, cold-wave, indus, synth-punk, egg-punk, krautrock, etc...). Oui, la soirée s'annonçait décidément prometteuse. 





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